Source : Middle East Eye, le 17 août 2022 - Salah Hamouri
Prison d'Ofer (Israël), juillet 2022
Jusqu'à quand resterons-nous des chiffres ? Pendant 21 ans, j'ai porté le matricule 1124052. Aujourd'hui encore, c'est par ce numéro que les « services pénitentiaires israéliens » définissent qui je suis. Un numéro qui me colle à la peau depuis ma première détention alors que j'étais encore un enfant, en 2001.
Pour ceux d'entre nous qui avons été arrêtés plusieurs fois, ce numéro est devenu une sorte de code-barres. Il nous donne le sentiment de n'être rien de plus que des marchandises pour prisons. Des produits humains destinés à être consommés à chaque nouvel interrogatoire et dans chaque centre de détention, en temps de guerre ou en temps de paix, avant la « guerre froide » et après la guerre d'usure, pendant Oslo et après l'Intifada (soulèvement).
Cette marchandise humaine des prisons demeure le seul invariant de cette équation, ne connaissant pas de date d'expiration.
L'occupation ne nous considère pas, ni ne nous traite, comme des êtres humains ayant le droit de vivre comme le fait toute personne libre. Au lieu de cela, elle fait tout ce qu'elle peut pour étouffer la pseudo-vie que nous, Palestiniens, menons hors des murs de la prison.
Nous devons arracher de petits moments de vie et de joie entre chaque passage en détention, tout en ayant à craindre la joie et la stabilité éphémères de nos vies. Par peur du prochain choc qui va nous frapper, et des déceptions, nous n'avons plus le courage de planifier un avenir toujours plus lointain. Une anxiété et une instabilité pèsent sur nous et sur tous ceux qui nous entourent.
Par une certaine ironie du destin, nos rêves grandissent et se subliment à l'instant même où nous pénétrons la prison. Nous regrettons tout d'abord chaque moment de bonheur et de joie dont nous n'avons pas profité alors que nous étions dans le monde de la liberté.
Par la suite, nos rêves commencent à s'entrecroiser avec le souvenir du monde laissé derrière nous. Et nous nous prenons à imaginer qu'à notre libération, ces rêves éveillés qui nous habitent finiront par se mêler au monde tel que nous l'avons quitté.
La seule explication possible à ce phénomène est que, pour nous, le monde s'est arrêté au moment-même où nous avons été enfermés. Ainsi, nous nous construisons des mondes imaginaires, une réalité faite de rêves.
Ce qu'il y a de plus douloureux et de plus difficile malgré tout, c'est de savoir qu'aussi grands soient nos rêves, notre existence, elle, se rétrécit. Nos rêves de liberté - épouse, familles et amis -se heurtent à une évidence amère.
Alors nous réalisons que l'aspiration du prisonnier se limite à ce que l'un de nous soit oublié cinq minutes par le gardien au moment de la fermeture de 18 heures, ou entende furtivement une chanson à la radio lui évoquant le souvenir des beaux jours passés par-delà les murs de la prison.
La prison est le pire endroit qui soit pour un être humain, un endroit qui ne ressemble à nul autre. Elle nous brise et broie nos rêves, nos aspirations et nos espoirs tout comme une olive est broyée dans le pressoir à olives.
Le sentiment le plus exécrable, c'est la condition d'attente, magnifiée à l'intérieur de la prison. L'usure progressive de l'esprit en prison est semblable à la manière dont le réchauffement climatique épuise la Terre à l'extérieur de l'environnement carcéral.
Et cependant, la question qui me taraude ces jours-ci est la suivante : si je me sens si mal dans cet état d'attente - alors qu'à quelques kilomètres seulement, se trouvent ma patrie, ma liberté et ma ville, Jérusalem -, alors à quoi ressemblerait l'attente si je devais accepter d'être exilé loin de chez moi ?
Je sais que l'amour d'une patrie est un amour à sens unique, qui n'apporte que peine, douleur et perte.
Il m'a volé les plus belles années de ma vie, il m'a volé mon adolescence, ma jeunesse, et m'a forcé à vieillir beaucoup trop vite. Malgré tout cela, j'adore ma patrie, tout en sachant parfaitement que, même en lui donnant tout, elle demandera encore : « Que peux-tu donner de plus ? ».
C'est une équation perdante selon les calculs que font la plupart des gens, et je le comprends. Mais pour moi, la vraie vie n'est pas d'attendre à la gare que le train de la liberté parvienne jusqu'à nous. La vraie vie est d'être dans le train lui-même, peu importe le sacrifice.
Source : Communiqué de l'AFPS, le 6 novembre 2020 - Le Bureau national de l'AFPS
La pandémie occupe tous les esprits et le monde regarde vers les États-Unis. Netanyahou, lui, garde sa ligne de conduite : annexer toujours plus de terre en Cisjordanie par sa politique de fait accompli. Le 3 novembre, c'est à la destruction du village bédouin de Humsa al-Fuqa dans la vallée du Jourdain que s'est livrée l'armée d'occupation israélienne. Ce sont les habitats précaires de 74 personnes dont 41 enfants qui ont été détruits. Rien n'a été laissé debout, ni les réserves d'eau, ni les toilettes, ni les structures destinés à l'élevage. Au milieu des débris : des lits de bébé, de la nourriture pour animaux et les membres de cette communauté bédouine tentant, sous la pluie, de récupérer quelques modestes effets.
Depuis le début de l'année 2020, Israël a détruit plus de 670 structures palestiniennes et privé de toit 869 Palestiniens. Un rythme qui dépasse le triste record de 2016. La destruction de propriétés dans des territoires occupés est une violation du droit international humanitaire tout comme le déplacement forcé de populations est un crime de guerre. Ce n'est pas ce qui arrête Israël et c'est bien à ces faits criminels que s'est livré Israël le 3 novembre dans la vallée du Jourdain.
Tous les jours, du nord au sud de la Palestine occupée en passant par Jérusalem-Est, Israël détruit des biens palestiniens et confisque des terres. La divulgation du plan Trump et l'annonce du projet d'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies ont été accompagnées d'une accélération de ces faits. La pandémie n'a pas arrêté Israël, bien au contraire, l'absence d'observateurs internationaux lui a laissé le champ libre. Ce qui s'est passé le 3 novembre est particulièrement grave : c'est la plus importante destruction d'habitations depuis 10 ans dans la vallée du Jourdain.
Israël a transformé la vallée du Jourdain en zone militaire où les Palestiniens - et particulièrement les populations bédouines - sont privés des droits élémentaires : droit à l'éducation, à la santé, à se déplacer, à pratiquer son mode de vie. Une zone de non droit, où les colons israéliens s'emparent en toute impunité des biens palestiniens : trois colonies sauvages ont été implantées récemment dans ce secteur.
Et en ce qui concerne les populations bédouines palestiniennes, elles sont ciblées par Israël où qu'elles se trouvent : à l'Est de Jérusalem, au Sud d'Hébron, dans la vallée du Jourdain et également dans le Naqab/Neguev en Israël. Leurs habitats sont partout détruits ou menacées de destruction. Les écoles pour leurs enfants sont partout détruites ou menacées de destruction, ils sont privés de ressources. Ce qui s'est passé le 3 novembre à Humsa al-Fuqa est emblématique de la politique de nettoyage ethnique pratiquée par Israël depuis plus de 70 ans envers les Palestiniens.
Tout en laissant croire, aux « naïfs » qui veulent bien se laisser abuser, qu'il a suspendu ses projets, c'est bien sa politique d'annexion que poursuit Netanyahou. Récupérer toujours plus de terre avec le moins de Palestiniens possible, telle est sa ligne de conduite. Pour y parvenir, une méthode, rendre la vie des Palestiniens impossible pour les forcer à partir.
L'Union européenne a qualifié de regrettables ces démolitions et a demandé à Israël d'y mettre fin. Peut-on imaginer un instant que ces propos, dont le ton est totalement décalé par rapport à la réalité du terrain, vont impressionner un premier ministre israélien qui ne connaît que la force ? Seules des sanctions pourront arrêter Netanyahou. L'Union européenne doit suspendre son accord d'association avec Israël et mettre fin à toute coopération militaire et sécuritaire tant que cet État ne respectera pas le droit international et le droit humanitaire. L'AFPS demande à la France de peser de tout son poids dans ce sens.
Source : Républicain Lorrain, le 11 janvier 2020 - S.B.
Source : Ma'an News Agency (arabe), le 2 juin 2018 - Traduction : Moncef Chahed
Elle a porté assistance à deux blessés et elle est revenue pour sauver le troisième qui se trouvait à une vingtaine de mètres de la clôture de la frontière, elle portait une blouse blanche avec l'insigne médical et levait ses mains bien haut, mais malgré ça un sniper de l'armée de l'occupation l'a visée volontairement et l'a touchée mortellement alors qu'elle accomplissait son devoir humanitaire.
Elle, c'est Razan Achraf Al-Najjar, une jeune infirmière de 21 ans, bénévole dans l'organisation de secours médical, qui se trouvait dans le camp du retour à l'est de Khaza'a depuis le 30 mars dernier, en première ligne pour apporter les premiers soins aux blessés.
Tous les habitants de Khaza'a sont sortis pour un dernier Adieu à Razan, qui a été blessée à plusieurs reprises, et plus récemment à la main et qui a refusé de s'absenter pour se faire soigner, elle a pris juste une courte pause avant de revenir pour sauver un troisième blessé, mais un tireur d'élite de l'armée de l'occupation a décidé de mettre fin à sa vie et à son engagement en lui tirant une balle dans le dos.
Un état de deuil et de tristesse a frappé le visage de ses compagnons bénévoles dans le travail humanitaire qui accompagne le cortège, qui, fidèles au message de Razan, soulignent que l'occupation ne réussira pas à les dissuader de continuer à apporter un secours humanitaire et bénévole aux blessés.
Le père de Razan a condamné le crime de l'occupation, et a présenté aux journalistes la blouse blanche tachée de sang que portait sa fille, en disant : "Voici l'arme que portait Razan, des bandages et de la gaze pour aider les blessés".
Une jeune volontaire Rada al-Najjar a dit que Razan était dans les premiers rangs des volontaires, notant qu'ils ne s'attendaient pas à ce qu'elle soit ciblée directement, d'autant plus qu'elle portait un uniforme qui l'identifie comme personnel de secours.
Razan a été assassinée de sang froid, quel que soit le badge médical qu'elle portait: "Son message était humanitaire, mais l'occupation a décidé de la tuer de sang-froid", a ajouté sa famille qui a exigé l'ouverture d'une enquête.
Source : Appel du Collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens, le 7 mai 2018 - Signataires du CNPJDPI
70 ans après la Nakba, processus délibéré et planifié d'expulsion des Palestiniens de leurs villes, de leurs villages, de leurs terres qui s'est poursuivi tout au long de l'année 1948, rien n'est réglé pour le peuple palestinien. L'État d'Israël continue à nier ses droits et poursuit méthodiquement sa politique de dépossession, de colonisation et d'occupation, ainsi que le maintien de la Bande de Gaza sous un blocus illégal et inhumain.
Par les « marches du retour » qui ont commencé à Gaza le 30 mars, le peuple palestinien ne fait qu'affirmer son existence et sa volonté de voir ses droits enfin reconnus. Il a fait le choix de la résistance pacifique et non armée, et revendique le simple respect de ses droits.
A ces manifestations pacifiques, l'armée israélienne oppose des tirs à balles réelles, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés dont un grand nombre resteront handicapés à vie : ce sont des crimes de guerre qui sont ainsi commis, de sang-froid, par L'État d'Israël.
A l'approche du 15 mai, la journée de commémoration de la Nakba, et de la provocation des États-Unis qui vont inaugurer le 14 mai leur ambassade déplacée à Jérusalem, les manifestations palestiniennes vont encore s'intensifier. Ce sont de nouveaux massacres qui s'annoncent si nous n'arrivons pas à arrêter le gouvernement israélien qui a jusqu'à présent profité d'une impunité totale.
Nous appelons nos concitoyens à se mobiliser pour :
- le soutien aux « marches du retour » palestiniennes, à la résistance dont elles témoignent et aux revendications qu'elles portent, dans le respect des résolutions de l'ONU,
- l'exigence d'une protection internationale du peuple palestinien et de sanctions contre Israël, et d'une action forte et publique du gouvernement français et du président de la République dans ce sens,
- la levée immédiate du blocus de Gaza,
- le respect du droit international et le refus des faits accomplis, notamment pour Jérusalem,
- la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens et la protection des défenseurs palestiniens des droits de l'Homme.
Halte aux massacres.
Levée immédiate du blocus de Gaza.
Protection du peuple palestinien et sanctions contre Israël.
Respect des droits du peuple palestinien et soutien aux « marches du retour »
Source : Communiqué de l'AFPS, le 14 février 2018 - Le Bureau national de l'AFPS
Le 13 février des diplomates européens, des journalistes du monde entier ont été chassés du tribunal militaire israélien où comparaissait la jeune Ahed Tamimi. Israël ne veut plus de témoin de ses violations permanentes des droits humains.
Mardi 13 février, la jeune palestinienne Ahed Tamimi, arrêtée le 19 décembre pour avoir giflé et bousculé un soldat, a été maintenue en prison en l'attente d'une nouvelle comparution le 11 mars, au terme d'un huis clos imposé par le procureur militaire contre sa volonté et celle de ses parents. Des journalistes du monde entier, des représentants de l'Union européenne et de pays européens étaient présents mais aucun d'entre eux n'aura pu assister au « procès ».
L'État d'Israël ne veut plus de témoin : il enferme ceux qui résistent, il interdit d'accès à la Palestine ceux qui pourraient dénoncer, il chasse des tribunaux ceux qui pourraient témoigner. Mais de quoi cet État qui viole tous les jours le droit international et les droits humains a-t-il donc peur ?
L'élan de solidarité envers l'injustice faite à Ahed face au scandale qu'a représenté son arrestation est impressionnant. La pétition a été signée par plus de 1 700 000 personnes, son portrait a été brandi dans le monde entier lors de manifestations exigeant sa libération. Elle a aussi été l'occasion de rappeler la situation faite aux prisonniers politiques palestiniens (ils sont plus de 6000 en ce moment dans les prisons israéliennes dont 350 enfants ou mineurs) et l'attaque frontale de l'armée israélienne contre la résistance populaire palestinienne.
L'État d'Israël est condamné à se renier en libérant Ahed ou à continuer dans la même voie et à être confronté à une bataille médiatique qui ruine son image.
Quel message envoie-t-il en chassant les journalistes du tribunal et en interdisant aux diplomates d'assister à ce simulacre de justice ? Vont-ils se laisser humilier sans réagir ?
Ce qui saute aux yeux du monde, c'est l'image d'un État qui viole impunément le droit depuis des décennies et qui ne s'arrêtera que quand la communauté internationale aura décidé d'en finir avec l'impunité d'Israël.
Ce qu'Ahed montre au monde c'est la beauté et la détermination de sa jeunesse face à la laideur de l'occupation, à la haine des colons et à la violence de l'armée d'occupation.
Quoi qu'il en soit, les portraits d'Ahed ne sont pas près de disparaître des murs de nos villes, pas plus que ceux de ses aînés Salah Hamouri ou Marwan Barghouti, Munther Amira ou Khalida Jarrar.
Source : Prison du Néguev, section 24, novembre 2017 - Salah Hamouri
J'ai ressenti une étrange sensation, lorsque, le 23 août, aux alentours de 4h30, si je me souviens bien, j'étais tiré de mon sommeil par des bruits sourds. Quelqu'un s'acharnait sur la porte de mon appartement et appuyait nerveusement sur la sonnette à répétition. Je me suis dit que je connaissais ce type de vandalisme mais dans les toutes premières secondes, je pensais qu'il s'agissait d'un rêve.
Je vis dans un bâtiment de six étages, à Jérusalem-Est. Chaque étage est composé de deux appartements. Les soldats et leur commandant ne savaient exactement dans quel appartement je vivais, alors, ils ont frappé brutalement à chaque porte. J'ai alors eu une pensée pour mes voisins, tous réveillés en plein nuit par les soldats, terrorisant chaque famille, je pouvais entendre des enfants pleurer.
Les soldats n'ont pas cessé de frapper sur ma porte jusqu'à ce que je finisse par ouvrir, encore engourdit par le sommeil. Le premier soldat que j'ai vu portait une cagoule. Je ne pouvais voir que ses yeux remplis de haine. Il m'a alors hurlé dessus, me demandant ma carte d'identité. Après vérification, les soldats présents ont appelé du renfort, en hurlant qu'ils avaient trouvé la personne qu'ils cherchaient. A la seconde où j'ai compris que la force occupante venait bien pour moi, mon cerveau m'a envoyé un ordre clair : « Une nouvelle bataille commence là pour toi, cet ennemi ne doit pas te vaincre une seule seconde ».
Ils m'ont forcé à m'asseoir sur une chaise et trois soldats m'entouraient, leurs armes pointées sur moi. Pendant ce temps-là, leurs collègues ont fouillé tout l'appartement, bouleversant les meubles, les livres, les vêtements. Je les sentais fébriles, ils s'énervaient, ils ne trouvaient rien de ce qu'ils cherchaient dans cet appartement. Le commandant a fini par donner l'ordre de repli. Ils m'ont alors ordonné de m'habiller pour partir avec eux. En marchant vers la porte d'entrée de mon appartement, avant d'en sortir pour une durée qui m'était inconnue, je fixais la photo de mon fils accrochée au mur. Dans son regard, j'ai puisé de la force pour affronter les durs moments qui m'attendaient. Je l'imaginais me dire « Papa, sois fort, on sera vite réunis tous les trois ». Je lui promettais alors de rester fort et de ne jamais donner l'occasion à cette occupation de nous confisquer notre humanité et de détruire notre vie comme elle s'acharne à le faire.
Ils me bandèrent ensuite les yeux et me conduisaient dans une voiture blindée. La marche vers ce nouveau destin commençait. Une marche pénible vers un monde que je ne connais que trop bien. Un monde dans lequel nous devons rester forts, humains et garder notre sourire en toute circonstance. Une nouvelle fois, je suis conduit dans ce véhicule blindé vers l'endroit le plus sombre et le plus misérable pour un être humain : une prison de l'occupant.
En arrivant dans la prison du Neguev, après deux semaines passées dans le centre d'interrogatoire, tout me semblait tristement familier. Je suis rentré dans la section 24, j'ai vite reconnu les visages que j'avais quittés il y a quelques années. Je n'ai pas su quoi leur dire, j'étais soudainement impressionné de les retrouver ici. Parmi eux, certains sont derrière les barreaux depuis plus de quinze ans. Ils me questionnaient et je ne savais pas quoi leur répondre. « Qu'est ce qui est arrivé, pourquoi es-tu là ? ». Je n'avais pas les réponses à leurs questions. Pas plus que je n'arrivais à leur parler de l'extérieur, eux, qui sont là depuis tant d'années. Que faisons-nous pour eux, pendant qu'ils paient le prix de leur lutte ? En les retrouvant, je me demandais si j'avais assez agi pour parler d'eux à l'extérieur.
On a ensuite énormément discuté. Un détenu m'a dit « Ah tu es de retour, on va parler de nous en France alors ! ». J'ai réalisé alors que malgré ma nouvelle privation de liberté, je n'avais aucun doute sur le fait que la mobilisation allait se mettre en place en France, c'est un véritable espoir pour moi et pour eux. J'ai pensé à toutes les personnes qui avaient déjà lutté pendant ma première incarcération et depuis, toutes celles et ceux que j'ai rencontrés en France et en Palestine. Aucun doute qu'ils seraient tous à nouveau au rendez-vous pour dénoncer l'injustice qui nous frappe.
Et des éléments que je reçois par fragments, je sais que vous êtes même plus nombreux que la dernière fois ! Des personnalités que j'apprécie, des élu-e-s, des citoyen-ne-s en nombre plus nombreux encore vous vous êtes mobilisés pour dénoncer l'injustice, l'arbitraire et pour exiger ma libération.
Je vous en remercie très sincèrement. Je veux vous dire aussi que je serai digne du soutien que vous m'accordez. On ne marchande pas la liberté même si on la paie parfois très chère. Ce n'est pas une question d'entêtement mais de dignité et de principe : pour la liberté je ne lâcherai rien. Le peuple palestinien, comme tous les autres, ne veut pas vivre à genoux. Et quelle force cela nous procure que de savoir que, vous aussi, vous n'avez pas l'intention de lâcher. Cela, l'occupant ne le mesure pas. Moi je le ressens au fond de moi. Et c'est pourquoi même quand il pleut je pense au soleil qui vient ...
Source : Communiqué de l'AFPS, le 13 octobre 2017 - Le Bureau national de l'AFPS
C'est avec un immense espoir qu'a été accueillie ce 12 octobre la nouvelle de l'accord de réconciliation entre Fatah et Hamas, un accord attendu depuis des années par la population palestinienne, notamment par les habitants de Gaza, qui subissent de plein fouet les conséquences de la division. La prise de responsabilité de la gestion de toute la bande de Gaza par l'Autorité palestinienne, en concertation avec les autorités du Hamas, est annoncée pour le 1er décembre.
Nous saluons chaleureusement cet événement qui doit permettre de rompre avec une division qui était un succès stratégique pour les ultras au pouvoir en Israël. L'unité palestinienne est une nécessité face à un pouvoir israélien qui sape systématiquement toute perspective de paix.
Nous savons en même temps que le gouvernement de Tel Aviv cherchera par tous les moyens et provocations à saboter cet accord. On se souvient de mai 2014 : quelques semaines après la constitution du gouvernement de réconciliation nationale palestinien, des provocations ont débouché une répression terrible en juin dans toute la Cisjordanie, et à la guerre criminelle contre Gaza pendant 50 jours en juillet août. La France qui a toujours rappelé la nécessité de l'unité nationale palestinienne doit être particulièrement vigilante face aux manouvres et coups tordus qui pourraient advenir.
Gaza est déjà invivable et le blocus ne doit pas durer un jour de plus : en toute première étape, la liberté de circulation doit être rendue aux Palestiniens de Gaza et à tous ceux qui veulent leur rendre visite. La France doit rappeler fermement la nécessité de mettre fin au blocus.
Source : Communiqué de l'AFPS, le 24 août 2017 - Le Bureau national de l'AFPS
Salah Hamouri, a été arrêté mercredi 23 août dans la nuit, à son domicile de Jérusalem-Est, par l'armée israélienne d'occupation. Il a 32 ans. Il est Franco-Palestinien et a le statut de Résident de Jérusalem-Est où il vit.
Aucun motif ne lui a été signifié lors de son arrestation, ce qui est tristement la « norme » pour l'armée israélienne d'occupation envers les Palestiniens. Cet arbitraire, Salah en a l'habitude depuis son plus jeune âge : arrêté en 2005, il avait alors passé 7 années dans les prisons israéliennes. Il avait été libéré suite à un très large mouvement de solidarité notamment en France. Arbitraire et acharnement : à sa libération, il a été interdit de se rendre en Cisjordanie occupée où il entendait suivre des études d'avocat. Son épouse, de nationalité française, et son fils ne peuvent le rejoindre à Jérusalem-Est, interdits de séjour par l'arbitraire du pouvoir israélien : ils seraient « un danger pour la sécurité d'Israël ».
Après sa libération, il a contribué à faire connaitre la situation des prisonniers politiques palestiniens, notamment en France. Il vient d'obtenir son diplôme d'avocat et il se consacre maintenant à la défense des droits humains et des droits des prisonniers politiques palestiniens. Il n'entend pas plier, ni renoncer à vivre dans sa ville, Jérusalem-Est, sur sa terre, en Palestine avec sa femme et son fils. Rester, c'est résister ! Voilà pourquoi Israël veut le faire taire.
Cette nouvelle arrestation arbitraire est inadmissible et insupportable. La France a le devoir de défendre partout ses citoyens contre les injustices dont ils sont victimes. Les autorités françaises doivent se mobiliser fermement pour que soit mis fin sans délai à cette infamie.
La comparution du 23 août a conclu à une détention "pour enquête" - on arrête d'abord et on enquête après - sans qu'aucun chef d'inculpation ne soit retenu contre lui. Cela nous fait craindre que notre concitoyen ne soit encore une fois victime de l'arbitraire des forces d'occupation israéliennes et de la justice militaire d'occupation. La mobilisation citoyenne doit s'amplifier d'ici dimanche, date de la prochaine comparution qui pourrait être décisive pour notre ami et sa famille.
Salah Hamouri doit retrouver la liberté - tout comme les presque 7000 prisonniers politiques palestiniens. Il doit pouvoir vivre à Jérusalem avec sa femme et son fils. L'arbitraire et le harcèlement dont il est victime doivent cesser - tout comme l'occupation et la colonisation de la Palestine.
Source : Campagne internationale pour la Libération de Marwan Barghouthi et tous les prisonniers palestiniens, le 27 mai 2017 - Traduction : CL
Les prisonniers palestiniens en grève de la faim ont gagné. Après de longues négociations entre les autorités d'occupation israéliennes, Marwan Barghouthi et la direction de la grève, un accord a été trouvé et la grève de la faim est suspendue. C'est une étape importante vers le plein respect des droits des prisonniers palestiniens en conformité avec le droit international. C'est aussi une indication de ce qu'est vraiment l'occupation israélienne qui n'a laissé d'autre option aux prisonniers palestiniens que de se laisser mourir de faim afin d'obtenir les droits élémentaires que leur garantit le droit international.
La grève de la faim lancée par plus de 1000 prisonniers palestiniens sous la direction de Marwan Barghouthi a duré 41 jours, ce qui en fait l'une des grèves collectives les plus longues et les plus massives dans l'histoire du mouvement des prisonniers palestiniens. Elle avait pour objectif de mettre fin aux violations par Israël des droits des prisonniers. Les revendications comportaient le respect du droit de visite des familles, la fin de la torture et des mauvais traitements pendant l'arrestation, le transport et la détention, la fin de la politique de mise à l'isolement, parfois pour des années, ainsi que la fin de la détention administrative sans accusation pour des périodes de temps indéfinies et enfin le droit à l'éducation.
Le gouvernement israélien avait annoncé qu'il ne négocierait en aucun cas avec les prisonniers palestiniens. Il a tenté de briser la grève par la force, y compris par l'incitation contre les prisonniers et le dirigeant de la grève de la faim, par des mesures punitives, entre autres l'isolement, et par des menaces d'alimentation forcée, considérée comme une forme de torture. La résilience et la détermination épiques des grévistes de la faim et leur refus de mettre fin à la grève en dépit des pressions et des conditions très dures auxquelles ils étaient soumis, a permis que leur volonté triomphe de la volonté de leur geôlier.
Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont soutenu les prisonniers palestiniens et le peuple palestinien pendant cette importante bataille dans leur longue lutte pour la liberté. Nous remercions tout particulièrement les anciens prisonniers politiques dans le monde, dont ceux d'Afrique du Sud, d'Irlande et d'Argentine, qui ont affirmé une solidarité indéfectible avec les prisonniers palestiniens car ils savent que la lutte des Palestiniens est l'incarnation du combat, dans l'histoire, pour la liberté contre toutes les formes d'oppression.
Le peuple palestinien est une nation tenue en captivité et les prisonniers palestiniens sont le reflet de cette douloureuse réalité. Leur terrible situation est l'exemple le plus frappant des arrestations arbitraires de masse dans l'histoire contemporaine, avec plus de 800 000 Palestiniens arrêtés depuis 1967, soit l'équivalent de 40 % de la population masculine du territoire occupé. Marwan Barghouthi a déclaré, au premier jour de la grève de la faim 'pour la Dignité et la Liberté' que "nos chaînes seront brisées avant que nous le soyons car il est dans la nature humaine d'entendre l'appel de la liberté quel qu'en soit le prix".
La Campagne internationale pour la libération de Marwan Barghouthi et tous les prisonniers palestiniens va poursuivre sans relâche ses efforts jusqu'à ce que les prisonniers palestiniens et le peuple palestinien recouvrent la liberté.
C'est la seule voie vers la justice et la paix.
Source : AFPS National, le 29 mars 2017 -
Plusieurs organisations (Association France Palestine Solidarité, CCFD - Terre Solidaire, Fair Finance France, FIDH, LDH, Solidaires, CGT et Al-Haq) publient aujourd'hui un rapport sur « Les liaisons dangereuses des banques et assurances françaises avec la colonisation israélienne ». Il met en lumière les liens entre certaines banques et assurances françaises et des banques et entreprises israéliennes impliquées dans le maintien et le développement des colonies israéliennes.
Source : Samidoun - Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, le 22 décembre 2016 - traduit de l'anglais par Yves Jardin, membre du GT de l'AFPS sur les prisonniers
Le tribunal militaire israélien d'Ofer a condamné, le lundi 19 décembre, l'enfant prisonnière palestinienne blessée, Natalie Shokha, 15 ans, à un an et demi d'emprisonnement dans une prison israélienne. Natalie, du village de Rammun près de Ramallah, a été atteinte le 28 avril au dos et à la poitrine par des tirs à balles réelles de soldats d'occupation. Elle et une autre fille mineure, Tasneem Halabi, ont été accusées d'avoir cherché à poignarder des membres des forces d'occupation israéliennes.
Une lettre de Natalie à sa mère a été largement diffusée au niveau international :
Mes salutations à tous les gens généreux de mon village bien-aimé, Rammun. Mes salutations au conseil du village et à chacun qui soutient son développement.
Mère, je suis maintenant membre de la commission culturelle. Je suis devenue membre du magazine. Je discute des romans et je suis la quatrième en lecture. Dieu merci en tout cas.
Maman, Papa, chacun ici est fier de la façon dont vous m'avez élevée. Gardez la tête haute. Et je vis dans la pièce avec six autres filles. Nous sommes les douze fleurs (prisonnières de sécurité qui sont des mineures). Nous vivons ensemble dans les mauvais et les bons moments. Maman, s'il te plaît, dis bonjour à tous et dis leur qu'ils me manquent tant et que suis désolée si j'ai oublié quelqu'un. Que Dieu nous réunisse, bientôt. Dieu, apporte nous la liberté maintenant !
Ils n'emprisonneront pas l'odeur du jasmin dans une fleur !
La prisonnière Natalie Shokha - HaSharon Prison - Division 14
Natalie est détenue à la prison d'Hasharon avec des femmes prisonnières et des filles mineures. Les audiences du tribunal militaire sur son cas ont été reportées à plusieurs reprises en raison de ses graves blessures à la suite des tirs.
Natalie est l'une des plus de 300 enfants palestiniens emprisonnés dans les prisons israéliennes. Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens demande instamment la libération immédiate de Natalie et de tous les enfants prisonniers palestiniens.
Source : Middle East Eye, le 26 novembre 2016 - traduit de l'anglais par VECTranslation
Dans son célèbre récit « Face aux forêts » (1963), A.B. Yehoshua, l'un des écrivains israéliens les plus populaires, raconte une rencontre entre un jeune garde-forestier juif et un vieux Palestinien vivant dans une forêt artificielle plantée sur les ruines du village où il est né. Symboliquement, l'histoire se termine avec l'incendie de la forêt par le Palestinien, dont la langue a été coupée pour des raisons mystérieuses, avec l'aide du jeune garde-forestier juif.
Pour autant que nous le sachions, la nouvelle de Yehoshua ne reposait pas sur un événement réel - mais elle a certainement été ranimée cette semaine lorsque d'éminents hommes politiques d'Israël et les médias ont accusé les Palestiniens des feux de forêt qui ont ravagé le pays, contraignant des dizaines de milliers d'Israéliens à évacuer leur domicile.
En écoutant leur Premier ministre, Benyamin Netanyahou, qui a qualifié les incendies de « terrorisme incendiaire », et leurs médias, qui les ont qualifiés d'« Intifada du feu », la plupart des Israéliens ont été amenés à croire que les petits-enfants de l'incendiaire fictionnel de Yehoshua poursuivaient le travail qu'il a commencé.
Dès le début, les forêts faisaient partie intégrante du projet sioniste. Les premiers sionistes concevaient la Palestine comme une « terre stérile », négligée par ses habitants pendant des siècles. Dès les débuts de la colonisation juive au début du XXe siècle, un effort constant a été fait pour « restaurer » la grandeur originale, biblique, de la Palestine en plantant des millions d'arbres, principalement des pins.
Le but déclaré de cet effort de reboisement était de changer la forme de la terre, de la rendre plus « adaptable » à l'établissement juif et de montrer aux « nations du monde comment nous avons ranimé la nature », selon Yossef Weiz, directeur du Fonds national juif (FNJ), lors d'une conférence en 1945. L'Europe d'où venaient ces sionistes était fortement boisée. Ils voulaient voir le même paysage en Eretz Israël/Palestine.
Après la guerre de 1948, le reboisement avait un autre objectif, plus caché : servir de « couverture » aux villages palestiniens détruits, sur lesquels bon nombre de ces forêts étaient plantées, comme l'a admis ouvertement un responsable du FNJ il y a quelques années.
Pourtant, si le récit de Yehoshua fait part d'un sentiment de culpabilité et d'une compréhension de la souffrance des Palestiniens, l'Israël d'aujourd'hui est bien loin de tout sentiment de ce genre. Le ministre de l'Éducation, Naftali Bennett, chef du parti Le Foyer juif et puissant membre du gouvernement de coalition, a été le chef de chour des accusations, déclarant au début de la semaine que « seuls ceux à qui cette terre n'appartient pas pourraient la brûler ». Le message était clair : les Palestiniens sont des étrangers dans ce pays, et il leur est donc facile de le brûler, ainsi que les forêts que nous, les juifs, avons plantées.
Les questions s'attardent sur la cause des incendies. Il ne fait aucun doute que les conditions météorologiques ont joué un rôle important dans leur rapide propagation, des flammes jaillissant dans des dizaines ou même des centaines d'endroits partout dans le pays. Les vents forts venant de l'est, associés à une aridité extrêmement élevée et au manque de pluie depuis près de dix mois, ont créé des conditions idéales pour les incendies.
Le débat porte sur la question de savoir si, à l'origine, les incendies ont débuté à la suite d'une négligence ou s'ils ont été allumés délibérément. Cela s'est avéré une question d'importance nationale lorsque, jeudi, les incendies se sont répandus partout à Haïfa, la troisième ville d'Israël. Des quartiers entiers ont dû être évacués et près de 1 000 appartements ont été gravement endommagés. Pendant un moment, on aurait dit que l'ensemble du pays était la proie des flammes.
La première réponse de la police fut que plus de la moitié des 200 cas d'incendie signalés résultaient d'incendies délibérés « sur des bases nationalistes », un code pour désigner les attaques palestiniennes.
On ne sait pas exactement d'où viennent exactement ces chiffres, car il semble qu'un seul cas d'incendie délibéré a été prouvé, mais les soupçons se tournaient déjà fortement sur les Palestiniens, citoyens israéliens ou de Cisjordanie.
Netanyahou a directement pointé du doigt « le terrorisme palestinien » et le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a averti qu'il pourrait y avoir des dizaines de milliers de potentiels pyromanes palestiniens attendant leur chance. Le plus grand site web d'Israël, Ynet, l'a résumé jeudi avec un graphique aux couleurs vives proclamant : « Intifada du feu ».
Les studios de télévision, qui diffusaient en direct depuis Haïfa et ailleurs, étaient bondés de spécialistes du « terrorisme », plutôt que de spécialistes des changements climatiques ou météorologiques. L'idée générale était qu'Israël faisait l'objet d'une attaque incendiaire palestinienne, concertée et coordonnée.
Lors de l'incendie qui a frappé le mont Carmel il y a six ans et qui a coûté la vie à 44 Israéliens, des allégations semblables ont visé un groupe de jeunes druzes vivant dans la région. Ils ont été arrêtés mais ont été rapidement relâchés une fois leur innocence prouvée. Cette fois, une douzaine de Palestiniens, la plupart des citoyens israéliens - peu nombreux par rapport à l'ampleur des incendies -, ont été arrêtés, mais les allégations contre la plupart d'entre eux semblent faibles.
Le fait que des foyers se sont également déclarés près de villes et villages palestiniens en Israël ainsi qu'en Cisjordanie, en plus d'incendies semblables au Liban et en Syrie, semble suggérer que les incendies prémédités ne joueraient qu'un petit rôle dans cette vague de feux de forêts.
Pourtant, la possibilité que des Palestiniens soient derrière certains incendies ne peut pas être écartée. Sur certains réseaux sociaux arabophones, les incendies ont été qualifiés de « punition de Dieu » pour les projets israéliens visant à interdire l'appel à la prière islamique en Israël.
Cette décision, perçue comme une tentative de museler la présence musulmane dans le pays, n'a fait qu'ajouter à l'atmosphère déjà tendue entre juifs et Arabes. Certains des brasiers plus violents ont frappé deux colonies de Cisjordanie, Halamish et Ma'aleh Edomim ; il n'est pas impossible que certains de ces incendies soient en effet d'origine criminelle.
Mais dans le même temps, il semble improbable que l'incendie criminel soit ou devienne une nouvelle stratégie de résistance palestinienne. Tous les dirigeants de la minorité palestinienne en Israël, dirigée par Ayman Odeh, chef de la Liste unifiée et lui-même habitant de Haïfa, ont condamné toute tentative présumée d'incendie volontaire et offert de l'aide aux victimes.
Un communiqué du Fatah indiquait que « ce qui brûle aujourd'hui, ce sont nos arbres et notre patrie historique ». Presque comme un négatif des remarques de Bennett, les Palestiniens affirment que Haïfa leur appartient, pas moins qu'aux juifs, et que la brûler, c'est brûler le patrimoine palestinien.
La vague de feux a certainement démontré que les dirigeants israéliens sont véritablement prêts à utiliser la moindre occasion pour présenter la minorité palestinienne comme l'ennemi intérieur, sans attendre de preuves ou même tenter de prétendre qu'ils cherchent à coopérer avec leurs 1,5 million de citoyens arabes. Cela peut également indiquer que le ressentiment au sein de la minorité palestinienne est maintenant tellement élevé qu'au moins certaines personnes peuvent être allées mettre le feu à la nature même dans laquelle elles vivent.
Mais il y a aussi un côté plus positif à ces événements. Haïfa, avec sa population mixte arabe et juive et une tradition de relative tolérance, a montré une résistance à cette vague chauvine d'incitation à la haine. Le lendemain du jour où les incendies ont commencé à diminuer, dans le centre-ville de Haïfa, juifs et Arabes se sont assis dans les mêmes cafés, parlant en hébreu et en arabe. Jusqu'à présent, les feux n'ont pas consumé l'esprit de cette ville.
Meron Rapoport, journaliste et écrivain israélien, a remporté le prix Naples de journalisme grâce à une enquête qu'il a réalisée sur le vol d'oliviers à leurs propriétaires palestiniens. Ancien directeur du service d'informations du journal Haaretz, il est aujourd'hui journaliste indépendant.
Source : Samidoun, le 24 octobre 2016 - traduction YJ
Quatre prisonniers palestiniens continuent la grève de la faim en exigeant d'être libérés de leur détention administrative, emprisonnement sans inculpation ni jugement, deux des grévistes atteignant le cap de 30 jours sans nourriture et étant confrontés à une grave dégradation de leur état de santé.
Ahmed Abu Fara, 29 ans , et Anas Shadid, 19 ans, sont en grève de la faim depuis le 25 septembre 2016, en entamant aujourd'hui leur second mois de grève de la faim. Tous les deux exigent d'être libérés de leur détention administrative, alors qu'ils ont commencé à connaître une dégradation significative de leur état de santé. Abu Fara est emprisonné depuis le 2 août et Shadid depuis le 1er août; Abu Fara a été auparavant emprisonné pendant deux ans.
La femme d'Abu Fara a fait une fausse couche après avoir été choquée par l'invasion en armes de son foyer par les soldats d'occupation et par l'arrestation de son mari.
Majd Abu Shamla, 24 ans, et Hassan Rubayah, 31ans, sont en grève de la faim depuis 20 jours, depuis le 5 octobre, pour protester contre leur emprisonnement sans inculpation ni jugement. Abu Shamla est emprisonné depuis le 27 janvier et Rubayah depuis le 30 mars.
Tous les grévistes sont maintenus en isolement ; Shadid et Abu Fara à l'infirmerie de la prison de Ramle et Abu Shamla et Rubayah dans la prison du désert du Néguev. ils souffrent tous d'une grave fatigue, d'épuisement et de douleurs sur tout le corps ; ils continuent à ne prendre que de l'eau.
Abu Fara et Shadid sont privés de radio, de télévision et même de stylo et de papier pour écrire à leur famille. Ils ont été amenés le 20 octobre à un entretien judiciaire sur une chaise roulante, étant donné qu'ils ne peuvent pas marcher, et ont chacun perdu en poids plus de 10 kilos.
Ils font partie des plus de 700 Palestiniens maintenus en détention administrative administrative sans inculpation ni jugement. Les ordres de détention administrative, établis pour des périodes de un à six mois sur la base de preuve secrètes, sont indéfiniment renouvelables ; des Palestiniens ont passé plusieurs années sous le coup d'une détention administrative.
Samidoun appelle à la vigilance et à l'action internationales, et au soutien international à ces quatre grévistes de la faim, qui mettent leur vie en danger dans les geôles israéliennes pour leur propre liberté et pour la lutte de libération du peuple palestinien.
Source : Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, le 16 septembre 2016 - Claude Léostic
L'un des Bateaux des Femmes pour Gaza vogue vers la Corse après une première escale à Barcelone où l'accueil de la population, des médias et de la municipalité a été superbe.
A Ajaccio, Corsica Palestine les attend, et leur réserve un accueil chaleureux.
Ces femmes, d'une quinzaine de pays du monde entier, des Amériques à l'Asie, sont porteuses d'un message fort et clair : le blocus de Gaza est illégal et inhumain, il vise à mettre à genoux les deux millions de Palestiniens et Palestiniennes qui y vivent dans une situation humanitaire désastreuse. Après 10 ans de blocus, de multiples attaques militaires meurtrières menés par l'armée d'occupation israélienne, Gaza est pourtant toujours debout !
C'est grâce notamment aux femmes de Gaza, courageuses, résolues dans la résistance quotidienne, le « sumud », organisatrices de la vie malgré tout. C'est à elles plus particulièrement que les femmes du Bateau des Femmes pour Gaza rendent hommage. C'est elles qu'elles veulent rencontrer à Gaza pour leur dire la solidarité internationaliste de millions de femmes dans le monde, la solidarité des peuples avec le peuple de Palestine.
Les occupants israéliens de la Palestine, pirates de haute mer, ont dans le passé attaqué nos bateaux, ils les ont volés, ont kidnappé nos militantEs. Il faut cette fois qu'ils laissent passer librement les bateaux des Femmes pour Gaza. Le message de cette flottille est universel, pour la justice, pour que le droit prime sur la force.
A Ajaccio, nous les accueillerons en compagnie de Christiane Hessel, avec le même message : il faut mettre fin immédiatement au blocus de Gaza, il faut que le peuple de Palestine vive enfin librement dans une Palestine unie et indépendante.
Vive les femmes de Palestine !
Vive les femmes de la Flottille !
Claude Léostic
Porte-parole de la Flottille de la Liberté en France
Présidente de la Plateforme Palestine et membre du Conseil national de l'AFPS
Source : Le Républicain Lorrain, le 21 juin 2016 - S.B.
Source : Paris Match, le 14 mars 2016 - Marie Desnos
Hanan al-Hroub, enseignante palestinienne saluée pour sa méthode basée sur le jeu et la non-violence en Cisjordanie, a reçu dimanche le Global Teacher Prize, le «prix Nobel de l'enseignement».
Une belle revanche sur la vie. Une Palestinienne ayant grandi dans un camp de réfugiés a été désignée dimanche «meilleure enseignante du monde», avec à la clé un chèque d'un million de dollars. Hanan al-Hroub a reçu le Global Teacher Prize de la Fondation Varkey. Cette récompense annuelle a été créée en 2014 par Sunny Varkey, un entrepreneur philanthrope d'origine indienne, et ambassadeur de l'Unesco basé à Dubaï. Elle est décernée à un professeur exceptionnel qui a apporté une contribution remarquable à la profession. La fondation, qui qualifie son prix de «prix Nobel de l'enseignement», explique que le million de dollars de récompense est destiné «à mettre en lumière l'excellence en matière d'enseignement». Cette somme est versée en plusieurs échéances. En échange, le lauréat s'engage à continuer d'exercer pendant au moins cinq ans.
«Les enseignants sont les bâtisseurs de la paix et de l'union», a déclaré le pape François, qui annonçait le nom de la gagnante. Il l'a félicitée pour «l'importance qu'elle donne au jeu dans l'éducation des enfants». «L'enfant a le droit de jouer. Une part de l'éducation consiste à lui apprendre comment jouer parce qu'il apprendra, en jouant, comment devenir un (être) social et comment apprendre la joie de vie», a ajouté le souverain pontife. De son côté, Sunny Varkey a dit espérer que l'exemple d'Hanan al-Hroub «inspire ceux qui s'apprêtent à embrasser le métier d'enseignant et jeter une lumière forte sur le formidable travail effectué chaque jour par les enseignants à travers la Palestine et le monde.»
Hanan al-Hroub a grandi dans un camp de Bethléem, où la violence quotidienne lui a volé son enfance. Elle a pris la décision de devenir enseignante après que son mari et ses enfants se sont fait tirer dessus alors qu'ils revenaient de l'école. «Mes enfants ont vu leur père blessé, cela les a choqués, et moi aussi», raconte-t-elle. Un incident qui les a «transformés». Elle s'est alors sentie très seule pour les aider à surmonter cette épreuve. Et s'est dit que le corps enseignant avait sans doute un rôle à jouer là-dedans.
Hanan al-Hroub a développé une méthode ludique, centrée sur le principe de non-violence, qu'elle a résumée dans son livre «Jouer et apprendre». Elle prend en compte les effets dévastateurs de la guerre sur le comportement et le psychisme des enfants, et leur transmet des valeurs telles que le respect, la confiance, ou encore l'honnêteté. «Je veux dire à tous les enseignants, qu'ils soient Palestiniens ou de quelle qu'autre nationalité, notre métier est humain, ses objectifs sont nobles. Nous devons apprendre à nos enfants que nos seules armes sont le savoir et l'éducation».
Source : Gush Shalom (anglais), le 11 janvier 2016 - Tair Kaminer
Tair Kaminer, une jeune Israélienne de 19 ans était appelée aujourd'hui sous les drapeaux. Elle fait partie du groupe de lycéens refuzniks "Mesarvot", et elle a décidé de refuser d'effectuer un service militaire. Elle sera donc envoyée en détention. Voici une traduction de la déclaration qu'elle avait prévu de remettre aux officiers de recrutement aujourd'hui.
Mon nom est Tair Kaminer, j'ai 19 ans. Il y a quelques mois, j'ai terminé une année de bénévolat avec les Eclaireurs et Eclaireuses Israéliens dans la ville de Sdérot, à la frontière de la bande de Gaza. Dans quelques jours, je vais aller en prison.
J'ai été volontaire à Sdérot une année entière, j'y ai travaillé avec des enfants qui vivent dans une zone de guerre, et c'est là que j'ai décidé de refuser de servir dans l'armée israélienne. Mon refus vient de ma volonté d'apporter une contribution à la société dont je fais partie et d'en faire un meilleur endroit pour vivre, et de mon engagement dans la lutte pour la paix et l'égalité.
Les enfants avec lesquels j'ai travaillé ont grandi au cour du conflit, et ont vécu des expériences traumatisantes dès leur jeune âge. Chez beaucoup d'entre eux, cela a généré une haine terrible - ce qui est tout à fait compréhensible, surtout chez des jeunes enfants. Comme eux, beaucoup d'enfants qui vivent dans la bande de Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés, dans une réalité encore plus dure, apprennent à haïr l'autre côté. Eux non plus, on ne peut pas les blâmer. Quand je regarde tous ces enfants, la prochaine génération des deux côtés et la réalité dans laquelle ils vivent, je ne peux que voir la poursuite des traumatismes et de la douleur. Et je dis : Assez !
Depuis des années maintenant, il n'y a aucun horizon politique, aucun processus de paix en vue. Il n'y a pas tentative de quelque nature que ce soit d'apporter la paix à Gaza ou à Sderot. Tant que la méthode militaire violente règne, nous allons tout simplement avoir d'autres générations qui grandiront avec un héritage de haine, ce qui ne fera que rendre les choses encore pire. Nous devons arrêter ceci - maintenant !
C'est pour cela que je refuse : je ne prendrai pas une part active à l'occupation des territoires palestiniens et à l'injustice qui est infligée encore et encore au peuple palestinien dans cette situation d'occupation. Je ne prendrai pas part au cycle de la haine à Gaza et à Sdérot.
La date de mon enrôlement a été fixée au 10 Janvier 2016. Ce jour-là, je me présenterai au Centre d'incorporation de Tel Hashomer, pour y déclarer mon refus de servir dans l'armée - et mon souhait de faire un service civil de remplacement.
Lors de conversations avec certaines personnes auxquelles je tiens, j'ai été accusée de porter atteinte à la démocratie en refusant de respecter les lois adoptées par un Parlement élu. Mais les Palestiniens dans les territoires occupés vivent sous la règle du gouvernement d'Israël, bien qu'ils n'aient pas eu le moindre mot à dire dans l'élection de ce gouvernement. Je crois que tant qu'Israël continuera à être un pays occupant, il continuera à s'éloigner de plus en plus de la démocratie. Par conséquent, mon refus fait partie de la lutte pour la démocratie - il n'est pas un acte anti-démocratique.
On m'a dit que je fuyais ma responsabilité dans la sécurité d'Israël. Mais, comme une femme qui considère que toutes les personnes sont égales - et que toutes leurs vies sont aussi importantes - je ne peux pas accepter que l'argument de la sécurité ne s'applique qu'aux Juifs. Surtout maintenant qu'il devient clair et évident que l'armée ne peut pas assurer une protection aux Juifs non plus, tandis que la vague de terreur continue. C'est très simple - on ne peut pas créer un îlot de sécurité au milieu d'une occupation qui opprime. La vraie sécurité ne pourra être obtenue que lorsque le peuple palestinien vivra dans la dignité et la liberté, dans son propre État indépendant aux côtés d'Israël.
Il y a eu ceux qui s'inquiétaient de mon avenir personnel dans un pays où il est de la plus extrême importance d'avoir fait son service militaire dans le tissu des relations sociales quotidiennes. Soucieux de mes perspectives d'avenir, ils ont suggéré que je fasse l'armée, indépendamment de mes opinions - ou au moins que je ne rende pas mon refus public. Mais à travers toutes ces difficultés et ces soucis, j'ai choisi de déclarer mon refus ouvertement, pour que tous l'entendent. Ce pays, cette société, sont trop important pour moi - je ne peux pas accepter de garder le silence et je ne le ferai pas. Ce n'est pas la façon dont j'ai été élevée - ne m'occuper que de moi-même et de mes préoccupations personnelles. La vie que j'ai eue jusqu'à présent a tourné autour du don et de la responsabilité sociale, et c'est ainsi que je veux qu'elle continue.
Même si je dois payer un prix personnel pour mon refus, ce prix en vaudra la peine si il contribue à mettre l'occupation à l'ordre du jour du discours public israélien. Beaucoup trop d'Israéliens ne ressentent pas directement l'occupation, et ils ont tendance à l'oublier dans leur vie quotidienne - vies qui sont éminemment sûres comparées à celles des Palestiniens, ou même des Israéliens qui vivent dans le Néguev occidental (zone à la frontière de Gaza).
On nous dit qu'il n'y a pas d'autre moyen que la voie militaire violente. Mais je crois que c'est le moyen le plus destructeur, et qu'il y en a d'autres. Je tiens à rappeler à tous qu'il existe une alternative : les négociations, la paix, l'optimisme, une véritable volonté de vivre dans l'égalité, la sécurité et la liberté. On nous dit que l'armée n'est pas une institution politique - mais la décision de servir dans l'armée est une décision hautement politique, tout autant que la décision de refuser.
Nous, les jeunes, devons comprendre toutes les conséquences d'un tel choix. Nous devons comprendre ses conséquences pour notre société. Après avoir mûrement réfléchi, j'ai pris la décision de refuser. Je n'ai pas peur de la prison militaire - ce qui me fait vraiment peur est que notre société perde son humanité.
Source : Samidoun (anglais), le 6 décembre 2015 - Samidoun (traduit par Yves Jardin, membre du GT de l'AFPS sur les prisonniers)
Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne de gauche et féministe et avocate des prisonniers politiques, a été condamnée aujourd'hui 6 décembre à 15 mois d'emprisonnement par un tribunal militaire israélien à Ofer. Après son arrestation par les forces militaires d'occupation, qui ont fait intrusion le 2 avril dans sa maison de Ramallah, l'emprisonnement de Jarrar, ancienne directrice exécutive et actuelle vice-présidente du bureau des directeurs de l'Association Addameer (= Conscience) de Soutien aux Prisonniers et des Droits de l'Homme, a déclenché une indignation générale en Palestine, dans le monde arabe et sur le plan international.
Jarrar est membre du Conseil Législatif (=Parlement) Palestinien au nom du bloc Abu Ali Mustafa, le bloc parlementaire affilié au Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation de gauche. En 2014, elle a été l'objet d'un déplacement forcé de Ramallah à Jéricho par un ordre de l'armée d'occupation, qu'elle a réussi à faire échouer après un sit-in qui a duré un mois au bureau du CLP et une campagne internationale de soutien.
En avril, elle été immédiatement mise en détention administrative sans inculpation ni jugement suite à son arrestation. Une campagne internationale - comprenant un vote du parlement portugais exigeant sa libération- s'en est suivie, et elle a alors été inculpée devant les tribunaux militaires israéliens. Bien que les tribunaux militaires fassent preuve d'une apparence de "jugement", ces jugements ne sont en réalité pas plus justes ou équitables que la détention administrative arbitraire. 99.74% des Palestiniens qui comparaissent devant eux sont déclarés coupables.
Jarrar a été inculpée de douze chefs d'accusation entièrement politiques concernant son activité politique publique, parmi lesquels les discours qu'elle a prononcés, les réunions publiques auxquelles elle a assisté, et les demandes de libération de prisonniers politiques palestiniens. Elle a été accusée d'"incitation" pour avoir prétendument appelé à l'enlèvement de soldats israéliens d'occupation par la résistance palestinienne afin de faire libérer des prisonniers palestiniens. En dépit de cette affirmation de l'armée d'occupation, celle-ci n'a pas pu produire de témoin pour confirmer que Jarrar ait pu dire ceci - et les témoins qu'elle a présentés ont tous précisé qu'ils avaient été menacés et torturés pour les amener à témoigner contre Jarrar.
En dépit de la nature éminemment politique des accusations contre Jarrar, une dirigeante parlementaire et politique reconnue internationalement, et du plaidoyer résolu de ses avocats d'Addameer, elle a été déclarée coupable par les tribunaux militaires israéliens - comme il est tout à fait classique - et condamnée à passer quinze mois dans les prisons de l'occupation israélienne.
"La déclaration de la culpabilité de Khalida Jarrar ne constitue pas une surprise ; les tribunaux militaires israéliens n'ont pour seule fonction que de constituer un instrument de répression dirigée contre les Palestiniens. Khalida Jarrar est une dirigeante politique palestinienne et une combattante pour la justice internationalement renommée. Elle a consacré sa vie à travailler pour la libération de son peuple et de son pays, et en particulier pour la libération des prisonniers politiques palestiniens," a déclaré Charlotte Kates, coordinatrice de Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens.
"Il est urgent que nous construisions internationalement le mouvement pour exiger la libération de Jarrar et de près de ses 7.000 soeurs et frères détenus en tant que prisonniers politiques palestiniens dans les geôles israéliennes. Khalida Jarrar est une lutteuse de longue date pour la liberté et la justice sociale, aux niveaux palestinien, arabe et international. Nous devons faire tout notre possible pour avancer vers les buts qui sont les siens - pour voir la Palestine, débarrassée du colonialisme et de l'oppression, dans la justice et la liberté pour tous, y compris en manifestant, en s'organisant et en bâtissant la campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions, et l'isolement international d'Israël."
Agissez :
- Contactez les autorités gouvernementales de votre pays et exigez qu'elles fassent pression sur Israël pour libérer les prisonniers palestiniens. Dans l'Union Européenne, contactez votre député européen (vous pouvez trouver ici votre député européen : http://freepalestine.eu) pour à la fois demander la fin de l'Accord d'Association UE-Israël Association Agreement et demander que l'UE fasse pression sur Israël pour libérer Jarrar et les collègues prisonniers de celle-ci.
- Boycott, Désinvestissement et Sanctions.Tenez Israël comme devant rendre des comptes pour ses violations du droit international. N'achetez pas de produits israéliens, et faites campagne pour qu'il soit mis fin aux investissements dans les sociétés qui profitent de l'occupation. Apprenez-en davantage sur le BDS sur : http://www.bdsmovement.net.
Source : Ma'an News Agency (anglais), le 31 octobre 2015 - Megan Hanna (traduit par Yves Jardin, membre du GT de l'AFPS sur les prisonniers)
BETHLÉEM (Ma'an) -- Les forces militaires israéliennes ont lancé jeudi un message inquiétant aux habitants du camp de réfugiés d'Aïda à Bethléem, leur disant qu'à moins qu'ils n'arrêtent de jeter des pierres "nous vous gazerons jusqu'à ce que vous mouriez."
Les forces militaires israéliennes ont fait une descente dans le camp et tiré sans distinction des grenades lacrymogènes et aveuglantes sur les fenêtres des gens, sur les balcons, dans les rues étroites, prétendument pour riposter aux jeunes Palestiniens jetant des pierres sur le mur de séparation israélien qui borde le quartier. Pendant la descente, un soldat israélien dans un véhicule militaire s'est adressé en arabe à l'aide d'un haut-parleur aux manifestants et aux habitants du camp. L'incident inquiétant a été filmé.
"Habitants d'Aïda, nous sommes les forces d'occupation israéliennes, si vous jetez des pierres nous vous atteindrons par les gaz jusqu'à ce que vous mouriez. Enfants, jeunes, personnes âgées, chacun d'entre vous - nous n'épargnerons aucun d'entre vous". Pendant l'attaque contre les manifestants, l'un âgé de 25 ans a été arrêté. L'annonce par haut-parleur a poursuivi, "Nous avons arrêté l'un de vous, il est entre nos mains. Nous l'avons arrêté chez lui, et nous le tuerons pendant que vous regardez tandis que vous jetez des pierres." Le message effrayant s'est terminé: "Nous vous aveuglerons par les gaz jusqu'à ce que vous mouriez, vos maisons, vos familles, vos frères, vos fils, tous".
Par la suite, après l'annonce, les forces israéliennes ont sans distinction tiré dans les rues des grenades lacrymogènes et des balles d'acier enrobées de caoutchouc. L'usage de la force a été si intense que les enfants de deux centres communautaires d'Aïda et les habitants de maisons voisines ont dû être évacués vers une autre partie du camp, et qu'au moins un jeune a été emmené à l'hôpital en raison de problèmes respiratoires.
Outre le langage troublant utilisé pour inspirer la terreur parmi les habitants - dont la majorité n'était pas impliquée dans la projection de pierres - le film apporte la preuve d'un membre de l'armée israélienne admettant l'utilisation de gaz lacrymogène pouvant entraîner la mort. La semaine dernière, le 21 oct., Hashem al-Azzeh, 54 ans, est mort à Hébron en raison d'une inhalation trop importante du gaz lacrymogène utilisé par les forces israéliennes pour venir à bout des manifestants, et deux jours plus tôt une femme âgée dans la zone de Batan el-Hawa à Silwan, à Jérusalem-Est, a succombé aux effets du gaz lacrymogène tiré pendant les affrontements.
"Dans cette déclaration, nous voyons - parmi un éventail d'actes criminels en puissance - une menace publique de tuer des civils palestiniens, et d'exécuter un prisonnier," a déclaré à Ma'an Simon Reynolds, Coordinateur de l'Assistance Juridique à BADIL, Centre de Ressources pour les Droits des Habitants et des Réfugiés palestiniens. "Bien que de telles menaces soient effroyables, elles ne sont pas forcément surprenantes. Etant donné le bilan croissant des morts civiles parmi les Palestiniens, de telles menaces ne font qu'ajouter des mots aux actes. Ce à quoi nous assistons est apparemment une politique de non-droit dans laquelle les forces israéliennes peuvent exercer une force meurtrière dans une quasi-impunité. Ce qui est particulièrement troublant est qu'il s'agit d'une politique qui semble avoir, à tout le moins, l'acceptation tacite des niveaux les plus élevés de gouvernement."
De nombreux groupes de défense des droits de l'homme ont publiquement condamné la réponse militaire disproportionnée d'Israël dans le maintien de l'ordre lors de manifestations et dans la riposte à de prétendues attaques. "Tirer sans faire de distinction ou délibérément sur des observateurs ou des manifestants qui ne représentent aucune menace imminente est une violation des normes internationales auxquelles sont liées les forces de sécurité israéliennes", a déclaré le 11 oct. Kenneth Roth, directeur exécutif de Humans Rights Watch (Observatoire des Droits de l'Homme), après qu'un assistant de recherche de HRW ait été visé et blessé par un tir alors qu'il observait une manifestation près de Ramallah.
Au début de cette semaine, Amnesty International a exigé qu'Israël arrête les assassinats illégaux dans les territoires palestiniens occupés, en déclarant que les forces israéliennes semblaient avoir "déchiré les pages du règlement". "Il y a de plus en plus de preuves que, alors que les tensions ont crû, les forces israéliennes semblent dans certains cas avoir déchiré les pages du règlement et avoir eu recours à des mesures extrêmes et illégales," a déclaré Philip Luther, Directeur des Programmes sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. "Une force meurtrière intentionnelle ne doit être utilisée uniquement quand il est absolument nécessaire de protéger la vie," a-t-il ajouté. "Au lieu de cela nous voyons de plus en plus les forces israéliennes bafouer de façon insouciante les normes internationales en tirant pour tuer dans des situations où cela est totalement injustifié."
En février de l'année dernière, Amnesty a publié un rapport intitulé "Gâchette facile", qui a trouvé que les forces israéliennes font preuve d'un "mépris impitoyable" pour la vie humaine, dans une impunité presque totale pour l'assassinat de civils palestiniens dans les cas examinés depuis 2011.
Source : Haaretz (anglais), le 7 octobre 2015 - Amira Haas (traduction JPP pour le Collectif Solidarité Palestine de Saint-Nazaire)
Que nous remarquions qu'il y a une guerre que lorsque des juifs sont assassinés n'enlève rien au fait que des Palestiniens se font tuer tout le temps.
Oui, il y a une guerre, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avec son mandat du peuple, a ordonné qu'elle s'intensifie. Il n'écoute déjà pas les messages de conciliation et d'acceptation du Président palestinien Mahmoud Abbas dans les période calmes, pourquoi devrait-il les écouter aujourd'hui ?
Netanyahu intensifie la guerre principalement à Jérusalem-Est, avec des orgies de punitions collectives. Il révèle ainsi qu'Israël a réussi à déconnecter physiquement Jérusalem de la plus grande partie de la population palestinienne, soulignant l'absence d'une direction palestinienne à Jérusalem-Est et la faiblesse du gouvernement de Ramallah - qui tente d'enrayer la dérive dans le reste de la Cisjordanie.
La guerre n'a pas commencé jeudi dernier, elle ne commence pas avec les victimes juives, et elle ne prend pas fin quand plus aucun juif n'est assassiné. Les Palestiniens se battent pour leur vie, dans le plein sens du terme. Nous, juifs israéliens, nous battons pour notre privilège en tant que nation de maîtres, dans la pleine laideur du terme.
Que nous remarquions qu'il y a une guerre que lorsque des juifs sont assassinés n'enlève rien au fait que des Palestiniens se font tuer tout le temps, et que tout le temps, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour leur rendre la vie insupportable. La plupart du temps, il s'agit d'une guerre unilatérale, conduite par nous, pour les amener à dire « oui » au maître, merci beaucoup de nous laisser en vie dans nos réserves. Quand quelque chose dans l'unilatéralité de la guerre est perturbé, et que des juifs sont assassinés, alors nous accordons notre attention.
Les jeunes Palestiniens ne vont pas se mettre à assassiner des juifs parce qu'ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui leur bloquent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme douleur, parce que l'ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa méchanceté n'a pas de limites.
Même le langage est malveillant. Les juifs sont assassinés, mais les Palestiniens sont tués et meurent. Est-ce vrai ? Le problème ne commence pas avec le fait que nous ne sommes pas autorisés à écrire qu'un soldat ou un policier a assassiné des Palestiniens, à bout portant, quand sa vie n'était pas en danger, ou qu'il l'a fait par télécommande, ou depuis un avion ou un drone. Mais c'est une partie du problème. Notre compréhension est captive d'un langage censuré rétroactivement qui déforme la réalité. Dans notre langage, les juifs sont assassinés parce qu'ils sont juifs, et les Palestiniens trouvent leur mort et leur détresse, parce ce que c'est probablement ce qu'ils cherchent.
Notre vision du monde est façonnée par la trahison constante par les médias israéliens de leur devoir de rapporter les évènements, ou leur manque de capacité technique et émotionnelle à contenir tous les détails de la guerre mondiale que nous sommes en train de conduire afin de préserver notre supériorité sur le territoire entre le fleuve et la mer.
Pas même ce journal n'a les ressources économiques pour employer 10 journalistes et remplir 20 pages d'articles sur toutes les attaques en période d'escalade et toutes les attaques de l'occupation en période de calme, depuis les fusillades lors de la construction d'une route qui détruit un village jusqu'à la légalisation d'un avant-poste colonial et à un million d'autres agressions. Chaque jour. Les exemples pris au hasard que nous arrivons à rapporter ne représentent qu'une goutte dans l'océan, et ils n'ont aucun impact sur la compréhension de la situation par la grande majorité des Israéliens.
Le but de cette guerre unilatérale est de forcer les Palestiniens à renoncer à leurs exigences nationales dans leur patrie. Netanyahu veut l'escalade parce que jusqu'à maintenant, l'expérience a prouvé que les périodes de calme après le bain de sang ne nous ramènent pas à la ligne de départ, mais plutôt rabaissent à un niveau toujours plus bas le système politique palestinien, et ajoutent aux privilèges des juifs dans un Grand Israël.
Les privilèges sont le principal facteur qui déforme notre compréhension et notre réalité, en nous aveuglant. À cause d'eux, nous échouons à comprendre que même avec une direction faible, « présente-absente », le peuple palestinien - dispersé dans ses réserves indiennes - n'abandonnera pas, et qu'il continuera de puiser la force nécessaire pour résister à notre maîtrise malveillante.
Source : Alter Mondes, le 8 juillet 2015 - Alice Garcia
Il y a un an, l'armée israélienne lançait l'opération dite « Bordure protectrice », une offensive militaire aérienne et terrestre sur la bande de Gaza. 50 jours et 2 318 morts plus tard, un cessez-le-feu était signé. L'attaque israélienne de l'été dernier est à ce jour la plus destructrice pour les Palestiniens de Gaza. Ils en subissent encore les conséquences et peinent à voir la reconstruction s'enclencher.
Un « niveau de destruction sans précédent causé par le conflit » ; ce sont les mots du Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, prononcés au lendemain de la Conférence des bailleurs pour la reconstruction de Gaza.
Les chiffres sont parlants. Tous les secteurs de la société gazaouie ont été touchés : santé, éducation, énergie, eau, agriculture et secteur privé (voir le tableau et l'infographie).
L'économie peine à redémarrer à cause des dysfonctionnements des infrastructures de base et du blocus illégal imposé et institutionnalisé par Israël depuis 2007. Les restrictions aux importations et exportations constituent en effet le principal frein à la reconstruction.
Pour tenter de remédier à cette situation, les Nations unies, Israël et l'Autorité palestinienne signaient en septembre 2014 un accord instaurant le mécanisme de reconstruction de Gaza (GRM) censé permettre le passage provisoire de matériaux de construction habituellement interdits par Israël. Si quelques dizaines de milliers de familles ont pu réintégrer leur foyer grâce à des reconstructions légères, aucun logement n'a été reconstruit ; les projets sont suspendus par manque de fonds.
L'acheminement ne peut se faire que par un point de passage qui ne suffit pas à traiter le flux de matériaux correspondant aux objectifs du mécanisme. En outre, les autorités israéliennes remettent en question plusieurs points de l'accord tandis que le gouvernement palestinien, en plein conflit interne, perd le contrôle de l'acheminement. Enfin, selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, le mécanisme ne serait pas exempt de corruption.
Seulement 26,8% des fonds pour la reconstruction a été débloqué
La question des fonds pour la reconstruction pose également problème. Les bailleurs de fonds s'étaient engagés à verser 3,5 milliards de dollars, or selon la Banque mondiale, seulement 26,8% a été débloqué. Les bailleurs sont frileux devant l'instabilité politique ; pourquoi refinancer des constructions susceptibles d'être à nouveau détruites dans les années à venir ? C'est la population gazaouie qui en pâtit.
La guerre a aggravé la crise humanitaire dans laquelle Gaza se trouvait déjà : aujourd'hui 80% de la population dépend de l'aide internationale et plus de 70% vit en situation d'insécurité alimentaire. Plusieurs rapports d'ONG ont constaté de nombreuses violations du droit international humanitaire par les autorités israéliennes, dénonçant particulièrement des attaques disproportionnées contre les civils. Des arguments appuyés par les récents témoignages de soldats israéliens recueillis par l'organisation Breaking the Silence. le 22 juin dernier, c'est une commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a publié son rapport.
Malgré l'impossibilité de se rendre en Israël et dans les Territoires palestiniens - due au refus des autorités israéliennes -, la commission fait état de « possibles crimes de guerre » commis par Israël et par les groupes armés palestiniens. Elle condamne notamment Israël pour l'« usage intensif d'armes conçues pour tuer et blesser sur un large périmètre » dans des zones densément peuplées. Elle dénonce également l'incapacité des autorités israéliennes à poursuivre les auteurs des infractions commises. Les enquêtes internes israéliennes n'ont effectivement mené qu'à l'inculpation de trois soldats, pour vol et complicité de vol durant l'offensive ...
Le rapport a fait l'objet d'une résolution adoptée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU et son contenu sera transmis à la Cour pénale internationale dont la Palestine est membre depuis avril 2015. Un pas en avant a été fait, si l'on se souvient du destin du rapport de la commission Goldstone. Le juge Richard Goldstone, qui avait fait état de possibles crimes contre l'humanité commis à Gaza lors de l'opération « Plomb durci » en 2009, s'était rétracté après une campagne de dénigrement lancée à son encontre par Israël.
Source : Al Akhbar, le 11 janvier 2015 - Ma'an et Al Akhbar (traduction française : Info-Palestine.eu)
Un bébé et un jeune homme ont été retrouvés morts à Gaza ce samedi, ce qui porte à quatre le nombre de morts dans la tempête d'hiver Huda, après que les Palestiniens dans la minuscule enclave côtière aient enduré leur nuit la plus froide depuis le début de la tempête.
Le samedi après-midi, une petite fille âgée de deux mois a été retrouvée morte dans un refuge pour les personnes déplacées à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza.Un parent de l'enfant a déclaré à l'agence Ma'an que Salma Zeidan al-Masri, âgée de deux mois, a été retrouvée morte dans l'abri Rashad al-Shawwa à Beit Hanoun. Le communiqué dit que l'enfant était bleue de froid au moment où elle a été trouvée.
Un jeune pêcheur a également été retrouvé mort à Gaza ce samedi, ayant péri à cause du froid extrême. Nizar Ayyash, responsable de l'Union des pêcheurs de Gaza, a déclaré à Ma'an que Ahmad al-Lahham Sufian, âgé de 22, est décédé alors qu'il travaillait sur la rive ouest de Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza.
Un bébé âgé d'un mois, Adel Maher al-Lahham, a succombé au froid très dur dans sa maison à l'ouest de Khan Younis. Le nourrisson Rahaf Abou Assi, âgé de deux mois, est mort de froid vendredi à Rafah en raison de problèmes pulmonaires causés par les très basses températures. Sa famille vivait dans une maison qui a été partiellement détruite par Israël pendant les bombardements de cet été.
Dans les quatre jours qui ont suivi l'arrivée de la tempête Huda en Terre Sainte, des dizaines de familles de Gaza ont été évacuées de leurs foyers en raison des inondations. De graves inondations sont signalées dans certaines parties du sud de la bande de Gaza, touchant particulièrement les familles vivant dans des maisons mobiles et d'autres déplacées par la guerre israélienne.
Les services de défense civile de Gaza ont déclaré que des dizaines de maisons dans le territoire côtier, déjà ravagé par l'assaut israélien sur l'enclave palestinienne cet été, ont été inondées dans la tempête qui a amené de la pluie verglaçante et des vents violents. Raed al-Dahshan, responsable de la défense civile de Gaza, a déclaré que son personnel faisait face à « « une situation difficile qui a été aggravée par un manque d'infrastructures », pour aider ceux qui souffrent de la tempête.
En raison du siège israélien sur Gaza, qui date maintenant de 8 ans, la grande majorité des personnes déplacées par la guerre ont été dans l'incapacité de reconstruire leurs maisons et beaucoup se sont installées dans des maisons mobiles ou d'autres formes de logements insalubres.
La situation est aggravée par le manque de carburant pour l'énergie électrique, ce qui signifie que l'électricité est disponible environ huit heures par jour, avec des coupures occasionnelles limitant encore le temps de fourniture. L'unique centrale électrique de Gaza, qui a été endommagée pendant la guerre, est aux prises avec une grave pénurie de carburant et uniquement en mesure d'approvisionner l'enclave assiégée avec six heures d'électricité par jour. Le manque de carburant est également le résultat du siège israélien, qui limite la capacité des Palestiniens à importer du carburant pour la centrale électrique de Gaza ainsi que pour les besoins domestiques comme le chauffage.
Gaza est aussi sujette à de graves inondations, exacerbée par un manque chronique de carburant qui limite la quantité d'eau qui peut être pompée dans les zones touchées par les inondations. Les pénuries de carburant sont le résultat du blocus israélien qui limite l'importation de machines pour le pompage et la gestion des eaux usées, qui pourraient aider les Gazaouis à lutter contre les inondations. La dernière guerre a exacerbé la crise. Les Gazaouis vivent maintenant aux chandelles et feu de bois à cause des pénuries d'électricité, et utilisent des sacs de sable pour renforcer leurs maisons menacées par les inondations. Certains Gazaouis ont cherché refuge dans le cimetière Sheikh Shaaban à l'extérieur la ville de Gaza, vivant dans des huttes et sous des tentes de fortune.
Plus de 96 000 maisons de Gaza ont été détruites ou endommagées durant le conflit de 51 jours, selon les estimations des Nations Unies. Les responsables des agences internationales disent que 17 000 personnes déplacées vivent encore dans les écoles. En outre, les Nations Unies ont communiqué que jusqu'à 1500 enfants ont été rendus orphelins par les attaques israéliennes qui ont tué plus de 2300 Palestiniens, alors que 6000 enfants ont un parent avec un handicap à vie. La majorité des 110 000 sans-abri de Gaza sont des enfants.
Les tempêtes ont également frappé d'autres pays de la région et trois réfugiés syriens - dont un bébé - sont morts de froid au Liban. Al-Akhbar a également appris qu'un bébé âgé d'une d'une semaine a été retrouvé mort dans un camp de réfugiés d'Ersal. L'information n'a pas encore été confirmée.
Source : Il Fatto Quotidiano, le 29 novembre 2014
Que s'est-il passé durant l'attaque massive de Gaza par les forces israéliennes l'été dernier ? Le médecin et activiste norvégien Mads Gilbert était sur place pour apporter son aide au personnel médical de l'hôpital al-Shifa.
Dans cette interview de 10 min par le journaliste et réalisateur Truls Lie du Monde Diplomatique (Édition scandinave), le Dr Gilbert évoque ces attaques dont il a été témoin, détaille ce que signifie être traité de "terroriste", parle des gens formidables qu'il a rencontrés à l'hôpital al-Shifa, et explique en quoi la paix pour tous doit nécessairement commencer par la fin de l'occupation israélienne et de l'oppression du peuple palestinien, et par la levée du siège de Gaza.
A noter que le Dr Mads Gilbert s'est vu récemment interdire à vie par Israël l'entrée en Palestine.
Source : Républicain Lorrain - supplément 7 Hebdo, le 24 août 2014 - Marie Renaud
Militante des droits de l'Homme, Marie-Jo Parbot est allée recueillir à Gaza des « paroles d'assiégés ». Ses interviews dessinent une société complexe, habitée par la volonté de vivre envers et contre tout.
Pour lire l'article ouvrir ce document PDF.
Source : Lettre au Parlement européen, le 16 juillet 2014 - Nurit Peled-Elhanan*
Chers amis et militants de la paix,
Je vous écris depuis la bouche de l'enfer. Génocide à Gaza, pogroms et massacres en Cisjordanie et la panique des roquettes sur Israël .Trois colons israéliens enlevés et tués, et la police qui a été informée immédiatement n'a rien fait. Leur mort a été utilisée comme un prétexte pour mener l'assaut planifié à l'avance sur la Cisjordanie et Gaza. Un garçon palestinien de Jérusalem enlevé et brûlé vif et la police, immédiatement informée, ne fait rien. Plus de 200 victimes dans le raid sur Gaza. Des familles entières tuées par les pilotes israéliens, et pour résultat, des bombardements de roquettes sur tout Israël . Le racisme dangereux et violent contre des citoyens israéliens arabes, encouragé avec enthousiasme par les ministres israéliens et des membres du Parlement, conduit à des émeutes dans les rues, engendre l'agressivité et de graves discriminations contre les Palestiniens, avec une violence renouvelée qui éclate contre les militants de la paix juifs.
Malgré les accords, les résolutions internationales et les promesses israéliennes, les colonies se développent - tandis que les maisons palestiniennes à Jérusalem-Est et la Cisjordanie sont constamment détruites. L'eau coule sans limitation dans les piscines des colonies, tandis que les enfants palestiniens sont assoiffés et que des villages et des villes entières vivent sous un régime cruel de distribution d'eau , comme cela a été récemment souligné par le président Schultz. Des routes de ségrégation réservées pour les Juifs seulement et de nombreux points de contrôle rendent la vie et les déplacements des Palestiniens impossibles. Le caractère non démocratique de l'Etat d'Israël est de plus en plus en train de se transformer en un Etat d'apartheid dangereux. Toutes ces atrocités ont été conçues par le même esprit diabolique et criminel - l'esprit de l'occupant raciste et impitoyable de la Palestine.
Par conséquent, la responsabilité de tous ces crimes contre l'humanité doit être imputé à qui de droit : sur les mains sanglantes des dirigeants politiques racistes d'Israël , des généraux, des soldats et des pilotes, des hooligans de la rue et des membres de la Knesset. Tous sont coupables de l'effusion de sang et devraient être traduits devant la Cour pénale internationale de justice.
A ce jour, la communauté internationale n'a pas fait assez pour arrêter le régime d'occupation israélien. Les pays européens l'ont sévèrement critiqué alors que dans le même temps , ils continuaient à coopérer pleinement avec Israël, économiquement, politiquement et militairement. En conséquence, Israël ne paie pas de prix pour ses graves violations du droit international et des valeurs humaines.
Au contraire, c'est l'Europe qui paie pour la plupart des dommages humanitaires de l'occupation, ce qui rend encore plus facile pour Israël de la maintenir. Bien que les directives aient été émises interdisant aux institutions de l'UE de sponsoriser ou de financer les organismes de recherche et les activités dans les colonies et que 20 pays européens aient publié des avertissements officiels à leurs citoyens et aux entreprises, à l'encontre des relations commerciales et financières avec les colonies, ce n'est pas suffisant.
Ces mesures ne remettent pas sérieusement en cause la politique israélienne en Palestine occupée. L'Europe pourrait faire beaucoup mieux, ainsi que l'illustre sa réponse dure à l'annexion par la Russie de la Crimée. En quelques semaines, l'Union européenne a imposé des sanctions ciblées sur les responsables russes et ukrainiens et entreprises commerciales en activité en Crimée. L'UE est allée encore plus loin et a élargi les sanctions en interdisant l'importation de marchandises de Crimée.
Nous, les citoyens d'Israël et les apatrides de la Palestine, ne pouvons pas réaliser la fin de l'occupation et arrêter le bain de sang par nous-mêmes. Nous avons besoin de l'aide de la communauté internationale en général et de l'UE en particulier. Nous avons besoin de vous pour poursuivre en justice le gouvernement et l'armée israélienne, nous avons besoin de vous pour boycotter l'économie et la culture israélienne, nous avons besoin de vous pour exhorter votre gouvernement à cesser de tirer profit de l'occupation et nous avons besoin d'appeler à un embargo des armes contre Israël et à lever le siège de Gaza.
Israël est la plus grande et la plus dangereuse organisation terroriste existant aujourd'hui. Toutes ses munitions sont utilisées pour tuer des civils innocents, femmes et enfants. Ce n'est rien de moins qu'un génocide. Comme lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen pour les Droits de l'Homme, en tant que mère et en tant qu'être humain, je demande à l'UE d'utiliser tous les outils diplomatiques et économiques à sa disposition pour aider à sauver mon pays de cet abîme de mort et de désespoir dans lequel nous vivons.
S'il vous plaît , il faut mettre Israël au ban de la communauté internationale jusqu'à ce qu'il devienne un véritable Etat démocratique, et il faut boycotter et sanctionner quiconque fait des affaires avec cet état d'apartheid et nous aider à nous débarrasser de ce gouvernement raciste et sanguinaire pour restaurer la vie des Palestiniens et des Juifs eux-mêmes.
* Nurit Peled-Elhanan, professeur de littérature comparée à l'université hébraïque de Jérusalem, est connue comme militante pacifiste en Israël. Née en 1949, c'est la fille de Matti
Peled, un général de l'armée israélienne qui, après la guerre des Six Jours, s'est élevé contre la politique de colonisation.
Après avoir perdu sa fille de 14 ans dans un attentat kamikaze palestinien (et interdit aux officiels israéliens dont Benjamin Netanyahou de venir à ses obsèques), elle déclare "ne pas avoir
cédé au désespoir mais prononcé un discours avec pour thème la responsabilité d'une politique myope qui refuse de reconnaître les droits de l'autre et fomente la haine et les conflits".
Elle est cofondatrice de l'association israélienne et palestinienne des Familles endeuillées pour la paix. Elle reçoit le prix Sakharov en 2001 en tant que représentante de "tous les
Israéliens qui prônent une solution négociée du conflit et revendiquent clairement le droit à l'existence des deux peuples et des deux États avec des droits égaux". Izzat Ghazzawi, un
professeur de littérature palestinien militant également pour la paix malgré la perte d'un fils dans le conflit le reçoit en même temps. Elle est l'une des trois promoteurs du Tribunal Russell
sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.
Source : Libération, le 20 juin 2014 - avec AFP
La Palestine a remporté vendredi une nouvelle victoire politique à l'Unesco, en obtenant à Doha qu'un paysage de Cisjordanie menacé par le mur israélien, autour du village de Battir au sud de Jérusalem, soit déclaré «patrimoine mondial en péril».
"Ce site est inscrit: félicitations à la Palestine !", a lancé la présidente du Comité du patrimoine mondial, cheikha Al Mayassa bint Hamad Al Thani, à l'issue d'un vote secret remporté à une voix près et contre l'avis des experts conseillant l'Unesco.
Le vote a eu lieu dans le cadre d'une procédure d'urgence: "Palestine: terre des oliviers et des vignes - Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir, Palestine" est ainsi inscrit à la fois au patrimoine mondial et sur la liste du patrimoine mondial en péril.
L'annonce du vote a provoqué un brouhaha dans l'enceinte et plusieurs ambassadeurs auprès de l'Unesco, qui avaient défendu la valeur universelle exceptionnelle du site et fait valoir le danger imminent qui pesait sur lui contre l'avis des experts, se sont empressés de féliciter leur collègue de Palestine, Elias Sanbar.
"Ceux qui ont voté pour cette inscription disent que seule la chute des murs assure l'avènement de la paix et de la réconciliation", a martelé l'ambassadeur palestinien. "Vous venez de prendre, au-delà de l'inscription de Battir, une décision courageuse contre l'enfermement, l'exclusion et la domination", a-t-il dit.
La ministre palestinienne du Tourisme et des Antiquités Roula Maaya a pour sa part décrit Battir comme un "symbole de l'attachement des Palestinien à leur terre", une ville sur la route reliant Gaza à Jérusalem qui est le "témoin d'une présence humaine millénaire continue", a indiqué le ministère palestinien du tourisme dans un communiqué.
De son côté, la représentante de la délégation israélienne, Shuli Davidovich, a déploré "un jour noir pour l'Unesco". "Nous regrettons que le Comité ne se soit pas montré capable de lutter contre cette politisation", a-t-elle dit.
La Palestine a réussi à isoler Israël au sein des 21 membres du comité du patrimoine mondial. Seuls trois ont voté contre l'inscription de ce site sur la liste du patrimoine mondial en péril, onze votant pour, alors qu'il fallait dix voix pour atteindre la majorité.
Lire la suite de l'article en ligne sur le site de Libération.
Source : Arabs 48, le 2 avril 2014 - (Traduction AFPS : Moncef Chahed, Groupe de travail Prisonniers)
L'avocate du ministère des prisonniers Hiba Masalha révèle les pratiques de tortures, d'insultes et de brutalités immorales à l'encontre de l'enfant Rashid Rasmi Al-??Reshk, 14 ans, habitant de la vieille ville de Jérusalem, arrêté depuis le 10/?02/?2014 et détenu dans la Prison de Hasharon pour mineurs.
L'enfant mineur témoigne de comportements terrifiants à son égard, de tortures, de coups et de mauvais traitements dès son arrestation chez lui à 19 h par la police et les agents du " Shin Bet " qui après avoir tout cassé à la maison, l'ont conduit avec brutalité jusqu'à une jeep militaire où des soldats l'ont roué de coups sur le visage et le ventre.
Il affirme avoir été emmené ensuite dans une zone à côté de la porte de Jaffa à Jérusalem et rentré dans ce qui semble être un atelier avec des machines, des courroies et des moteurs électriques. Deux policiers et un des militaires gradés sont rentrés avec lui ; une fois à l'intérieur, ils l'ont assailli de coups portés essentiellement au visage et à l'estomac tout en lui demandant d'avouer. Un des assaillants l'a jeté par terre et lui a marché sur le dos.
L'enfant Al-??Reshk poursuit en disant qu'il a été ensuite transféré à la prison de Mescobieh où son interrogatoire s'est poursuivi pendant 30 jours. Une fois, il a été déshabillé et laissé nu jusqu'au matin. Il a été harcelé et humilié toute la nuit par les gardes. Neufs séances d'interrogatoire durant, des enquêteurs se sont relayés, raconte-??t-??il, pour me frapper, j'étais attaché sur une chaise en position du « Shabah », j'ai subi les coups, les crachats, l'humiliation et les insultes obscènes à chaque séance d'interrogatoire interminable. J'ai été interdit de sortir dans la cour comme tous les autres prisonniers, et de suivre des cours. Ils me criaient dessus « tu es un prisonnier de sécurité » me disaient-??ils, « tu es un animal » en me forçant à nettoyer les cellules.
Il a indiqué qu'une fois, un des gardiens l'a frappé avec sa matraque sur le pied lui causant une forte douleur sans aucune raison, et un autre l'a fait sortir de la cellule en le frappant sur le visage et qu'ensuite il lui a frappé la tête fortement et à plusieurs reprises contre le mur. « J'ai ressenti des douleurs et des étourdissements graves, j'avais des bosses sur plusieurs endroits de ma tête ».
Il a dit que les enquêteurs diffusaient la nuit des voix puissantes et étranges qui l'empêchaient de dormir et lui causaient de douloureux maux de tête.
Source : Communiqué de presse, le 27 février 2014 - Amnesty France
Amnesty International accuse Israël d'avoir tué des dizaines de civils palestiniens en Cisjordanie depuis trois ans «au mépris de la vie humaine», dans un nouveau rapport publié jeudi.
Les forces de sécurité israéliennes ont fait preuve d'un mépris criant pour la vie humaine en tuant des dizaines de civils palestiniens, dont des enfants, en Cisjordanie occupée au cours des trois dernières années, et ce dans une impunité quasi-totale, écrit Amnesty International dans le rapport qu'elle publie jeudi 27 février.
Ce rapport, intitulé Trigger-happy: Israel's use of excessive force in the West Bank, expose la violence croissante et les atteintes aux droits humains commises dans les territoires palestiniens, conséquences de l'utilisation par les forces israéliennes d'une force inutile, arbitraire et brutale contre les Palestiniens depuis janvier 2011.
Dans toutes les affaires examinées par Amnesty International, les Palestiniens tués par les soldats israéliens ne représentaient pas a priori de menace directe ni immédiate pour la vie d'autrui. Dans certains cas, des preuves attestent qu'ils ont été victimes d'homicides délibérés, constitutifs de crimes de guerre.
« Le rapport présente un ensemble d'éléments de preuve qui révèlent une pratique bien établie d'homicides illégaux et de blessures injustifiées visant les civils palestiniens en Cisjordanie, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
« La fréquence et la persistance du recours à la force arbitraire et abusive contre des manifestants pacifiques en Cisjordanie par les soldats et les policiers israéliens - ainsi que l'impunité dont ils bénéficient - laissent à penser qu'il s'agit là d'une politique délibérée. »
Amnesty International a recensé la mort de 22 civils palestiniens en Cisjordanie pour l'année 2013, dont au moins 14 dans le cadre de manifestations. La plupart étaient de jeunes adultes de moins de 25 ans. Au moins quatre étaient des enfants.
D'après les chiffres de l'ONU, le nombre de Palestiniens de Cisjordanie tués par les forces israéliennes en 2013 est supérieur au nombre total de victimes comptabilisées en 2011 et 2012.
Des manifestants pacifiques, des civils se trouvant sur les lieux, des militants des droits humains et des journalistes comptent parmi ceux qui ont été blessés ou tués.
Lire la suite du communiqué (...)
Source : dépêche Ma'an News, le 9 février 2014 - (Traduction AFPS : Guy Perrier)
[Wadi Fukin est un village agricole palestinien à l'ouest de Jérusalem enclavé dans une vallée entre d'un côté l'énorme colonie de Beitar Illit et de l'autre la ligne verte avec Israël. Les habitants du village résistent courageusement aux tentatives d'Israël d'étouffer totalement la vie économique du village et de grignoter ses terres petit à petit. Pour les aider dans cette résistance, les groupes locaux d'Alsace et de Lorraine de l'AFPS soutiennent depuis 2011 un programme de modernisation de la coopérative agricole de Wadi Fukin. Depuis le début du programme, c'est la troisième intervention de l'armée israélienne auxquels les habitants du village doivent faire face : à l'automne 2012, 10,5ha de terres agricoles avaient été confisqués et à l'automne 2013, l'armée israélienne a empêché que se poursuivent les travaux d'aménagement d'un parc de loisirs.]
Jeudi 6 février 2014 - Ce jeudi matin, l'armée israélienne a escorté des bulldozers jusqu'au village de Wadi Fukin, à l'ouest de Bethléem, où ceux-ci ont détruits 300 oliviers nouvellement plantés, malgré les efforts des villageois pour les en empêcher.
Le responsable du conseil local de Wadi Fukin, Ahmad Sukkar, a dit à Ma'an que 50000 mètres carrés de terres ont été nivelés, des anciens murs de pierres sèches ont été démolies par l'armée israélienne.
Des affrontements ont éclaté entre l'armée israélienne et les villageois quand ils ont essayé de défendre leurs terres pendant que les champs étaient nivelés.
Sukkar a dit que la terre était une propriété privée appartenant à Mahmoud Ali Atiyyeh, Ishaq Salih Manasrah, Jamal Mahmoud Atiyyeh et Amin Mousa Atiyyeh.
Il n'a pas été possible de joindre un représentant du coordinateur israélien des activités du gouvernement dans les territoires pour des explications.
Les autorités israéliennes déclarent régulièrement comme terres de l'Etat d'Israël des terres privées palestiniennes ou des terres communales utilisées traditionnellement par les Palestiniens en Cisjordanie. Le résultat est que ces terres sont fréquemment confisquées et certaines parties sont souvent reclassées ultérieurement pour construire des colonies réservées aux juifs.
Les territoires palestiniens, internationalement reconnus, qui comprennent entre autres la Cisjordanie et Jérusalem-Est, sont occupés par l'armée israélienne depuis 1967.
Source : Courrier International, le 19 décembre 2013 - Joharat Baker - MIFTAH
La "judaïsation" des quartiers arabes de la Ville sainte gagne du terrain mais ne brise pas la résistance des jeunes Palestiniens.
De nombreux Palestiniens utilisent le terme de "judaïsation" de Jérusalem pour décrire le processus qu'Israël applique à cette ville. En deux mots, il s'agit d'un projet à long terme qu'Israël met progressivement en place afin de modifier le caractère arabo-palestinien de Jérusalem. Cela implique la démolition d'anciens édifices historiques, le déplacement d'habitants palestiniens, le transfert de leurs logements à des colons et, d'une manière générale, la tentative d'effacement de l'histoire palestinienne de la ville.
La triste vérité est que de prime abord le projet israélien a dans une large mesure réussi. Des poches de colons juifs sont désormais établies au cour des quartiers musulmans et entendent bien y étendre leur mainmise. Sheikh Jarrah, l'un des quartiers palestiniens les plus aisés de Jérusalem, est aujourd'hui constellé de drapeaux israéliens flottant aux fenêtres de logements qui ont été arrachés à leurs propriétaires palestiniens, et le tramway israélien atteint le centre-ville après avoir traversé les quartiers palestiniens de la périphérie. Le tramway n'est bien entendu pas destiné à desservir la population palestinienne, mais à raccorder les colonies et quartiers israéliens de la ville, et les expropriations auxquelles on s'est livré dans les quartiers de Shufat et Beit Hanina pour la construction des voies participent elles aussi du projet d'ensemble.
Ce qu'une mission de l'Unesco n'aurait pas vu même si elle avait été autorisée à se rendre dans la Vieille Ville est l'humiliation quotidienne que doit endurer la population palestinienne de Jérusalem en raison de l'occupation militaire israélienne. Les soldats israéliens interpellent de manière routinière les jeunes pour vérifier leur identité ou simplement les harceler, et les colons bénéficient de mesures de sécurité maximales quand ils se déplacent dans les rues. Quand les colons veulent manifester en ville, les Palestiniens doivent fermer leurs boutiques, et on les empêche pendant plusieurs heures de rentrer chez eux s'ils habitent sur le parcours de la manifestation. Pourtant il y a toujours cette petite lueur d'espoir qui prouve que tout n'est pas perdu.
Pour Chavouot*, colons et extrémistes israéliens ont envahi la Vieille Ville, chantant à tue-tête, cognant contre les rideaux métalliques des boutiques arabes et brandissant d'immenses drapeaux israéliens. Le spectacle était, à tout le moins, déconcertant. Et pourtant, dans l'après-midi de cette même journée, aux alentours de la porte de Damas, les passants ont pu assister à une scène très différente. Des drapeaux palestiniens fermement agités sous le regard menaçant de soldats et policiers israéliens lourdement armés. Les jeunes Palestiniens ne montraient aucune peur, exigeant la liberté d'une voix forte et déterminée. Cette vision du drapeau palestinien flottant devant la porte de Damas était un bol d'air frais. Tout n'est pas perdu et ne le sera jamais parce que l'espoir est éternel, et que la source qui alimente la force et la détermination est intarissable.
Note : * Fête juive célébrant le don de la Torah sur le mont Sinaï.
Source : Info Gaza 684 bis, le 18 novembre 2013 - dépêche Maan News
La bande de Gaza est privée de centrale électrique depuis le début du mois, quand celle-ci est tombée en panne par pénurie de carburant, conséquence du blocus de 7 années imposé au territoire par Israël, avec le soutien de l'Egypte. La centrale n'avait été rouverte que l'an dernier, après avoir été visée par une frappe israélienne pendant l'attaque de 2006 contre Gaza. Cette centrale fournit environ 30 % de l'électricité de la bande, tandis que le reste vient d'Israël et d'Egypte.
Les eaux usées ont envahi les rues d'un quartier au centre de Gaza, le manque de carburant et la fermeture de la seule centrale électrique ayant entraîné la défection de la principale usine traitement des eaux usées.
Mercredi soir, les habitants du quartier de Sabra à Zaitoun dans le centre de la ville ont eu la surprise de découvrir leurs rues inondées d'eau charriant ordures et déchets, aggravant encore leurs souffrances dues aux pannes de courant croissantes.
Le manque de carburant a peu à peu plombé la vie des Gazaouis, à mesure que les centrales électriques et les pompes s'arrêtaient, leur coupant l'accès aux nécessités élémentaires du quotidien.
Même les transports à travers ce territoire de 41 km de long sont devenus impossibles, les conducteurs étant obligés de faire la queue pendant des heures pour avoir un peu de carburant. Les flots d'eaux sales dans le centre de Gaza font de la traversée des rues un cauchemar pour les habitants.
Ezz Al Zanoon, un photographe habitant Zaitoun expliquait à Ma'an ce mercredi soir que le manque d'électricité avait provoqué la panne de l'usine de traitement. « Quand les pompes sont tombées en panne, les eaux sales ont inondé les rues. Jusqu'à maintenant (vendredi soir), on a toujours de l'eau dans les rues. Les rues sont fermées, les enfants ne peuvent pas jouer dehors, les gens ne peuvent pas aller travailler. Tout est affecté », ajoute-t-il.
« On a peur, ce n'est pas une vie »
Ma'an a interviewé Al-Zanoon au téléphone pour savoir comment les Gazaouis se débrouillaient au milieu des difficultés croissantes. « L'électricité disparaît pendant 12 heures d'affilée, puis elle revient pendant 6 heures, puis à nouveau rien pendant 12 heures » dit Al Zanoon.
Même si beaucoup d'habitants de Gaza, hommes d'affaires et services publics, ont des générateurs pour pallier les pannes d'électricité, le manque de carburant les empêche de fonctionner. Ce qui bloque tous les aspects de la vie quotidienne.
« Après 8 heures du soir, il n'y a plus personne dans les rues. Partout il y a la peur, il n'y a aucune vie. La nuit, il n'y a pas de lumières dans la rue, pas de voitures, il n'y a rien. Nous ne pouvons même pas nous déplacer dans la bande de Gaza, aussi petite soit-elle. Il n'y a même plus de carburant pour les voitures » décrit-t-il.
« Tout a changé »
« Comme je n'ai pas de courant, la plupart du temps, je ne peux pas travailler, ni à la maison, ni à l'atelier. Je prends des photos et après je ne peux rien faire, il faut que j'attende que l'électricité revienne. Il y a deux jours je suis allé à l'hôpital pour une opération. Pendant que j'étais là, il y a eu une coupure d'électricité pendant 10 minutes. Même si l'hôpital dispose d'un générateur, par manque de carburant il ne fonctionnait pas. Dans un hôpital, le courant ne peut pas disparaître pendant 10 minutes, tout le système et toutes les machines s'éteignent aussi. Si la crise ne se résout pas très vite, nous n'aurons bientôt plus que 4 heures d'électricité d'affilée » ajoute Al Zanoun.
« De quoi sommes-nous coupables ? »
La pénurie de carburant signifie aussi que l'eau devient une ressource de plus en plus rare dans la bande de Gaza : pour beaucoup d'habitants. elle ne coule plus que deux heures par jours.
"A Zeitoun où je vis, la station d'eau municipale distribue l'eau de deux à quatre heures du matin, alors tout le monde reste éveillé toute la nuit pour profiter de l'eau dès qu'elle arrive. Mais quelquefois, s'il n'y a pas d'électricité, l'eau n'arrive pas. Et donc tout le monde attend jusqu'au petit matin, et rien ne se passe. Les gens sont des victimes. Plus personne ne peut même plus penser à la politique. Tout ce qu'ils ont en tête, c'est : comment avoir de l'eau ? Comment vais-je laver mes enfants ? C'est de cela que les gens parlent, ils ne peuvent pas penser à des questions politiques. De quoi sommes-nous coupables ? Les gens ne pensent plus à la nation, tout ce qu'ils peuvent envisager, c'est comment survivre et comment résoudre leurs problèmes. Les gens sont terrifiés » souligne-t-il.
(La suite sur le site de Palestine 33 ...)
Source : Journal Haaretz, le 28 octobre 2013 - Amira Haas (traduction CAPJPO-Europalestine)
Les colons ont opéré au cours des deux derniers mois des destructions systématiques d'oliveraies palestiniennes en Cisjordanie, avec la bénédiction de l'armée d'occupation et le silence complice des principaux médias, dénonce lundi la journaliste Amira Hass dans le Haaretz.
« Il est clair que l'armée apprécie au plus haut point la "retenue" de journalistes qui satisfont le droit du public à ne pas savoir », écrit-elle ironiquement, dans un article où l'écoeurement le dispute à la colère. Des documents qui sont parvenus au quotidien montrent ainsi, pour les seuls mois de septembre et octobre :
- Le 11 sep : 500 arbres calcinés sur des terres appartenant au village de Deir al Khatab
- Le 15 sep : 17 oliviers sciés à la base sur des terres du village de Kafr Laqif
- Le 17 sep : 18 oliviers pareillement sciés (même village)
- Le 20 sep : 27 oliviers brûlés à Kafr Qaddum
- Le 21 sep : 70 oliviers sciés (même village)
- Le 2 oct : nombreux oliviers sévèrement endommagés sur les terres de la famille Raba'i
- Le 2 oct : une trentaine d'oliviers du village de Jitt sérieusement endommagés
- Le 3 oct : 48 oliviers de la famille Shatat sérieusement endommagés
- Le 5 oct : 130 oliviers de la famille Fukha abîmés
- Le 5 oct : 15 oliviers détruits, et la récolte d'olives volée, dans le village deDeir Sharaf
- Le 7 oct : une soixantaine d'arbres sérieusement endommagés, et la récolte d'olives volée, à Jitt
- Le 7 oct : 8 oliviers détruits au village de Ras Karkar
- Le 7 oct : 35 oliviers détruits à Far'ata, et le quart de la récolte volée
- Le 8 oct : quelque 400 oliviers incendiés à Jaloud
- Les 13-14 oct : vignes et oliviers vandalisés à Far 'ata
- Le 20 oct : des colons juifs d'Yitzhar attaquent des paysans palestiniens qui, avec l'aide de volontaires de l'association israélienne, Les Rabbins pour les Droits de l'Homme, cueillaient les olives. Les assaillants ont utilisé des barres de fer, des matraques et des pierres. Deux paysans et deux volontaires -un homme de 71 ans et une jeune fille de 18 ans ont été blessés.
Le dénominateur commun de cette liste -qui n'est pas exhaustive- est que toutes ces attaques se sont déroulées dans des secteurs de la Cisjordanie dont l'armée israélienne a le contrôle exclusif. Ils se sont produits à proximité immédiate de colonies israéliennes et de leurs avant-postes, toutes gardées par des bataillons de soldats, équipés de tours de guet et de caméras, à Elon Moreh, Karnei Shomron, Kedumim, Ma'on, Sussia, Shavei Shomron, Zayit Ra'anan, La ferme de Gilad, Shiloh et Yitzhar.
Autre élément commun : ces attaques ont eu lieu dans des localités déjà visées antérieurement. Et dans la plupart des villages palestiniens cités, l'armée israélienne, qui n'a pas levé le petit doigt pour mettre fin aux exactions des colons, interdit aux victimes, les Palestiniens, d'accéder à leurs propres terres sauf deux fois par an, le tout sous escorte militaire. C'est pourquoi, hormis pour l'attaque du 20 octobre, les dates mentionnées ne sont pas celles où les attaques ont eu lieu, mais celles où les Palestiniens ont découvert les dégâts.
Les ONG Rabbins pour les Droits de l'Homme et Yesh Din détaillent les incidents survenus jusqu'à la date du 7 octobre. Ils ont envoyé une lettre le 9 octobre aux colonels commandant les brigades installées en Cisjordanie, soit les colonels Avi Balut, Yossi Pinto, Ran Kahane, et Yoav Marom, avec copie au conseiller juridique de l'armée pour la Cisjordanie, Doron Ben-Barak. Cette lettre accuse les officiers de ne pas avoir rempli leurs obligations de protéger les paysans palestiniens et les biens de ces derniers. Le porte-parole de l'armée a dit qu'il répondrait directement aux associations, mais pas à la presse.
Certains des commandants en passe de finir leur temps de service auront sans doute relevé ces informations dans leurs cahiers personnels, qui contiennent vraisemblablement des rapports similaires sur des attaques similaires les années précédentes. Sitôt quitté l'uniforme, ils diront, lorsqu'interrogés par la presse, qu'ils avaient peur que la révélation de telles attaques ne déclenche des explosions de colère. Et quand on leur demande pourquoi ils sont restés silencieux lorsqu'ils étaient encore sous l'uniforme, ils évoqueront l'antagonisme entre le serment qu'ils ont prêté en tant que soldats d'une part, et la vérité des faits d'autre part.
Les militaires ont fait le serment de protéger les citoyens juifs de l'Etat d'Israël en toutes circonstances. En tant qu'officiers, ils considèrent qu'ils sont là pour protéger leurs propres soldats en toutes circonstances. Mais la vérité socio-historique et le simple sens commun montre que la violence exercée par des citoyens israéliens juifs appelle une réponse et une violence additionnelle. La vérité socio-historique nous enseigne aussi que les gens en uniforme qui exercent leur domination sur une population qui ne les a pas élus pour les diriger sont violents du seul fait de leur présence, même quand ils ne sont pas en train de tuer ou blesser autrui, et même quand ils ne font que protéger les voleurs de terre.
Une fois à la retraite, ces officiers vous diront que leur serment de servir était plus important que le sens commun, et ils s'ingénieront à nier la réalité de la violence juive avec les meilleurs « arguments » que l'armée israélienne développe si bien dans ses laboratoires de fabrique de bonne conscience. Pendant ce temps, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer les sessions de briefing au cours desquelles dirigeants militaires et représentants des médias se sont mis d'accord pour ne pas qualifier « d'escalade » les équipées des colons, vu qu'elles ont lieu tous les ans, avec la même fréquence et la même intensité. Et quoi de plus facile de tirer de telles conclusions, dès lors qu'une chape de plomb entoure ces évènements.
En somme, nos officiels auront décidé qu'il faut décidément tout faire pour respecter le « droit » du public ... de ne pas savoir !
Source : Centre Palestinien d'Information, le 2 septembre 2013 - CPI
Le président du syndicat des pêcheurs palestiniens, Nizar Ayash, a décrit l'état des pêcheurs palestiniens dans la Bande de Gaza de la plus mauvaise et qu'ils vivent leur jours les plus mauvais à la lumière de la poursuite de l'occupation contre eux et le blocus imposé sur Gaza.
Il a déclaré que la mer de Gaza est presque vide de bateaux de pêche en raison du manque du carburant et de la chasse exercée par l'occupant qui ouvre le feu de manière continue sur les pêcheurs.
Il est à noter qu'il y a plus de 3700 pêcheurs enregistrés dans la Bande de Gaza. Ils travaillent selon une autorisation portant sur 1500 barques. depuis le déclanchement de l'Intifada d'el-Aqsa en 2000 10 d'entre eux sont tombés en martyrs, alors que 40 autres ont été blessés et 400 sont arrêtés par les pirates de la marine israélienne qui a démoli des dizaines de bateaux de pêche.
Il a nié que les autorités égyptiennes aient libéré quatre pêcheurs arrêtés, il y a plusieurs jours, dans les eaux proches de l'Egypte, soulignant que leur sort est jusqu'à présent inconnu.
Source : Dépêche de l'AFP, le 20 juin 2013 - AFP
Le Comité des droits de l'enfant de l'ONU a accusé jeudi la police et l'armée israéliennes de maltraiter les enfants palestiniens, citant des cas de torture, d'arrestations nocturnes et d'isolement en prison pendant des mois.
"Le Comité exprime sa profonde préoccupation quant aux informations faisant état de l'usage de la torture et de mauvais traitements sur les enfants palestiniens arrêtés (...) et détenus par les militaires et la police", indique le rapport des experts qui ont publié jeudi leurs conclusions.
Selon le document, des soldats procèdent régulièrement à des arrestations d'enfants, la nuit, dans les "territoires palestiniens occupés". Ces enfants ont alors "les mains liés" et "les yeux bandés" et sont transférés vers un lieu le plus souvent inconnu de leurs parents.
Les enfants vivant dans "les territoires palestiniens occupés" sont systématiquement sujet aux violences physiques, sexuelles et verbales, et supportent également des humiliations, menaces et privations d'eau, aliments et hygiène après leur arrestation, indique le rapport.
"Ces crimes sont commis depuis le moment de l'arrestation, durant le transfert et pendant les interrogatoires, afin d'obtenir des confessions", mais aussi avant les procès, ajoute le rapport citant des témoignages de soldats israéliens.
Un motif principal d'inquiétude pour les experts de l'ONU reste le nombré élevé de jeunes Palestiniens dans les prisons israéliennes, la majorité d'entre eux étant accusés d'avoir lancé des pierres.
Depuis 2002, l'armée israélienne a arrêté, interrogé et détenu quelque 7.000 enfants palestiniens ayant entre 12 et 17 ans, soit environ deux par jour, selon le rapport.
En avril, 236 enfants palestiniens, dont 44 ayant moins de 16 ans, se trouvaient dans des centres de détention militaires israéliens, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), qui utilise des statistiques de l'ONG israélienne B'tselem.
Le Comité de l'ONU déplore pour sa part que les enfants palestiniens antant qu'israéliens restent des victimes du conflit, mais il relève que les enfants vivant dans les territoires palestiniens "sont représentés de façon disproportionnée parmi les victimes".
Le Comité dénonce la discrimination dont souffrent les jeunes Palestiniens, mais aussi les jeunes Bédouins, Arabes et Ethiopiens vis-à-vis des Israéliens, et estime qu'Israël continue de "ne pas tenir compte des droits des enfants palestiniens".
Le Comité de l'ONU, chargé d'étudier le respect des droits des enfants dans les différents pays, déplore, par ailleurs, l'absence de coopération des autorités israéliennes en ce qui concernent les droits des enfants palestiniens.
Source : Le Monde.fr avec AFP, le 6 juin 2013 - AFP
Un nouveau gouvernement de l'Autorité palestinienne, dirigé par l'universitaire Rami Hamdallah, a prêté serment, jeudi 6 juin au soir, à Ramallah, en Cisjordanie.
Sept nouveaux membres entrent dans le gouvernement de M. Hamdallah, qui a remplacé dimanche 2 juin le premier ministre démissionnaire, Salam Fayyad. Font leur entrée au gouvernement deux vice-premier ministres, Mohammad Moustapha, président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique de M. Abbas, et le député Ziad Abou Amr. Un banquier, Choukri Bichara, a obtenu le poste de ministre des finances.
Né en 1958 à Anabta, près de Tulkarem (nord de la Cisjordanie), Rami Hamdallah a fait ses études à l'université de Lancaster, au Royaume-Uni, où il a été diplomé d'un doctorat en linguistique appliquée. Président de l'université Al-Najah de Naplouse depuis août 1998, il est également président du conseil d'administration de la Bourse palestinienne, et c'est un proche de Munib Al-Masri, le milliardaire palestinien et magnat du holding d'investissement Padico.
UN HOMME DISCRET MAIS EXPÉRIMENTÉ
Décrit comme un homme pragmatique et direct mais au profil un peu effacé, Rami Hamdallah est membre du Fatah, le principal parti de l'Autorité palestinienne - ce que n'était pas M. Fayyad -, et, depuis 2008, du directoire de la Fondation Yasser-Arafat. Il n'a pas de passé de "résistant" (au cours des deux Intifada) et n'a jamais occupé une fonction politique au sein du Fatah.
M. Hamdallah dispose cependant d'une bonne expérience de la scène politique palestinienne : secrétaire général de la commission électorale palestinienne depuis 2002, il a à ce titre supervisé l'organisation des élections présidentielle (2005) et parlementaires (2006) palestiniennes, les secondes ayant donné la victoire au Hamas. Par contre, la commission électorale avait été écartée des opérations d'inscription sur les listes électorales organisées à Gaza à la fin de 2012 en vue d'un nouveau scrutin législatif par le Mouvement de la résistance islamique, lequel a boycotté les élections municipales qui ont été organisées en octobre en Cisjordanie.
TROIS MOIS POUR UN ACCORD AVEC LE HAMAS
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, chargé par le président Obama de l'initiative de paix israélo-palestinienne, doit proposer un plan économique et politique pour sortir de l'impasse à la mi-juin. De leur côté, les Palestiniens insistent sur la date butoir du 7 juin, laissant entendre qu'au-delà ils n'auront d'autre possibilité que de réactiver leur stratégie visant à profiter de leur statut d'Etat non membre des Nations unies pour demander leur adhésion à différentes agences de l'ONU et à la Cour pénale internationale.
A la mi-mai, les deux principales formations politiques palestiniennes, le Fatah - au pouvoir en Cisjordanie - et le Hamas - qui dirige la bande de Gaza - se sont donné trois mois pour régler leurs différends et convoquer des élections simultanées dans les deux parties du territoire palestinien.
Source : Dépêche de l'AFP, le 26 avril 2013 - AFP
La justice israélienne s'est prononcée en faveur de la construction du mur de séparation israélien dans la vallée palestinienne de Crémisan, près de Bethléem, a indiqué vendredi une association catholique qui réclamait l'abandon du projet.
Une commission spéciale d'appel israélienne, statuant sur les confiscations de terres, a approuvé cette semaine un tracé du mur qui va couper en deux la vallée de Crémisan, a précisé la Société Saint-Yves de Jérusalem dans un communiqué, en jugeant la décision "très problématique et injuste".
La commission a ainsi rejeté les recours présentés par les propriétaires fonciers de la vallée de Crémisan et par la Société Saint-Yves, qui représentait les religieuses d'un couvent salésien également affectées par le tracé du mur.
Depuis plus d'un siècle, les Palestiniens chrétiens de Beit Jala, à proximité de Bethléem en Cisjordanie occupée, cultivent les coteaux de Crémisan, célèbres pour leur vignoble --qui produit le vin de messe de Terre sainte-- et leur communauté monastique salésienne.
Mais la construction de la barrière israélienne, que les Palestiniens ont baptisé "mur de l'apartheid", doit séparer Bethléem, Beit Jala et les villages voisins de la vallée de Crémisan qui va basculer du côté israélien de la clôture.
Les Palestiniens de la région sont convaincus que le tracé du mur a pour objectif de les spolier de leurs terres. Ils accusent Israël d'avoir programmé l'annexion des zones limitrophes de Bethléem afin de séparer cette ville palestinienne de Jérusalem, distante de seulement cinq kilomètres.
En octobre 2012, l'Assemblée des évêques catholiques de Terre sainte avait condamné le tracé planifié par le projet du mur dans la vallée de Crémisan en indiquant que "les décisions de confiscation affecteraient le village d'Al Walaja, ainsi que la vie de 58 familles chrétiennes de Beit Jala, dont la subsistance dépend essentiellement de cette terre". Deux congrégations locales salésiennes, installées depuis 1891, sont également touchées par le projet de barrière.
La plainte des agriculteurs de Crémisan, un vallée pittoresque de 170 hectares, remontait à 2006. Les plaignants n'ont plus comme seul recours que de saisir la Cour suprême israélienne.
Dans un avis rendu le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) a la barrière illégale et exigé son démantèlement, de même que l'Assemblée générale de l'ONU. Israël excipe de raisons sécuritaires pour justifier sa construction.
Source : Communiqué de presse de l'AFPS, le 16 avril 2013 - Bureau National
Le 17 avril 2012, plusieurs centaines de prisonniers politiques palestiniens déclenchaient une grève de la faim pour protester contre les conditions de leur détention. En quelques semaines, le mouvement rassemblait 2 000 prisonniers, décidés à faire entendre leur voix et à faire ressurgir cette question longtemps ignorée.
En 2013, trois faits symbolisent la situation des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes. Arafat Jaradat, 30 ans, est mort le 23 février 2013 « d'un arrêt cardiaque » après cinq jours d'interrogatoire. Quelques semaines plus tard, Missarah Abu-??Hamdieh, 64 ans, et atteint d'un cancer, est mort en prison, victime de négligence médicale. Samer Issawi est en grève de la faim depuis le 1er août et se trouve aujourd'hui en danger de mort.
Tous trois sont victimes de pratiques courantes dans les prisons israéliennes : torture, négligence médicale et maintien en détention administrative.
A ce jour, quelque 5000 prisonniers sont détenus dans les prisons et centres d'interrogatoire israéliens. Parmi eux, au moins 220 enfants dont 45 de moins de 16 ans, 2 anciens ministres, 14 députés, 109 prisonniers d'avant les accords d'Oslo. 198 sont en détention administrative (enfermement sans charge ni procès, renouvelable à l'infini tous les 6 mois).
L'AFPS a lancé en juillet 2012 une campagne de parrainage des prisonniers politiques palestiniens appelant à écrire une fois par mois à un prisonnier pour lui transmettre un message de soutien. Aujourd'hui, plus de 2 000 personnes parrainent un prisonnier détenu dans une prison israélienne. Dans certaines prisons, des prisonniers ont pu répondre à leurs parrains, confirmant l'importance de ces démarches de solidarité.
L'AFPS a reçu Mahmoud Sarsak, ancien joueur de football et prisonnier politique, en tournée en Europe. Il avait fait une grève de la faim de 92 jours, alors qu'il était en détention administrative depuis trois ans. Interrogé sur le soutien international, il nous a dit : « La solidarité internationale est très importante. Elle fait comprendre au prisonnier que ses parents ne sont pas les seuls à se préoccuper de son sort. Ces lettres confortent les prisonniers. Pour tout vous dire, même lorsque je ne comprenais pas la langue dans laquelle les mots étaient écrits, j'étais heureux de recevoir une lettre venant d'Europe. »
La semaine du 17 avril, marquée par de nombreuses initiatives de solidarité avec les prisonniers palestiniens, donnera à la campagne de parrainages une dimension nouvelle à la hauteur des enjeux. Avec ces emprisonnements de masse et de longue durée, l'objectif des autorités israéliennes est bel et bien de briser la résistance du peuple palestinien.
Nous ne laisserons pas la question des prisonniers retomber dans l'ombre : cruciale pour toute la société palestinienne, elle est désormais au premier plan de l'agenda politique.
Source : Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, le 15 mars 2013 - ATL Jénine
« Ils m'ont fait rire, ils m'ont fait pleurer ! Je n'ai jamais vu le sort d'un prisonnier traité sur le registre artistique d'une manière aussi magnifique, sensible, émouvante et forte à la fois » Majid Beltaji, spectateur.
La première soirée de la nouvelle production du Théâtre de la Liberté, l'Ile, a fait salle comble le mardi 7 mars dans le camp de réfugiés de Jénine.
Le représentant du Ministre de l'Intérieur de l'Autorité palestinienne à Jénine est venu assister à la représentation avec un groupe d'anciens prisonniers politiques et leurs familles. L'un d'eux est resté emprisonné 27 ans.
L'Ile est une pièce au temps de l'apartheid sud africain qui se déroule dans une prison autour de deux compagnons de cellule : Mouctar et Imam qui passent leurs journées à un travail physique abrutissant et leurs nuits en répétitions de l'Antigone de Sophocle.
L'adaptation de l'île par le Théâtre de la Liberté reflète l'expérience des prisonniers politiques palestiniens et les abus du système carcéral israélien. La pièce met également en lumière le parallèle entre l'Afrique du Sud de l'apartheid et la Palestine aujourd'hui.
L'Ile est mise en scène par le directeur artistique du Théâtre de la Liberté, Gary M. English, qui est aussi professeur d'art dramatique à l'Université du Connecticut aux Etats-Unis : « L'Ile est un drame politique par excellence, dont les idées politiques sont enracinées dans les personnages et dans leur expérience. Les thèmes de la pièce sont universels, notamment la tragédie de ceux qui, dans le monde sont de toutes façons emprisonnés pour des raisons purement politiques, des croyances ou simplement parce qu'ils s'expriment contre l'injustice. »
Au moment culminant de la pièce, Mouctar dit : « comment puis-je compter mes jours, 1, un autre jour, 1, un autre jour.. ». Les applaudissements ont alors crépité dans le public, particulièrement parmi les anciens prisonniers.
Le théâtre « qui compte » est bien vivant à Jénine. Les représentations gratuites de l'Ile continuent jusqu'au mercredi 13 mars. La pièce ira en tournée en Suède, Norvège, Brésil et aux Etats Unis plus tard dans l'année.
Le Théâtre de la Liberté dédie cette pièce à Samer Issawi et à tous les autres prisonniers politiques.
Plus de détails sur l'Ile sur le site internet du Freedom Théâtre.
Source : RFI, le 20 février 2013 - Emilie Baujard
Le mouvement de solidarité envers les prisonniers palestiniens en grève de la faim s'étend en Cisjordanie. Des centaines de Palestiniens ont manifesté mardi 19 février pour demander la libération de quatre détenus incarcérés en Israël et qui ont arrêté de s'alimenter depuis plusieurs semaines pour protester contre leurs conditions d'incarcération. Ce matin, la cour suprême israélienne doit étudier une pétition présentée par des avocats israéliens et palestiniens.
Le visage de Samer Issawi est placardé sur la place centrale de Ramallah. Ce jeune homme de 34 ans est en grève de la faim, par intermittence, depuis plus de 200 jours. Comme les trois autres détenus qui ont eux aussi cessé de s'alimenter, Samer Issawi fait partie des prisonniers libérés en octobre 2011 dans le cadre de l'échange avec le soldat israélien Gilad Shalit.
Des prisonniers libérés puis arrêtés à nouveau par les autorités israéliennes pour violation de leurs conditions de libération. Des motifs obscurs, estime l'avocat Mahmoud Hassan, de l'association de défense des prisonniers palestiniens, Adameer.
« Ces personnes ont été ré-arrêtées sur la base d'informations secrètes. Donc, elles ne savent pas ce qu'on leur reproche, elles ne savent pas comment l'information a été obtenue, ni si elle est valide. C'est un processus illégal ! Ces prisonniers doivent pouvoir savoir pourquoi ils ont été arrêtés pour pouvoir se défendre ! »
A Ramallah, plusieurs dizaines de Palestiniens ont manifesté devant les locaux des Nations unies et de la Croix rouge pour leur demander d'intervenir. A Gaza, le Jihad islamique prévient que si un détenu en grève de la faim devait mourir, cela signerait la fin de la trêve signée avec Israël en novembre dernier.
Source : L'Humanité, le 23 janvier 2013 - Françoise Germain-Robin
Face à "l'urgence", les évêques de France s'engagent sur la question palestinienne, appuyant l'appel d'organisations chrétiennes.
Lors d'une conférence présidée par Mgr Podvin, porte-parole des évêques de France, une brochure (1) appelant les chrétiens à s'engager pour la paix a été présentée lundi au siège de la Conférence des évêques. Très didactique, ce document de 24 pages rappelle l'histoire du conflit israélo-palestinien, décrit la spoliation des Palestiniens "confrontés à l'injustice et l'oppression" et "l'impasse d'Israël". Il demande aux chrétiens d'agir pour l'application du droit international.
Pour François Soulage, président du Secours catholique, "après l'échec d'Oslo où les Palestiniens ont accepté de ne plus avoir que 22% des territoires occupés en 1967, l'idée se répand chez les Palestiniens qu'un État n'est pas possible tandis qu'Israël, de plus en plus sûr de son impunité, ne se mobilise plus pour la paix. La question de l'absence d'intervention internationale est posée".
La brochure demande aux chrétiens, avec Guy Aurenche du CCFD, d'interpeller les autorités françaises et européennes. Elle reprend la déclaration "Kairos" (Le moment d'agir) faite en 2010 par les chrétiens de Palestine sous la conduite de Mgr Sabbah, ex-patriarche de Jérusalem. Un texte qui "combat la résignation et appelle à l'action" dont Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi, reconnaît qu'il a "fait débat" dans l'Église de France, car jugé trop pro-palestinien.
Les évêques s'y joignent enfin, estimant avec Mgr Boivineau, de Justice et Paix, qu'il y a urgence, car "toute la région est pourrie par ce conflit qui alimente l'extrémisme". Ils s'inquiètent de la situation de plus en plus périlleuse des chrétiens d'Orient. Appel est lancé à "multiplier les pèlerinages et à exiger d'aller à chaque fois dans les territoires occupés".
Cette brochure devrait être distribuée dans toutes les paroisses et y faire l'objet de débats.
(1) Elle est cosignée par le CCFD-Terre solidaire, Pax Christi, Justice et Paix et le Secours catholique, avec le soutien des Chrétiens pour la Méditerranée, de la DCC et de l'Ouvre d'Orient.
Source : Courriel interne à l'AFPS, le 24 novembre 2012 - Salah Hamouri
Chères amies, Chers amis,
Je suis avec beaucoup d'attention la campagne de parrainage des prisonniers palestiniens que vous avez lancée.
Je suis très heureux qu'elle prenne une grande ampleur en France.
Bravo à toutes et tous.
Je voulais faire ce message pour vous informer que les lettres arrivent bien dans les prisons.
Les familles nous le disent et parfois des prisonniers, par l'intermédiaire de leurs familles, arrivent à faire passer des lettres pour celles et ceux qui les soutiennent.
Je crois qu'il faut faire savoir cela à celles et ceux qui se sont engagés. Cela ne peut que les motiver davantage même si, eux personnellement, n'ont pas de retour direct.
Les lettres arrivent et les prisonniers ont bien compris ce que vous faisiez !
A bientôt en France pour continuer ensemble !
Je vous adresse, depuis Jérusalem, toutes mes amitiés militantes et mes remerciements.
Salah Hamouri
Source : Courriel de l'UJFP Nancy, envoyé le 10 octobre 2012 à de nombreux élus de la région impliqués dans le projet AFPS "De l'eau pour Wadi Fukin" - Yves Lubraniecki
Bonjour à Tous,
L'État d'Israël vient d'annoncer la confiscation de 6 ha de terres cultivables dans le village agricole de Wadi-Fukin (1 200 habitants). Il s'agit du partenaire avec qui nous travaillons depuis plusieurs années sur l'irrigation maraîchère avec des financements français.
Une nouvelle fois, et c'est quotidien, l'État d'Israël viole délibérément les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels dont il est l'un des signataires et qu'il a ratifiés en 1951. Ces textes sont pourtant très clairs quand ils interdisent formellement le transfert de population de la puissance occupante vers le territoire occupé (Art. 49 dernier alinéa de la 4e Convention de Genève de 1949) et quand il interdit à la puissance occupante de "détruire des biens mobiliers ou immobiliers, appartenant individuellement ou collectivement à des personnes privées, à l'État ou à des collectivités publiques, à des organisations sociales ou coopératives, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires."(Art. 53 de la 4e Convention de Genève de 1949).
Pour m'être rendu sur place en juillet dernier, je puis attester, d'une part, que les parties cultivées de Wadi-Fukin sont totalement dominées par une énorme colonie israélienne comptant au moins 30 000 habitants, alors que nous sommes en Cisjordanie à l'extérieur de la frontière internationale avec Israël (Ligne verte).
D'autre part, cette nouvelle confiscation, si elle représente une opération militaire « absolument nécessaire », c'est peut-être pour continuer la construction du mur scandaleux dont tout le monde se souvient qu'elle a été déclarée illégale par la Cour de justice internationale de La Haye. En tout cas, mur ou pas, le résultat sera un blocage de la possibilité d'accroître les surfaces cultivées alors que notre action commune cherche justement à favoriser un tel progrès.
Ces errements constituent des "infractions graves" au sens des conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels (cf. sur le site de la Croix Rouge en cherchant le mot "bien").
Vous entendrez sûrement des partisans d'Israël vous dire que les Conventions de Genève ne concernent que les conflits à caractère international, ce qu'ils dénient au conflit israélo-palestinien. Il est bien évident qu'un tel argument ne saurait être entendu puisque nous avons, d'un côté, un État indépendant et de l'autre une population sans État qui n'a évidemment pas la nationalité israélienne. Le caractère international est donc indéniable.
Jusqu'à quand et jusqu'à quel niveau d'indignité la France va-t-elle perdre son âme en couvrant de son silence les agissements de cet État ?
Alors que tout le monde peut facilement constater que la colonisation, la construction du mur, l'oppression des populations civiles, la dépossession des ressources naturelles en eau - autant d'éléments que j'ai constatés avec mes yeux en juillet 2012 - ne peuvent pas avoir pour objectif d'assurer sa sécurité, mais la mainmise qu'il est en train d'opérer sur une terre qui ne lui appartient pas.
Par ailleurs, personne ne peut nier que ce conflit envenime depuis des décennies l'ensemble des relations entre l'Islam et le monde occidental. Comment la France peut-elle légitimement se poser en facteur d'apaisement dans ce contexte si elle ne commence pas par soutenir le premier facteur de Paix que constituerait la reconnaissance équitable des droits légitimes des deux peuples en cause ? Dans ces conditions, notre silence devant une telle dépossession forcée et illégale constitue-elle à nos yeux cette reconnaissance équitable des droits légitimes des deux peuples en cause ? Qui ne voit pas chaque jour que cette saleté - avec l'alignement systématique du CRIF sur la politique de l'État d'Israël - génère dans notre pays un antisémitisme latent devenant violent ?
Et vous-même (je m'adresse aux élus des collectivités concernées), comment pourriez-vous justifier que, d'un côté, vous votez des subventions pour l'irrigation de cultures de Wadi-Fukin et que, d'un autre côté, vous laissiez Israël faire ce qu'il veut et réduire à rien le travail entrepris ?
Comme l'AFPS mais au nom de l'Union juive française pour la Paix (UJFP) à Nancy, si vous êtes un élu, je vous interpelle : lequel, laquelle ou lesquels d'entre vous aura ou auront le courage nécessaire pour vous lever et dire "Maintenant ça suffit ! La France ne peut plus être complice de cette ignominie ! Revenons au Droit !".
Je compte sur vous, nous comptons sur vous.
Salutations.
YL.
Source : Le Monde, le 21 août 2012 - Véronique Falez
Avner est un homme de 27 ans au visage enfantin, avec des yeux très bleus, des cheveux blonds et des taches de rousseur. Entre 2004 et 2007, il a effectué son service militaire dans l'unité spéciale des parachutistes de l'armée israélienne, entre Naplouse et Jénine, en Cisjordanie.
"Comme sergent, j'ai mené de nombreuses opérations dites "straw widow", qui consistent à prendre une maison palestinienne pour placer des tireurs d'élite ou des observateurs, raconte Avner. J'ai réveillé des familles. On les regroupait dans une pièce. Je me rappelle d'un incident : un soldat pointait son arme sur un père et son fils qui essayaient de lui parler en arabe. Aucun d'entre nous ne comprenait. Le soldat s'est énervé. Le garçon voulait juste aller aux toilettes, et il a eu si peur qu'il s'est uriné dessus. Avant mon service, j'ai travaillé avec des enfants et je me suis dit qu'il aurait pu être l'un d'eux."
L'ancien militaire termine aujourd'hui ses études dans le secteur social. "Avant de faire l'armée, je pensais que les Palestiniens étaient une entité ennemie, je n'avais pas imaginé que je serais confronté à des femmes, des enfants et des personnes âgées, poursuit-il. Tsahal [Forces de défense d'Israël] traite de la même façon un enfant qui jette des pierres et un militant du Hamas."
Avner a décidé à la fin de son service de se tourner vers l'association Breaking the silence ("Rompre le silence"), qui recueille les témoignages d'anciens soldats ayant servi dans les territoires occupés. L'Organisation non gouvernementale (ONG) a rassemblé les récits anonymes d'une trentaine de jeunes Israéliens passés sous les drapeaux entre 2005 et 2011, et confrontés à des violences commises sur des enfants palestiniens.
LES MILITAIRES LEUR FONT PEUR
"Il y a un grand malentendu sur la façon dont l'armée israélienne traite les enfants. De l'extérieur, on imagine qu'ils bénéficient d'un traitement spécial, or ce n'est pas le cas, justifie Yehuda Shaul, fondateur de l'ONG. Nous sommes loin de la violence palestinienne des années d'Intifada, mais l'armée se comporte comme à cette époque-là : pour contrôler les Palestiniens contre leur volonté, les militaires leur font peur, et c'est devenu une routine."
L'un des soldats témoigne d'une procédure, pourtant interdite, utilisée lorsque l'armée vient arrêter un suspect palestinien : les soldats envoient un voisin, chargé de demander aux habitants de la maison encerclée de sortir. "Je pense que ça s'est passé à Tulkarem. Nous avons fait sortir tout le monde, sans trouver la personne recherchée. Alors nous avons envoyé des voisins, puis un enfant. Il a dû faire le tour de la maison, ouvrir toutes les portes et fenêtres, allumer toutes les lumières." Le commandant de l'unité savait que le procédé était illégal. "Il a déclaré qu'il préférait qu'un voisin soit tué (...) si cela permettait d'éviter à l'un de ses hommes d'être abattu en entrant dans cette maison", raconte le soldat. La population n'a pas d'autre choix que de coopérer. "Quand tu frappes à une porte dans la nuit, avec ton arme braquée sur son visage, ta lampe dans ses yeux, que tu vérifies qu'il n'est pas armé (...), il ne te dira pas qu'il ne veut pas coopérer."
"L'ENFANT JUIF EST LIBRE DE FAIRE CE QU'IL VEUT"
David était affecté à Hébron. Il explique que les colons juifs de la ville lui ont donné du fil à retordre. "Il y avait cet enfant juif qui marchait le long de la route des Fidèles [réservée aux colons]. Un enfant arabe passe, l'enfant juif le frappe. Si l'enfant arabe avait répliqué, j'aurais dû l'attraper et le gifler. L'enfant juif est libre de faire ce qu'il veut." Daniel a lui aussi servi à Hébron. Il circulait en Jeep avec le commandant de la compagnie lorsqu'à un point de contrôle, il aperçoit trois adolescents palestiniens qui refusent de passer sous la machine à rayons X. Le commandant coince un des garçons dans une ruelle, lui cogne la tête contre le mur et le frappe violemment.
"Dans la voiture, je me disais : je m'attends à une situation comme celle-là depuis que je suis enrôlé, j'ai rejoint l'armée pour empêcher ce genre de comportement, et je suis là, à ne rien faire (...) parce que j'ai vraiment peur de ce commandant."
En 2008, à Ramallah, un sergent de la brigade Kfir (infanterie) participe à une embuscade tendue à des jeunes Palestiniens du camp de réfugiés de Jelazoun, en Cisjordanie. Ces adolescents prennent régulièrement pour cible la colonie de Beit El, à quelques centaines de mètres de là, en jetant des cocktails Molotov sans jamais atteindre les habitations. "Un de mes amis était installé à Beit El, en position de tireur embusqué, se souvient le sergent. Un gamin a balancé un cocktail Molotov. Mon ami a tiré." L'enfant est mort.
Les soldats qui rompent le silence "réalisent après coup ce qu'ils ont fait, ce à quoi ils ont participé, et ils veulent le faire savoir ", note Yehuda Shaul. En révélant leur vision de l'occupation, sans clémence, à l'égard des enfants, Breaking the silence espère interpeller la société israélienne.
Source : Le Monde, le 16 juillet 2012 - avec AFP
C'est une première en cinq ans. Les familles de 24 Palestiniens de la bande de Gaza emprisonnés en Israël ont pu leur rendre visite lundi 16 juillet pendant une demi-heure, a-t-on appris de source officielle.
Le rétablissement de ces visites, suspendues depuis juin 2007, date de la prise de contrôle de Gaza par le mouvement islamiste Hamas, était l'une des principales revendications acceptées par Israël en échange de la levée d'une grève de la faim massive des détenus palestiniens, en vertu d'un accord conclu le 14 mai.
Accompagnés par des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), 40 proches de prisonniers ont franchi dans la matinée le terminal frontalier d'Erez à destination de la prison de Ramon, dans le sud d'Israël, avant de regagner la bande de Gaza en début d'après-midi. La porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne a assuré que cette visite "pilote" s'était déroulée "sans incident" et que d'autres seraient en conséquence autorisées régulièrement, la prochaine étant prévue selon elle dans deux semaines.
"C'ÉTAIT UN JOUR DE FÊTE POUR MOI"
"Je suis très heureuse, je n'ai pas dormi depuis que la Croix-Rouge nous a dit que j'allais rendre visite à mon mari, que je n'avais pas vu depuis sept ans", a déclaré l'épouse du prisonnier Helmi Al-Aïmaoui, condamné à perpétuité et qui a passé dix-neuf ans en prison. "J'ai pleuré quand je l'ai vu, ses traits ont changé. La visite n'a duré qu'une demi-heure, mais c'était un jour de fête pour moi", a-t-elle confié.
Oum Ibrahim Baroud, 75 ans, mère du prisonnier Ibrahim Al-Baroud, qui a purgé vingt-six des vingt-sept ans de sa peine, s'est elle dite "incapable de parler" après avoir revu son fils "pour la première fois depuis quinze ans". "Il a beaucoup changé", a-t-elle dit.
POUR LE HAMAS, "GESTE SANS VALEUR"
Le CICR s'est félicité dans un communiqué de cette "première étape", espérant que "les visites familiales vont reprendre pour tous les prisonniers" originaires de la bande de Gaza. "Selon le droit international, les autorités israéliennes sont dans l'obligation d'autoriser les visites des familles", a rappelé le chef de la délégation du CICR en Israël et dans les territoires palestiniens.
Mais le Hamas a qualifié cette visite de "geste sans valeur compte tenu de la poursuite de la privation de visites familiales pour quelque 500 prisonniers de la bande de Gaza", dénonçant dans un communiqué cette "violation des conventions internationales et des droits de l'homme".
Selon la porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne, 400 Palestiniens de la bande de Gaza et 4 000 de Cisjordanie sont incarcérés en Israël. Les détenus de Cisjordanie ont droit "à une visite toutes les deux semaines ou tous les mois selon la prison dans laquelle ils sont détenus", a indiqué l'administration pénitentiaire israélienne.
Source : Haaretz (version anglaise), le 17 juin 2012 - Amira Hass (traduction O, Afps)
Un réserviste israélien des Forces armées israéliennes (IDF) qui a refusé de prendre part à toute activité militaire pour protester contre l'occupation des Territoires palestiniens et qui est détenu dans une prison militaire a décidé d'entamer une grève de la faim pour exprimer explicitement sa solidarité avec les prisonniers palestiniens en détention administrative.
Yaniv Mazor, un résident de Jérusalem âgé de 31 ans, a été condamné, la semaine dernière, à 20 jours d'incarcération pour avoir refusé d'assurer toute fonction, combat ou autre, dans ce qu'il dit être une armée d'occupation. Il a été transféré le lundi à la prison militaire, Tzrifin, entamant une grève de la faim, le lendemain.
Lors d'une conversation téléphonique avec son avocat Michael Sfard, lundi, Mazor a déclaré qu'il était révolté depuis quelques mois par la grève entamée par les prisonniers palestiniens en détention administrative, tout en se sentant impuissant.
"J'ai décidé d'entamer une grève de la faim par solidarité, afin d'éveiller les consciences au sujet de la détention administrative, et non pour obtenir ma propre libération."
Ce réserviste de l'armée israélienne a ajouté qu'il avait été incarcéré de son plein gré : "J'avais commis un acte pour lequel je devais payer. Cette grève de la faim est une protestation contre les détentions administratives.", a-??t-??il dit.
Selon les amis de Mazor, appartenant à la branche situé à gauche de l'ONG Ta'ayush, le réserviste a été placé à l'isolement pour avoir refusé non seulement de porter l'uniforme en prison mais aussi de s'adresser aux commandants de la prison en utilisant leurs titres officiels.
Les militants de Ta'ayush ont aussi affirmé que les autorités de la prison avaient annulé la diminution automatique de la durée de son incarcération (1 jour tous les 10 jours de détention) sans raison spécifique. Mazor, guide de profession, a servi dans l'armée entre 1999 et 2002, exerçant son activité dans la Vallée du Jourdain et dans d'autres endroits de la Cisjordanie.
En tant que réserviste, il a été rappelé six ou sept fois. A cette époque, a-??t-??il affirmé au journaliste Haggai Matar, la question de l'occupation israélienne a commencé à le troubler de plus en plus. "Je suis arrivé dans l'armée comme un pur produit du système ... J'étais un brave garçon, servant dans les territoires occupés, qui exécutait les ordres sans réfléchir. La plupart du temps, sans réfléchir".
Selon Mazor, il avait aussi essayé de pratiquer "l'insubordination grise" qui permet au soldat de ne pas révéler publiquement son refus. Mais, à son retour d'un séjour d'une année à l'étranger, il a décidé qu'il ne pouvait plus dissimuler sa position.
Tout d'abord, il y a une dizaine de jours, il a reçu une condamnation avec sursis d'une durée de 15 jours après avoir déclaré qu'il refusait de servir. Sfard dit qu'il avait alors reçu l'ordre de son commandant de bataillon de "rentrer chez lui et de réfléchir".
"Yaniv m'a dit qu'il avait passé le week end à procéder à une visite guidée de la ville d'Hébron avec Breaking the Silence - une ONG qui recueille les témoignages des soldats israéliens concernant leur période de service dans les territoires occupés » a affirmé Sfar. Il m'a aussi indiqué qu'il avait fait la tournée des collines du sud d'Hébron avec Ta'ayush, ajoutant que "son opinion était restée inchangée pendant ces 2 jours ainsi que sa position au sujet de l'insubordination".
Il a ensuite reçu l'ordre de rallier sa base dimanche où le Commandant de sa brigade lui a signifié son arrêt. Selon Mazor, le Commandant l'a informé qu'il continuerait de recevoir des convocations pour effectuer son service militaire.
En guise de réponse, l'IDF a confirmé qu'un soldat avait été mis en examen et condamné à purger sa peine dans une prison militaire, mais en ajoutant que, par respect pour la vie privée du soldat, il ne discuterait pas les détails relatifs à son cas.
Source : Association France Palestine Solidarité, le 14 mai 2012 - Bureau National
La commission centrale de la direction de la grève de la faim des prisonniers palestiniens, réunie à la prison d'Ashkelon, a validé l'accord transmis par le médiateur égyptien et qui prenait en compte l'essentiel de leurs revendications : fin du dossier de la détention administrative (les détenus concernés seront jugés ou libérés), fin des mesures de mise à l'isolement, fin de la privation de visite pour les familles de Gaza ...
C'est là une très grande victoire.
Le gouvernement israélien et l'administration pénitentiaire ont été contraints de faire droit aux revendications des prisonniers palestiniens après des semaines de lutte et une longue journée de négociations ce 14 mai.
Cette victoire est celle des prisonniers qui, en entamant avec une totale détermination une grève de la faim préparée de longue date, ont fait la preuve de leur haut niveau d'organisation et de conscience politique. Elle n'a pu être menée que par l'union de toutes les forces politiques et a apporté la preuve que l'unité nationale est déterminante pour faire reculer les autorités israéliennes.
Elle est, par là même, la victoire de tous les Palestiniens qui ne lui ont pas ménagé leur soutien.
Elle est intervenue malgré le mutisme des pays européens et des Etats-??Unis, et a rencontré le soutien de l'opinion internationale en dépit d'un incompréhensible et injustifiable black-??out médiatique. Elle constitue un puissant encouragement à la résistance civile et populaire du peuple palestinien tout entier et un appel à renforcer le mouvement international de solidarité pour que justice lui soit rendue.
Source : Libération, le 17 avril 2012 - Aurore Coulaud
Détention. 1 200 prisonniers ont entamé une grève de la faim pour dénoncer les conditions de réclusion.
A l'occasion de la journée annuelle des prisonniers palestiniens, près de 1 200 d'entre eux, détenus dans les prisons israéliennes, ont entamé, hier, une grève de la faim. Quelque 2 300 autres ont, quant à eux, décidé de refuser la nourriture des centres pénitentiaires durant vingt-quatre heures.
En signe de solidarité, de nombreuses manifestations ont eu lieu en Cisjordanie ainsi que dans la bande de Gaza ; 3 000 personnes étaient ainsi rassemblées à Naplouse (dans le nord de la Cisjordanie), un millier d'autres défilaient à Ramallah (au centre) et 1 500 manifestants s'étaient réunis à Hébron, brandissant les portraits de prisonniers.
Cette action «coup de poing», qui coïncide également avec la libération de Khader Adnane, un responsable du Jihad islamique ayant observé une grève de la faim de soixante-six jours, vise à dénoncer les conditions de détention jugées de plus en plus précaires. Amani Sarahne, le porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, espère que cette première étape évoluera et que presque tous les prisonniers rejoindront le mouvement d'ici à la fin du mois. De leur côté, les services pénitentiaires israéliens ont fait savoir par communiqué «avoir connu des grèves de la faim dans le passé et être prêts à y faire face à nouveau».
Ce mouvement très politique des prisonniers a pour effet de relancer le débat sur la très controversée détention administrative, une mesure héritée du mandat britannique qui permet à l'Etat hébreu de garder en détention, sans jugement préalable, des suspects pour des périodes de six mois indéfiniment renouvelables.
Selon Amani Sarahne, la plupart des 4 700 Palestiniens sont emprisonnés pour des motifs sécuritaires. Parmi eux, 319 sont en détention administrative et 534 purgent des peines de prison à perpétuité. Toutefois, ces grèves de la faim jugées, par certains, nécessaires à l'avancée de la cause palestinienne, peuvent s'avérer fatales. Dans le passé, six détenus sont morts derrière les barreaux à la suite de complications survenues après avoir cessé de s'alimenter.
Source : ACAT-France, Amnesty International France, Association France Palestine Solidarité, Ligue des droits de l'Homme, 29 mars 2012 - Comuniqué commun
L'ACAT-France, Amnesty International France, l'Association France Palestine Solidarité et la Ligue des droits de l'Homme ont exigé jeudi 29 mars la libération de Hana Al-Shalabi, jeune palestinienne de 29 ans en détention administrative depuis février dernier et dont les jours sont en danger. Les associations exhortent les responsables politiques français à réagir.
Hana Al-Shalabi a été enlevée chez elle par l'armée israélienne, le 16 février dernier. Brutalement interrogée et soumise à une fouille à corps humiliante, elle a été mise en détention administrative, sans charge, ni procès.
Depuis plus de 41 jours, Hana Al-Shalabi poursuit une grève de la faim pour protester contre son arrestation brutale et contre son maintien en détention administrative. Cette pratique arbitraire et injuste, en vigueur depuis l'occupation britannique, est toujours exercée en Israël. L'ordre de détention est délivré par un commandant militaire et permet aux autorités israéliennes de détenir sans jugement pour une période indéterminée et sans la moindre justification toute personne, considérée comme une « menace pour la sécurité » d'Israël.
Hana Al-Shalabi, qui a déjà été en détention administrative pendant près de deux ans et demi et a été libérée dans le cadre de l'échange de détenus entre Israël et le Hamas, se bat pour sa liberté et sa dignité, comme l'a fait juste avant elle Khader Adnan, qui a payé de sa santé 66 jours de grève de la faim et qui attend toujours sa libération annoncée pour le 17 avril prochain.
La détention administrative, pratique équivalant à une détention arbitraire, constitue une violation grave du droit international en contrevenant au droit à la liberté et à la sécurité de la personne et au droit à un procès équitable, garantis notamment par les articles 9 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par Israël. Elle viole également le droit international humanitaire.
Les député(e)s, les responsables politiques, le gouvernement français et la communauté internationale ne peuvent garder le silence plus longtemps face à cette violation israélienne du droit international et humanitaire. Ils doivent la condamner.
Ils doivent appeler les autorités israéliennes à l'abrogation pure et simple de la procédure de détention administrative et exiger la libération immédiate de Hana Al-Shalabi. Sa vie est aujourd'hui en jeu.
Source : Message de Ziad Medoukh, professeur de français à Gaza ; le 21 février 2012
Depuis plus d’une semaine, la bande de Gaza vit une véritable crise humanitaire. La fermeture de l’unique centrale électrique a provoqué de longues coupures de courant, jusqu’à 18 heures par jour, ce qui signifie que la maison ou le quartier ont droit à six heures d’électricité quotidiennes.
Vous imaginez ? Plus d’un million sept cent mille habitants privés d’électricité pendant des jours et des jours !
Outre ces coupures, en plein hiver, à Gaza, c’est la pénurie d’eau. Tous les puits municipaux qui approvisionnent les habitants fonctionnent à partir du courant électrique.
Vous imaginez ? Des foyers privés d’eau pendant des jours et des jours !
Cette situation est liée au manque de fioul et de carburant qui entraient normalement dans la bande Gaza par Israël et l’Egypte.Cette pénurie a des conséquences dramatiques sur la vie quotidienne des Gazaouis et paralyse les secteurs économiques de cette région sous blocus.
Imaginez-vous une terre sans électricité, sans eau et sans carburant ? Nous sommes au troisième millénaire quand même !
Israël refuse l’entrée de matériel et de pièces de rechanges pour cette centrale endommagée par les multiples bombardements, notamment lors de sa dernière offensive contre Gaza en 2009. L’Egypte refuse de continuer à fournir du carburant via les tunnels, à Gaza. Nous avions mis toute notre espérance dans leur révolution , mais un an après la chute de l’ancien régime de ce pays voisin, pour les Gazaouis , rien n’a changé.
A cause du manque de carburant, les moyens de transports ne peuvent pas fonctionner, les étudiants sont contraints d’aller à pied à l’école ou à l’université, la vie est paralysée. Beaucoup d’usines ont fermé leurs portes, des milliers de travailleurs se retrouvent au chômage, ce que aggrave la situation déjà délicate des habitants de cette prison à ciel ouvert. Les hôpitaux et les centres médicaux sont les plus touchés, beaucoup d’opérations chirurgicales sont annulées, beaucoup d’appareils médicaux sont en panne, la vie de centaines de patients est menacée.
L’état d’urgence a été décrété dans la bande de Gaza et même les quelques générateurs qui continuent de fonctionner vont être arrêtés, faute de fioul.
Devant cette crise, les Gazaouis s’interrogent :
Où sont les organisations de droits de l’homme ?
Où est le monde dit libre ?
Source : Union Juive Française pour la Paix, le 14 février 2012 - Bureau National de l'UJFP
Le Tribunal Russell sur la Palestine reconnait que, selon le statut de Rome, l’apartheid est un crime de guerre. Une avancée majeure pour le mouvement de solidarité avec la Palestine.
Israël est-il, oui ou non, coupable de Crime d’Apartheid ? Le débat n’est pas nouveau. De nombreux textes sur ce sujet ont été publiés ; tous concluaient que la situation en Israël et, dans une certaine mesure, dans les Territoires Palestiniens Occupés, relevait du régime d’Apartheid.
Toutefois, ce débat a été oublié par les processus Oslo, de Madrid qui auraient dû aboutir, au moins en partie, à une auto-détermination pour le peuple palestinien. Avec l’échec de ces processus, le débat est récemment réapparu, de l’enracinement du régime d’occupation militaire et colonial, de la politique de colonisation des Territoires Palestiniens Occupés, de la poursuite du blocus de la Bande de Gaza, de la poursuite de la politique discriminatoire envers les citoyens palestiniens d’Israël, envers les réfugiés vivant à l’étranger.
- L’Avis de la Cour Internationale de Justice du 9 juillet 2004, disant que la construction du mur et la politique qui lui est associée, sont contraires au droit international ;
- L’appel de la Société Civile palestinienne de juillet 2005 à la Société Civile internationale pour la mise en œuvre d’ une campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’ Apartheid et l’occupation de la Palestine, réaffirmant l’unité des Palestiniens des Territoires Occupés, des Réfugiés et des Palestiniens de 1948.
- L’attaque de l’ hiver 2008/2009 contre les populations civiles de la Bande de Gaza, les crimes et les destructions massives perpétrés par les forces armées israéliennes, le rapport de la commission Goldstone ensuite ;
La création du Tribunal Russell sur la Palestine en 2009, ses deux premières sessions à Barcelone et à Londres en 2010 puis, celle récente au Cap en Novembre 2011, ayant comme seule question à aborder : Israël – Apartheid ? ;
- Les conclusions publiées en décembre dernier, permettent enfin de rétablir aux yeux de l’opinion publique internationale la vérité – trop longtemps occultée - sur la nature exacte du sionisme, cette théorie raciste de ségrégation et de discriminations raciales généralisées, de persécutions, à l’encontre de l’ensemble du peuple Palestinien : les Palestiniens vivant sous occupation en Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens citoyens d’Israël, les Réfugiés palestiniens où qu’ils résident.
Tous ces facteurs constituent un apport considérable à la compréhension de l’ Appel de la Société civile palestinienne à la Société civile internationale pour la mise en œuvre de la campagne internationale BDS, un puissant levier pour que nous portions cette Campagne à un niveau supérieur.
Toutefois, ce débat a été oublié par les processus Oslo, de Madrid qui auraient dû aboutir, au moins en partie, à une auto-détermination pour le peuple palestinien. Avec l’échec de ces processus, le débat est récemment réapparu, de l’enracinement du régime d’occupation militaire et colonial, de la politique de colonisation des Territoires Palestiniens Occupés, de la poursuite du blocus de la Bande de Gaza, de la poursuite de la politique discriminatoire envers les citoyens palestiniens d’ Israël, envers les réfugiés vivant à l’étranger.
C’est dans ce contexte que nous devons comprendre la parution du récent rapport d’information de la commission des affaires étrangères de l’ Assemblée Nationale traitant de la géopolitique de l’eau, le défi de la gouvernance dans le monde , l’étude de cas intitulée : "Les conflits anciens du bassin jordanien et les tensions récentes du bassin d’ Aral", les conclusions faisant l’objet d’un tableau de synthèse intitulé : "L’eau révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen-Orient".
C’est ce "gros mot" : APARTHEID (sur la seule question de l’eau), qui a mis en fureur les représentants du CRIF et ses satellites, les uns et les autres criant au mensonge, à la calomnie, etc..., exigeant des futurs candidats aux élections présidentielles qu’ils se prononcent contre ce qu’ils qualifient de contre vérité, affirmant sans vergogne la nature "démocratique" de l’Etat sioniste.
Pour notre part, nous ne pouvons que nous féliciter que le masque ait été définitivement arraché à l’Etat israélien abusivement présenté comme la seule démocratie du Moyen-Orient - au moment de l’Histoire où les peuples du Moyen-Orient prennent leurs destins en main - que l’applicabilité du crime d’Apartheid - dont celui de crimes contre l’ Humanité - soit définitivement associée à la politique israélienne que nous dénonçons depuis de nombreuses années.
Nous avons pleinement conscience de l’énormité de cette accusation, nous la faisons totalement notre. Conscients, que seule la fin de cette politique de persécutions racistes intolérable faite au peuple Palestinien, permettra que s’instaure une politique de paix et, souhaitons le, une politique de réconciliation entre les deux peuples, Palestiniens et Israéliens.
Nous appelons tous et toutes nos adhérent-te-s, là où ils sont, à œuvrer avec l’ensemble des forces démocratiques solidaires de la lutte du Peuple Palestinien – sans crainte - au développement de la campagne nationale BDS, à dire : non à l’apartheid israélien !
Source : Haaretz, le 21 décembre 2011 - Amira Hass (traduction française "Le Grand Soir": Dominique Muselet)
Les Palestiniens sont des héros et c’est la seule chose qui ressort des attaques des voyous des collines (les colons ndt) contre eux. Les mains sont les mains de voyous, et la tête ? La tête est celle du régime hostile imposé aux Palestiniens qui les persécute à chaque instant de leur vie, jour après jour, semaine après semaine depuis des décennies. Vivre dans de telles conditions et rester sain d’esprit —c ’est de l’héroïsme. "Et qui dit que nous sommes sains d’esprit ?" me répondent les Palestiniens. Eh bien voilà la preuve qu’ils le sont : ils sont capables de se moquer d’eux-mêmes.
Les voyous des collines ne sont que la cerise sur le gâteau. La plus grosse partie du travail est faite par les voyous en gants de chevreau. Contrairement à ceux qui ont lancé des pierres à l’adjoint du commandant de brigade, ceux-là sont les chouchous d’Israël. La chair de notre chair. Des officiers et des soldats, des juges militaires, des architectes et des hommes d’affaire au service de l’armée, du ministère de l’Intérieur et des employés de l’Institut de la Sécurité Nationale. Les mains sont leurs mains. La tête est celle du peuple juif israélien qui par des voies démocratiques envoie son gouvernement imposer ses dictats aux Palestiniens.
En quoi consiste la dictature israélienne sur les Palestiniens ? Ce n’est pas seulement le contrôle de leur espace et la création d’enclaves isolées les unes des autres ; pas seulement l’envoi de jeunes israéliens de 19 ans —masqués et armés jusqu’aux dents— dans des raids militaires (560 le mois dernier selon le groupe qui supervise ce secteur dans le département des négociations de l’OLP) ; pas seulement les arrestations quotidiennes (257 arrestations en novembre dont 15 Gazaouis) et les 758 blocs de pierres mis en travers des routes de Cisjordanie pour les condamner temporairement le mois dernier.
La dictature n’est pas seulement l’interdiction faite aux Palestiniens de construire dans plus de 60% de la Cisjordanie, l’invention quotidienne de nouvelles lois pour les priver de leurs droits civiques et les expulser, ni la démolition en 2011 de 500 maisons palestiniennes, de puits, de citernes, d’abris pour les animaux, des toilettes et autres structures essentielles. La dictature est tout cela et beaucoup plus encore.
La dictature israélienne est l’art des deux poids deux mesures (les Palestiniens n’ont pas le droit de construire sur leur terre cultivable car elle est classée en zone rurale mais l’état peut légaliser une colonie juive construite sur de la terre cultivable palestinienne). Israël est le champion de l’arrogance et de la prétention ("la seule démocratie") et il détient la palme de l’hypocrisie ("prêt à retourner à la table des négociations à tout moment"). Ce qui empêche les Palestiniens de devenir fous de colère, c’est qu’ils savent que tout cela se retournera contre les Israéliens eux-mêmes.
Tous ceux que la dictature israélienne a blessés se sentent seuls, démunis, furieux et désespérés. Mais chaque famille à sa manière cultive son humanité. D’une manière étonnante et émouvante, — en dépit de rivalités internes, d’une répartition injuste du fardeau, de manifestations d’ignorance et d’opportunisme, et de leaders décevants — la dictature israélienne a rendu les Palestiniens plus solides et plus solidaires.
C’est le "sumud" dont l’avocat Raja Shehadeh a parlé il y a longtemps, quand nous vivions encore dans l’illusion que le peuple juif israélien pouvait guérir de la maladie du pouvoir. Ce que recouvre ce mot est aussi vrai de chaque individu que de chaque famille : c’est la capacité de résilience, la capacité de se contrôler avec beaucoup de sagesse et de finesse, qui est à la base du courage qui est devenu la norme en Palestine et qui se transformera en résistance collective de masse quand le moment sera venu.
Les Palestiniens sont des héros et ce n’est pas seulement une belle tournure journalistique. C’est une fait dont les voyous n’ont que faire mais qui pourrait peut-être toucher les gens qui ferment les yeux —et il y en a beaucoup. Les gens ferment les yeux parce qu’ils veulent que tout soit normal. Ce qu’ils ne voient pas n’existe pas et ne les gêne pas. La normalité israélienne a besoin que les Palestiniens disparaissent ou au moins qu’ils se taisent et se rendent. Mais la bravoure des Palestiniens n’a pas fini de contrarier les espoirs israéliens de normalité.
Amira Hass est la correspondante de Haaretz dans les Territoires Occupés. A ce titre, elle a vécu 3 ans à Gaza et cette expérience a fait l’objet de son célèbre livre : "Boire la mer à Gaza". Elle vit dans la ville de Cisjordanie de Ramallah depuis 1997.
Source : Info-Palestine, le 7 décembre 2011 - Angela Lano
"(...) En traversant les rues de Gaza, il apparait clairement que la Bande a été reconstruite grâce à la volonté invincible de ses enfants. Les décombres et les gravas ont été collectés, écrasés et mélangés avec du sable. Les édifices publics que le déchainement sioniste meurtrier avait détruits durant l’opération Plomb Durci (hiver 2008-2009) ont été reconstruits. Les matériaux de construction ont pu entrer dans la Bande par des « tunnels de la survie » . Les Gazaouis ne sont pas restés les mains croisées, bien au contraire, ils ont réussi à reconstruite ce qu’Israël avait détruit.
Depuis janvier 2009, la situation dans la Bande de Gaza est totalement différente. En vérité, le millier de tunnels construits sous la frontière avec l’Egypte permettent l’introduction de produits alimentaires, de l’habillement, des voitures qui, même d’occasion, restent très chères, des jouets et bien d’autres marchandises.
Les magasins ne manquent pas de produits, que se soit dans le vieux souk de Gaza ou bien dans les nouveaux supermarchés modernes, au style arabo-occidental. Il est vrai qu’il n’y a plus d’urgence humanitaire, mais le problème tourne autour du chômage qui a atteint son plus haut niveau et qui, par conséquent, empêche l’acquisition des produits de première nécessité. La plupart des Gazaouis sont pauvres et manquent d’argent.
Il existe encore des zones encore plus affectées, comme le camp d’An-Nusseirat. Cette partie de la ville, sauvagement frappée par l’opération Plomb Durci, est toujours dans la ligne de mire des israéliens. La population de ce camp est quasiment isolée puisque les ponts et les routes avaient été détruits, et que la reconstruction se fait attendre par manque de fer et d’acier.
Israël assiège, ferme et attaque constamment la Bande de Gaza. Israël détruit les maisons et les infrastructures, les champs et les barques des pêcheurs. Israël empêche la libre circulation des personnes et des produits. Il tire sur les ouvriers et les empêche de travailler rien que pour les affamer et leur enlever toute possibilité de jouir d’une vie digne et normale. (...)"
Cliquez ici pour lire le compte-rendu dans sa totalité.
Source : Middle East Monitor, le 8 décembre 2011
Dans une nouvelle tentative potentiellement mortelle d'imposer une limite unilatérale aux pêcheurs de Gaza, Israël a placé une série de bouées au large des côtes de Gaza. La manoeuvre ne cherche pas seulement à imposer le blocus maritime du territoire assiégé, mais aussi à multiplier les restrictions sur la flotte de pêche de Gaza.
Les bouées ont été positionnées 3 miles au large depuis Beit Hanoun, au nord de la Bande, jusqu'à Rafah au sud.
Le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche à Gaza-Ville a décrit ce geste des autorités israéliennes d'occupation comme une tentative d'augmenter la pression sur les pêcheurs gazaouis. Cela va également, a déclaré un porte-parole du Ministère, fournir une excuse aux navires de guerre israéliens patrouillant à l'intérieur des eaux territoriales légalement définies, pour tirer sur les équipages lorsque les bateaux de pêche iront au-delà de cette limite artificielle créée de toute pièce par le pouvoir occupant.
Le Ministère a condamné cet acte et a appelé les institutions internationales à soutenir les pêcheurs palestiniens et mettre fin au siège. Le porte-parole a en même temps demandé que les israéliens libère tous les pêcheurs actuellement détenus, et leur restitue tous les biens confisqués.
Source : Le Journal Du Dimanche, 12 novembre 2011 - Hadrien Gosset-Bernheim, correspondant à Esh Kodesh (Cisjordanie)
REPORTAGE. Extrémistes inclassables, les "jeunes des collines" multiplient les violences antipalestiniennes. Leur but : venger les démantèlements de colonies illégales.
L’une de ses brebis est blessée à l’oreille. Debout au milieu de l’enclos où se bousculent les moutons, Eitan Ben Zeev est occupé à la soigner avec les gestes précis d’un vieux berger. Le jeune homme de 19 ans semble insensible au vent qui souffle sur cette colline rocailleuse. Située sur une hauteur qui domine la vallée de Shilo, en plein cœur de la Cisjordanie, Esh Kodesh – une tour de guet et une trentaine de caravanes disposées en cercle – est une colonie sauvage. Mais pour Eitan, c’est encore le genre d’endroit trop "installé". Lui rêve à la colline voisine, où il avait construit sa maison et où l’armée est venue le déloger en pleine nuit, avant de raser le bâtiment. Depuis, il ne décolère pas.
Ces dernières semaines, Esh Kodesh et le chapelet de petites colonies qui l’entourent sont le foyer d’une vague d’exactions antiarabes qui inquiète Israël. Des violences destinées à venger les destructions d’avant-postes illégaux par les autorités israéliennes. Leurs auteurs, de jeunes colons extrémistes, appellent cela la politique du tag merir : "le prix à payer". Cette formule, dont ils signent systématiquement leurs forfaits, a ainsi été retrouvée sur les murs de plusieurs mosquées récemment incendiées dans les territoires palestiniens et en Israël même. Mais les juifs israéliens, qu’ils soient militants de gauche ou officiers chargés des évacuations, ne sont pas non plus épargnés par la fureur de ces "jeunes des collines", comme ils se sont surnommés.
"S’il faut buter 10.000 Arabes, je suis prêt"
Face à ce phénomène, le président de l’État hébreu, Shimon Peres, a dit publiquement sa "honte" et son "humiliation". Quant au gouvernement, il se demande comment mener à bien la série d’évacuations de colonies sauvages ordonnées cette semaine par la Cour suprême. Le risque, bien sûr, c’est la provocation de trop, celle qui mettrait le feu aux poudres en Cisjordanie.
Les "jeunes des collines" ne sont pourtant pas nombreux – une cinquantaine d’activistes très violents et un gros millier de sympathisants, souvent des adolescents en rupture de ban. Mais en mobilisant les autorités, ils ont atteint leur objectif : les convaincre que chaque attentat anti-israélien, chaque destruction de maison juive en Cisjordanie, entraînera des représailles contre les Palestiniens et des échauffourées avec l’armée. Pour eux, la politique du "prix à payer" n’est pas un slogan, mais une réalité comptable.
"Tant qu’ils ont peur de nous, nous sommes en sécurité. Si pour éliminer un terroriste potentiel, il faut buter 10.000 Arabes, je suis prêt. Si pour empêcher une évacuation, il faut faire passer un sale quart d’heure à des soldats, je le suis aussi." Ainsi fanfaronnait Alex Ovstroski, rencontré par un après-midi de crachin. Né en Biélorussie et arrivé en Israël à l’âge de 5 ans, ce laïc détonnait au milieu de ses copains qui portent leurs longues papillotes et leurs larges kippas de laine comme un programme politique. Cela ne l’a pas empêché de devenir une légende chez les "jeunes des collines", qui se racontent ses exploits : descentes musclées dans des villages arabes, champs incendiés, oliviers arrachés, voitures caillassées ... Mais en s’introduisant dans une base militaire en septembre pour la vandaliser, Alex a franchi la ligne rouge. Arrêté par le Shin Bet, il risque une longue peine de prison.
Le service de sécurité intérieure s’inquiète en effet d’une dérive terroriste chez ces jeunes colons qui se seraient constitués en cellules autonomes, dressant des listes de cibles à frapper. Rejetant les appels au calme des rabbins et des représentants des colons, qu’ils considèrent comme des collabos, ils sont insaisissables et difficilement infiltrables.
La stratégie des implantations satellites
Ces anars ultranationalistes sont surtout très bien organisés. La preuve avec Meir Brettler, surnommé le "père des jeunes des collines", bien qu’il n’ait que 25 ans. C’est l’un des pionniers du mouvement. À 14 ans, ado fugueur et déscolarisé, il prenait possession d’une colline sans eau ni électricité. Dix ans plus tard, la tente des débuts s’est transformée en une jolie maison où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Cet idéologue au débit de mitraillette veille à maintenir la région sous pression constante, en poussant toujours plus loin la présence juive. Carte à l’appui, il montre comment les implantations sauvages ont essaimé comme des satellites autour des grosses colonies, démultipliant ainsi leur emprise au sol. "De cette manière, une poignée de militants suffit pour contrôler la Judée-Samarie, explique-t-il. L’objectif, c’est d’empêcher toute possibilité physique d’État palestinien."
Ce projet, Eitan Ben Zeev est bien décidé à en prendre sa part en reconstruisant sa maison. Les autorités israéliennes la feront peut-être détruire une nouvelle fois, mais, au fond, le berger d’Esh Kodesh s’en fiche. Le récit biblique qui lui sert de cadastre et de feuille de route raconte en effet que l’Éternel a promis cette terre à Abraham et à sa descendance. "Et ça, personne n’y peut rien. Même le pire de nos ennemis."
Source : Association France Palestine Solidarité, le 1er novembre 2011 - Bureau National
L’AFPS se félicite vivement de l’admission de la Palestine, en tant qu’Etat de plein droit, au sein de l’Unesco. C’est le 195e Etat à rejoindre cette organisation onusienne.
Nous nous félicitons également de ce que, dans ce cadre, la France ait voté pour, rompant avec l’idée avancée que cette initiative palestinienne était "prématurée". Son vote a été salué par un tonnerre d’applaudissements au sein de l’assemblée - ce qui en dit long des attentes qui existent vis à vis de notre pays.
Notre association, qui n’a pas menagé ses critiques par rapport à la position française exprimée avant ce vote n’en est que plus crédible en constatant positivement ce résultat et en estimant que sa voix et ses efforts ont été pris au sérieux et entendus.
Seuls 14 pays - dont les Etats-Unis et Israël ainsi que l’Allemagne - ont voté contre. Leur isolement éclatant n’est pas durablement tenable. Ils se mettent à côté de l’histoire car ils se mettent hors le droit.
Ce vote à l’Unesco conforme au droit international en appelle d’autres afin que bougent positivement les lignes au Proche-Orient.
Nous continuerons à agir dans ce sens pour renforcer la dynamique, pour aller avec le droit, vers une paix juste et durable dans cette région du monde.
Dans cet esprit nous appelons l’ensemble de nos groupes à poursuivre et à renforcer leurs efforts afin que la France vote "oui" au Conseil de sécurité face à la seule question qui lui est posée : oui ou non la Palestine à l’ONU !
Source : Jean-Claude Lefort, 6 octobre 2011 - Président de l'AFPS
Des milliers de Palestiniens détenus par Israël ont entamé depuis le mercredi 28 septembre une grève de la faim pour dénoncer l’isolement carcéral et la détérioration de leurs conditions de détention.
Le ministre palestinien des prisonniers et des libérés, Isaa Qaraaë, a déclaré que : "Les autorités pénitentiaires ont imposé de lourdes sanctions et des mesures sans précédent, mettant les prisonniers en état de rébellion contre toutes les règles en vigueur dans les prisons de l’occupation".
L’Article 119 de la quatrième Convention de Genève, dont Israël est signataire, stipule l’illégalité de l’isolement continu de plus de trente jours d’un prisonnier, quelle que soit l’infraction commise et même dans les cas où un prisonnier aurait à répondre de plusieurs faits, au moment où il est statué à son égard, que ces faits soient connexes ou non. L’article 116 de cette même convention acte le droit des prisonniers à recevoir des visites et en premier lieu celles de leurs proches.
Or, les prisonniers palestiniens qui sont des prisonniers politiques font souvent l’objet d’actes de vengeance de la part des gouvernements successifs israéliens. Cette fois-ci, c’est à la demande de Netanyahou, que des mesures punitives ont été prises contre les détenus palestiniens. Parmi lesquelles :
1) Interdiction d’accéder aux livres et aux programmes éducatifs
2) Généralisation et augmentation de la durée d’isolement des détenus. Cette période peut atteindre plusieurs années, voire une dizaine d’année dans certain cas.
3) Restrictions drastiques, voire même suppression pure et simple du droit de visite des familles
4) Ainsi que d’autres mesures d’humiliation comme l’obligation de rencontrer son avocat menottes aux poignets.
5) Augmentation de 20 jours de la peine de prison pour chaque année passée en incarcération, soit 100 jours, par exemple, pour 5 années de condamnation.
Cette grève avait commencé la veille par des militants prisonniers du Front populaire de libération de la Palestine pour protester contre l’isolement continu de leur secrétaire général Ahmad Sa’adat depuis quatre ans.
Le député et dirigeant du Fatah Marwan Barghouti avait lui aussi subi cet acte de vengeance en juillet dernier, juste après avoir appelé les Palestiniens à descendre par milliers dans la rue pour accompagner la demande palestinienne d’adhésion à l’ONU. Le prisonnier Ahmad al-Moghrabi, qui avait déjà subi l’isolement dans les cellules individuelles de Beer Saba, les décrit comme étant de "sombres cercueils" : les cellules sont étroites, sombres, souterraines, humides, sans aération.
Il est du devoir de la communauté internationale, et plus particulièrement la France dont l’un de ses ressortissants, Salah Hamouri, fait partie de ces prisonniers, de sommer Israël de respecter le droit international et de cesser de maintenir un grand nombre de prisonniers en isolement, au mépris des dispositions de la quatrième convention de Genève. Israël refuse d’appliquer ces conventions en arguant que les territoires occupés en 1967 seraient des « territoires disputés ».
Cette position n’a rien à voir avec le droit car il s’agit bel et bien de territoires occupés selon tous les critères internationaux.
Source : Le Nouvel Observateur, 3 septembre 2011 - René Backmann
Le veto de Washington empêchera sans doute la Palestine de devenir dans trois semaines le 194e Etat membre de l’ONU, même si elle doit accéder à un nouveau statut international. Ce qui suffit à inquiéter Israël.
"Croyez-vous que nous avions un autre choix que le recours à l’ONU ? Depuis près de vingt ans, nous avons tout tenté pour préserver ou relancer le processus de paix. Tout : rencontres secrètes, négociations directes sous patronage américain, pourparlers indirects avec navette américaine, échanges discrets ou publics avec représentants du Quartette. En vain. Des personnalités israéliennes et palestiniennes ont présenté en 2003, à Genève, une initiative équitable et réaliste. Encore en vain. Obama, à peine élu, a tenté de mettre son charisme dans la balance. Toujours en vain. Et pendant ce temps, Israël construisait impunément en Cisjordanie un mur de séparation de 700 kilomètres, et augmentait jour après jour la population de ses colonies. Au point que, depuis Oslo, le nombre de colons israéliens a doublé. Et qu’ils sont aujourd’hui un demi-million.”
"Nous sautons dans l’inconnu"
Sa jovialité naturelle atténue l’indignation de ce confident du président palestinien dont le bureau s’ouvre sur des collines ensoleillées hérissées d’immeubles neufs et de grues, témoignages de la fièvre immobilière qui grise Ramallah. Mais, sans quitter des yeux l’écran de télévision où défilent les images de chars et de fusillades reçues de Syrie par Al-Jazeera, il ne cherche pas à cacher son inquiétude à trois semaines du pari diplomatique à haut risque tenté par Mahmoud Abbas : “Nous sautons dans l’inconnu.”
Le 20 septembre, si tout se passe comme prévu, le représentant du Liban, qui préside actuellement le Conseil de Sécurité de l’ONU, présentera au secrétaire général Ban Ki-moon une demande officielle d’admission de l’Etat de Palestine - dans les frontières de 1967 : Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza - aux Nations unies.
Au moins 124 pays - sur les 193 membres de l’ONU - ont déjà annoncé qu’ils reconnaissent l’Etat palestinien et qu’ils voteront pour son admission. Une vingtaine d’autres au moins auraient, selon le négociateur palestinien Saeb Erekat, promis de les imiter. Le seuil requis des deux tiers de votes favorables (129 Etats) semble donc largement dépassé. Mais, les dirigeants palestiniens le savent déjà, leur pays ne deviendra pas, après le Soudan du Sud, le 194e Etat membre de l’ONU. Il faudrait pour cela le vote favorable de 9 des 15 membres du Conseil de Sécurité, dont, impérativement, celui des cinq membres permanents (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine). Et Washington a déjà annoncé que les Etats-Unis opposeraient leur veto à la demande des Palestiniens.
L’administration Obama épouse désormais la position israélienne
Pourquoi ? Officiellement parce que cette initiative créerait un “fait accompli diplomatique” qui pourrait compromettre une reprise des négociations. En réalité, parce que l’administration Obama, qui épouse désormais la position israélienne, refuse de voir le conflit israélo-palestinien internationalisé et exposé, dans toute sa rudesse, devant le forum des nations. Au mieux, les Palestiniens obtiendront de l’Assemblée générale le curieux statut d’“Etat non membre”, plus propice à l’action diplomatique que leur actuelle position d’observateur. Ce statut - dont dispose aujourd’hui le Saint-Siège - leur permettra de renforcer leur présence au sein des grandes organisations de l’ONU et confortera l’assise juridique de leur combat contre l’occupation et la colonisation israéliennes.
Envisagé depuis plusieurs années, le recours aux Nations unies est devenu inévitable aux yeux des responsables palestiniens après l’échec de la dernière phase des négociations, en septembre 2010. En refusant le gel des constructions dans les colonies que réclamait le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) et qu’exigeaient les Palestiniens pour reprendre le dialogue, Benyamin Netanyahou a satisfait son électorat et affirmé sa fidélité à ses convictions idéologiques, mais il a contraint Mahmoud Abbas à changer de stratégie plus vite que prévu. Les brevets de bonne gestion décernés en 2010 au Premier ministre Salam Fayyad par le FMI, la Banque mondiale et l’ONU, qui jugeaient l’Autorité palestinienne assez performante pour assumer les responsabilités d’un Etat, avaient rassuré les Palestiniens et leurs partenaires sur la perspective de l’indépendance. Mais nombre de conseillers de Mahmoud Abbas estimaient que l’édification et le rodage des institutions de l’Etat pouvaient aller de pair avec la poursuite des négociations.
Ce sont les initiatives unilatérales de Netanyahou en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la passivité de Barack Obama, révélatrice de son affaiblissement face au Premier ministre israélien et l’impuissance du Quartette qui ont précipité le choix des dirigeants palestiniens. “Au rythme où Israël réquisitionne les terres, constitue des réserves foncières pour l’expansion des colonies et construit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il n’y aura bientôt plus rien à négocier, constate Khalil Tafakji, ancien cartographe de la délégation palestinienne. En dehors de quatre cantons autour des villes principales, qui représentent moins de 40% du territoire, Israël contrôle la majorité de la Cisjordanie. Dans l’indifférence générale. Et je ne suis pas sûr que notre offensive aux Nations unies puisse y changer quelque chose.”
“La négociation bilatérale qui a, depuis vingt ans, la faveur d’Israël et des Etats-Unis nous a conduits dans une impasse, constate Ghassan Khatib, politologue devenu porte-parole de l’Autorité palestinienne. Les Israéliens sont trop forts pour faire des concessions. Nous sommes trop faibles pour faire autre chose que dénoncer leur arrogance. Pourquoi l’approche multilatérale qui caractérise notre recours à l’ONU les indispose-t-elle ? Parce que la stratégie israélienne, que soutient Washington, est fondée sur une politique de puissance et de mépris du droit international qui s’accommode du huis clos diplomatique. Si elle est exposée aux regards de la communauté internationale, les véritables raisons du blocage des négociations vont devenir manifestes. Ce qui ne manquera pas d’accroître l’isolement d’Israël, de souligner l’embarras et l’hypocrisie de Washington, de révéler les divisions de l’Union européenne et la faiblesse des Arabes. Nous nous serions bien passés de ces dommages collatéraux mais les dés sont jetés.”
“Plusieurs millions d’euros” de munitions et de matériel antiémeutes
Pour associer l’opinion publique à son offensive diplomatique, l’Autorité palestinienne a prévu l’organisation en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza, de manifestations populaires “puissantes et pacifiques”. Elles devraient, pour éviter tout risque de dérapages violents, rester à distance des colonies, des points de passage de la barrière de séparation et des postes militaires israéliens. Des réunions de préparation entre officiers des services de sécurité israéliens et palestiniens se tiennent depuis plusieurs semaines. Pour plus de précaution, le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, a cependant admis avoir acheté “plusieurs millions d’euros” de munitions et de matériel antiémeutes et engagé une campagne de collecte de renseignements dans les territoires palestiniens.
Un risque de “tsunami diplomatique”...
Présentée par certains analystes israéliens comme un risque de “tsunami diplomatique”, l’initiative palestinienne est en réalité davantage considérée comme une gêne - un “changement des règles du jeu” - que comme un véritable danger. Au ministère des Affaires étrangères, où l’on n’espère plus convaincre 50 à 70 pays de voter contre l’admission de la Palestine à l’ONU, un diplomate demande, ironique, “ce que les Palestiniens vont bien pouvoir faire de tous les soutiens qu’ils auront reçus, une fois qu’ils seront rentrés à Ramallah”. Le chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, jamais avare d’un excès de langage, annonce “la préparation par l’Autorité palestinienne d’un bain de sang” et propose “d’abolir les accords d’Oslo”. Le vice-Premier ministre Moshe Ya’alon, ancien chef d’étatmajor de l’armée, propose de “donner aux Palestiniens une leçon qu’ils n’oublieront pas”. D’autres responsables menacent de fermer tous les points de passage entre Israël et le territoire palestinien, de couper l’eau et l’électricité, livrées par Israël et de ne plus verser les taxes perçues par les douanes israéliennes au nom de l’Autorité palestinienne.
"Dans tous les cas, le chaos nous guette"
Quelle serait alors la réponse palestinienne ? La démission de Mahmoud Abbas ? Possible. “Il a 76 ans, sa santé est précaire, il rêve de voir grandir ses petits- enfants”, constate l’un de ses conseillers. Un ministre envisage la dissolution pure et simple de l’Autorité palestinienne, le désarmement de ses forces de police, le transfert de l’administration des territoires occupés à la puissance occupante. Un ancien du Fatah plaide pour “une intifada populaire non violente”. “Dans tous les cas, prévient Ghassan Khatib, le chaos nous guette.” D’autres, comme le philosophe Sari Nusseibeh, estiment qu’il est désormais trop tard pour espérer la coexistence de deux Etats et que les Palestiniens doivent se résigner, au moins pour un temps, à une “vie décente” dans un Etat unique israélo-palestinien. “Ce que je redoute surtout, après septembre, c’est la déception, la frustration, la colère de mes compatriotes s’ils constatent que leur vie quotidienne ne s’améliore pas et que leur aspiration à un Etat indépendant a été trahie, s’inquiète Akram Haniyeh, directeur du quotidien « Al Ayyam » à Ramallah. Avant le vote de l’ONU, il faut que nos dirigeants disent la vérité au peuple.”
Source : Interview RFI de Majed Bamya, 26 juillet 2011 - diplomate palestinien
Majed Bamya, diplomate à la Délégation générale de la Palestine auprès de l’Union européenne, répond aux questions de Valérie Rohard, concernant le débat au Conseil de sécurité de l’ONU à New York sur la reconnaissance de la Palestine comme État membre.
Source : Courriel de Ziad Medoukh, juillet 2011 - professeur de français à Gaza
De Gaza sous blocus, Gaza la douleur, mais Gaza la vie, et Gaza l’espoir, de la Palestine occupée, la Palestine blessée, mais la Palestine résistante, j’adresse mon message aux amis et solidaires, en France et partout dans le monde, aux gens de bonne volonté qui ont essayé de prendre des bateaux et des avions pour témoigner de leur solidarité à notre peuple opprimé à Gaza comme en Cisjordanie, notre peuple qui souffre d’un blocus inhumain et des mesures atroces imposées par une occupation aveugle qui déteste la vie et la lumière.
Je veux dire tout d’abord que nous, Palestinien, apprécions ce geste et tous les gestes et actions qui viennent de chaque personne quelque soit sa nationalité, quelque soit son appartenance, les gestes de tous les solidaires à notre noble cause, cette cause de justice, la cause palestinienne.
C’est souvent vous, les solidaires, qui nous envoyez des messages de soutien, de compassion, dans le contexte difficile qui est le nôtre marqué par l’occupation, l’humiliation et les agressions israéliennes. Mais, aujourd’hui, c’est moi le Palestinien enfermé de Gaza, moi le simple citoyen qui vit la souffrance, l’isolement et l’occupation, c’est moi qui vous envoie ce petit mot de soutien et de solidarité :
Votre message est bien arrivé aux Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie, même si la flottille de la liberté a été interdite par les autorités grecques complices, même si les passagers ont été refoulés dans des aéroports européens et même si on leur a défendu, suivant les ordres des autorités israéliennes, de prendre les avions afin de joindre la Cisjordanie. Votre message est bien arrivé jusqu’à nous, votre courage, votre détermination ont franchi toutes les frontières.
Une fois de plus, Israël a montré ce qu’est un déni du droit international, une fois de plus, la preuve est faite que les pays dits puissants, libres et démocrates ne font qu’ exécutent les ordre d’un gouvernement raciste, colonial qui viole en permanence les droits des Palestiniens.
Même si physiquement, vous n’êtes pas parvenu à venir chez nous, votre voix et les voix de tous les solidaires qui se sont mobilisés pour vous soutenir, a été bien entendu et votre message de paix pour les habitants des territoires palestiniens occupés est bien arrivé, malgré le blocus israélien qui ne s’est pas seulement imposé à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et dans les ports et aéroports européens.
Merci à la solidarité internationale, votre message est bien arrivé aux Palestiniens.
Source : Jean-Claude Lefort, 12 juillet 2011 - président de l'AFPS
Un très officiel rapport du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) dédié à la situation de Gaza et publié mardi 21 juin est passé relativement inaperçu. Son contenu est pourtant accablant.
Intitulé « Gaza : eased or un-eased ? », il note que l’allègement du blocus de Gaza, annoncé par Israël il y a un an, après la première flottille, n’a eu qu’un « impact positif marginal. » Le programme alimentaire mondial (PAM) indique que la situation a Gaza « est insoutenable ».
Les assouplissements annoncés ne concernent que les chips et le chocolat, les sodas et certains produits d’hygiène. Par contre, loin d’ouvrir de nouveaux points de passage, « le point de passage de Karmi a été fermé en mars 2011 et un seul est ouvert à l’importation et à l’exportation des marchandises. » Le PAM souligne qu’Israël n’a toujours pas fourni la liste des produits interdits par lui. Rien. Ce qui redonne activité aux tunnels.
Le niveau des exportations représente 5 % du volume antérieur au blocus et se limite à des fleurs et tomates-cerises à destination de l’Europe, Israël fermant aux produits de Gaza l’accès aux marchés extérieures – européens et israéliens notamment – ainsi qu’à leurs marchés naturels en Cisjordanie et en territoire israélien. Blocus des exportations qui ne peut s’expliquer que par la volonté d’étrangler la bande de Gaza sur un plan économique.
Voilà la réalité. Et voilà que les autorités européennes demandent de faire suivre l’aide alimentaire par les canaux prévus. Voilà qu’elles disent « non » au blocus mais qu’elles ne font rien contre lui. Pire : elles s’en prennent à ceux qui veulent sa levée conformément au droit international. C’est insupportable.
C’est pourquoi, une nouvelle fois, nous demandons la levée du blocus et, sur le champ, la levée de l’interdiction de naviguer pour celles et ceux qui s’y opposent et qui acheminent de l’aide alimentaire, directement, à Gaza.
Les masques sont tombés ces jours derniers. Du côté israélien, on a multiplié les communiqués de victoire, qui cachent mal l’isolement d’Israël et qui, démesurés, provoquent de fortes tensions hostiles au pouvoir dans le pays même.
Du côté, grec et européen, on a mis en pratique et étendu à l’ensemble de l’union cette formule de l’écrivain Chamfort : « En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »
Source : Association France Palestine Solidarité, 24 juin 2011 - AFPS
L’Association France Palestine Solidarité (AFPS) exprime sa grave préoccupation en ce qui concerne le déroulement du procès de Bassem Tamimi, coordinateur du comité populaire de Nabi Saleh en Cisjordanie occupée. La prochaine audience aura lieu le 27 juin devant le tribunal militaire d’Ofer, où les témoignages sur l’affaire seront entendus pour la première fois.
En effet, il risque une lourde de peine, comme son cousin Naji Tamimi qui a été condamné le 19 juin à un an d’emprisonnement et à une amende de 2000 euros pour avoir organisé des manifestations, déclarées illégales, contre la confiscation de terres et l’extension de colonies par Israël. Comme d’autres dirigeants de comités de résistance populaire, il a été poursuivi pour son rôle-clé dans l’organisation d’actions non-violentes. Comme eux, il a été condamné uniquement sur la base de témoignages extorqués à un mineur arrêté puis brutalisé.
A ce jour plus de la moitié des terres du village de Nabi Saleh a été spoliée pour le développement de la colonie d’Hallamish. La confiscation de terres et la colonisation sont interdites par la IVe Convention de Genève, ratifiée par Israël.
Lors de la première séance de son procès, le 5 juin, Bassem Tamimi a voulu faire une déclaration publique qu’il n’a pu lire dans son intégralité. Il a fièrement revendiqué l’organisation des manifestations du village « Le droit international garantit le droit du peuple occupé à résister à l’occupation. En appliquant ce droit, j’ai appelé et organisé des manifestations populaires pacifiques contre l’occupation, les attaques des colons et la spoliation de plus de la moitié des terres de mon village. »
D’ores et déjà, l’Union européenne, par la voix de son représentant au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, le 14 juin, a exprimé sa préoccupation du fait que les « défenseurs palestiniens des droits de l’Homme continuent d’être arrêtés pour leurs manifestations pacifiques » mentionnant spécialement Bassem Tamimi. En 2010, lors de la condamnation d’Abdallah Abu Rahma de Bil’in qui se trouvait dans la même situation, la France a appelé « les autorités israéliennes à respecter le droit légitime des Palestiniens à manifester de façon non-violente. »
L’AFPS souligne le caractère inacceptable de ces procès et souligne que le but des autorités israéliennes est de briser la résistance populaire non-violente en Palestine. A l’encontre de l’impunité d’Israël dans ses violations du droit international, des droits humains et des droits nationaux du peuple palestinien, la seule solution passe par des sanctions internationales. La suspension de l’accord d’association Union européenne – Israël dont l’article 2 prévoit le respect des droits de l’Homme serait particulièrement appropriée.
Source : The Jerusalem Fund, 29 mai 2011 - par Yousef (Traduction : MR pour ISM)
La nouvelle a été saluée par beaucoup dans le monde entier cette semaine, lorsque des articles sur une décision prise par le gouvernement militaire actuel d’Égypte d'ouvrir le passage de Rafah ont refait surface. Mais que signifie l'ouverture de Rafah ?
Certains vont sans aucun doute proclamer que la vie à Gaza s'améliore maintenant et que le siège est terminé. Mais le siège qui piège Gaza est très complexe. Ignorer les nuances de cette
décision d'ouverture et penser que Gaza équivaut à une grosse boite dont le couvercle vient d'être levé est complètement erroné.
Il est important, en particulier à l'heure où l'anniversaire de l'attaque sur le Mavi Marmara approche, de comprendre ce que signifie et ce que ne signifie pas l'ouverture de Rafah, et de
redoubler nos efforts pour sensibiliser l'opinion et défier le siège israélien ininterrompu de la Bande de Gaza.
Ce que l'ouverture de Rafah ne veut pas dire : le siège est terminé
Le siège de la Bande de Gaza est une fermeture multi-couches aux nombreuses dimensions. Plusieurs politiques de bouclage contribuent à l'effet de siège, et l'ouverture de Rafah n'aura vraisemblablement pas un impact majeur sur l'effet global, simplement parce que les autres décisions de fermeture, imposées par Israël, ne changent pas.
Tout d'abord, qu'est exactement le passage de Rafah ?
Rafah est une ville palestinienne dans la Bande de Gaza, à cheval sur la frontière avec l’Égypte. Un terminal existe à la frontière
pour faciliter le passage des gens à travers la frontière, mais Rafah n'est pas conçu comme un passage pour les marchandises. L'ouverture de Rafah, tandis qu'elle peut permettre aux gens
de Gaza de sortir (avec la permission de l’Égypte toujours nécessaire bien sûr), a peu d'effets sur la quantité réelle des produits qui entrent et sortent de Gaza.
Les autres couches du siège
Les autres passages : Pour des raisons logistiques, historiques et d'infrastructures, d'autres points de passage vers Gaza sont conçus pour l'entrée des marchandises commerciales et humanitaires. Grâce aux données de l'Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, qui enregistre tout ce qui est autorisé à entrer à Gaza, quand et par quel endroit, on peut voir un contraste frappant entre les différents passages. L'ensemble des données du 19 juin 2007 au 19 mai 2011 présentées dans ce camembert montre que très peu de marchandises passent par le passage de Rafah.
Mais ce graphique ne dit pas tout. Aujourd'hui, la plupart de ces passages ont été fermés et, en fait, à ce jour en 2011, 95% des camions qui ont été autorisés à entrer à Gaza sont passés par le carrefour Kerem Shalom. Israël a, au fil du temps, pratiquement bouclé tous les autres passages.
Les dizaines d'années d'occupation israélienne de Gaza, et l'histoire de Gaza en tant que partie intégrante de la Palestine historique depuis des millénaires, ont créé des réalités d'infrastructure et logistiques qui rendent l'approvisionnement par le nord beaucoup plus facile que par le sud. La densité de la population de Palestine/Israël au cours du temps a toujours été plus importante que celle du Sinaï d’Égypte, ce qui signifie que les ressources étaient situées au milieu de la Palestine historique et distribuées naturellement à son périmètre.
En conservant un contrôle total des autres passages, Israël est toujours en mesure de maintenir sa politique de siège pratiquement dans la même exacte mesure qu'avant l'ouverture de Rafah.
A moins que l’Égypte et la Palestine ne réorganisent complètement le passage de Rafah et l'infrastructure qui l'entoure des deux côtés de la frontière, il est peu probable qu'il y ait le
moindre changement.
De plus, de tels changements sont hautement improbables pour des considérations tant politiques qu'économiques. Ce n'est tout simplement pas un investissement rentable
de ravitailler Gaza en faisant un détour quand la terre à laquelle elle a toujours été intégrée d'un point de vue économique est dans sa partie nord. En outre, la séparation de Gaza de la
Palestine historique est de toute façon un champ de mine politique à cause de ses implications politiques dans la lutte pour l'autodétermination des Palestiniens.
Électricité et eau : Pour beaucoup des mêmes raisons expliquées ci-dessus, Gaza est très largement dépendante d'Israël lorsqu'il s'agit d'électricité.
Un rapport spécial de l'OCHA en 2010 déclare que "les besoins de la Bande de Gaza sont entre 240
et 280 mégawatts (MW), dont au moins 42% sont achetés à Israël, distribués par des câbles d'alimentation séparés le long de la Bande de Gaza, et 6 à 7% sont achetés à l’Égypte, distribués
principalement dans la région de Rafah."
Le rapport explique bien la genèse du problème de l'électricité : "La pénurie d'électricité dans la Bande de Gaza remonte à juin 2006, lorsque l'aviation israélienne a détruit les
six transformateurs au cours d'une frappe aérienne. Cinq mois plus tard, la centrale électrique a repris la production, mais à un niveau considérablement réduit ; elle a produit environ 65
MV (sur une capacité potentielle de 80 MV), comparés aux 118 MW de production de pointe (sur une capacité potentielle de 140 MW) avant le bombardement.
L'imposition par Israël d'un blocus sur la Bande de Gaza en juin 2007, après la prise de contrôle par le Hamas, a encore resserré les restrictions existantes sur les importations des pièces
détachées, des équipements, des consommables et du carburant industriel nécessaires à l'exploitation de la centrale et au réseau électrique. Il y a eu en conséquence un déficit chronique
du niveau de production électrique de la centrale de Gaza.
Depuis janvier 2010, le déficit électrique journalier s'est aggravé, suite à l'expiration de la subvention directe de la Commission européenne pour l'achat du carburant de la centrale.
Depuis lors, la centrale s'est arrêtée complètement deux fois, par manque de carburant.
La centrale ne fonctionne actuellement qu'avec une turbine et ne produit que 30 MW d'électricité, par rapport à sa production moyenne de 60-65 MW en 2009."
Le contrôle d'Israël sur l'essentiel de l'électricité produite en dehors de Gaza et sa capacité à nier le développement durable de la production d'électricité à l'intérieur de Gaza en empêchant l'entrée des matériaux nécessaires pour ramener la centrale en capacité, lui donne le contrôle effectif sur l'interrupteur électrique de Gaza.
L'électricité a également un impact direct sur le problème de l'eau potable. Amnesty International rapporte que 90 à 95% de l'eau potable de Gaza est contaminée et impropre à la consommation. Les Nations Unies ont même trouvé que l'eau en bouteille à Gaza contenait des contaminants, vraisemblablement dus aux bouteilles en plastiques recyclées dans des usines qui ne fonctionnent pas correctement. Le manque d'électricité suffisante pour les usines de dessalement et d'épuration provoque l'infiltration de quantités importantes d'eaux usées dans l'aquifère côtier de Gaza, la principale source d'eau pour la population.
Le blocus : Les gens utilisent souvent les mots blocus et siège de façon interchangeable, ce qui est inexact. Le blocus de Gaza est appliqué par la marine israélienne au large
des côtes de Gaza et dans ses eaux territoriales. Le siège est une combinaison de politiques restrictives et punitives qui comprennent le blocus, mais aussi certains des autres problèmes
évoqués plus haut.
Le blocus lui-même, cependant, a un impact spécifique mais également dévastateur sur Gaza, sa population et son économie. Pour l'industrie de la pêche de Gaza, il a été
destructif. Israël impose son blocus naval illégal à 3 miles nautique (la plupart des poissons des eaux territoriales de Gaza se trouvent au-delà de cette limite) et lorsque les pêcheurs
de Gaza s'en approchent trop, la marine israélienne leur tire dessus. En fait, ce matin même [27 mai], trois pêcheurs ont été blessés lorsque des vedettes israéliennes ont fait feu sur eux.
Alors qu'Israël prétend que son blocus est destiné à empêcher l'entrée d'armes à Gaza, il lui reste encore à fournir une explication au sujet des tirs sur des pêcheurs palestiniens venant de Gaza sur des canots. Les effets de ces actions sont si graves qu'un territoire côtier à l'histoire maritime riche fait de l'élevage de poissons et importe maintenant du poisson frais d'Israël. Inutile de dire que l'ouverture du passage de Rafah aura peu d'impact sur cet aspect du siège.
Ce que l'ouverture de Rafah signifie vraiment : la fermeture d'un chapitre sombre de l'histoire de l'Egypte
Le siège de la Bande de Gaza est une politique honteuse qui punit collectivement des civils, en contravention directe au droit humanitaire international et est une cicatrice affreuse
sur la conscience de la communauté internationale.
L’Égypte a malheureusement joué un rôle indéniable dans cette politique sous le régime Moubarak, en dépit du fait que la plupart des
Égyptiens ont dénoncé avec véhémence cette politique. Tandis que la fermeture égyptienne de Rafah fut une contribution mineure aux effets globaux du siège comparés aux restrictions
israéliennes, le régime complice Moubarak était considéré comme traître aux yeux de la plupart dans le monde arabe et musulman.
Les Palestiniens et une grande majorité des gens de par le monde savaient que la population d’Égypte était en désaccord avec ce que son gouvernement faisait. Tous ceux qui en doutait en
furent totalement convaincus après le 25 janvier 2011.
Toutefois, c'est le rôle que jouera la nouvelle Égypte vis-à-vis de Gaza qui déterminera si c'est vraiment la fin d'un chapitre sombre de son histoire, et si l'ouverture de Rafah est la première ou la dernière démarche qu'elle prendra pour rompre la politique de siège imposée par les Israéliens.
Garantir que les Palestiniens de Gaza puissent entrer et sortir de Gaza librement par le passage de Rafah nouvellement ouvert, sans visas discriminatoires et retards de contrôles sécuritaires qui ont cassé la mobilité par le passé, serait un prochain pas extrêmement important dans la bonne direction.
Source : Le Monde, 26 mai 2011 - Benjamin Barthe
Dans une lettre ouverte, une vingtaine de personnalités de la gauche israélienne, comme Avraham Burg, ancien président de la Knesset et de l’Agence Juive, appellent les Etats européens à voter en faveur de l’indépendance de la Palestine, au mois de septembre prochain, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Fort du blanc-seing de la Banque Mondiale et du FMI qui ont estimé dans de récents rapports que l’Autorité palestinienne disposait d’institutions dignes d’un Etat, le président palestinien est déterminé à faire reconnaître la Palestine comme un membre à part entière de l’ONU, en obtenant le soutien des deux tiers des Etats membres.
Prenant acte de l’intransigeance du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, exprimée mardi 24 mai dans un discours devant le Congrès américain, et du renoncement de la Maison Blanche à exercer de réelles pressions sur lui, les signataires appellent les capitales européennes à reconnaître un Etat palestinien sur les frontières de 1967, avec échanges de territoires de taille équivalente et Jérusalem-est pour capitale.
"En tant qu’Israéliens, nous déclarons que le jour où les Palestiniens proclameront leur indépendance dans un Etat souverain, destiné à vivre dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël, nous soutiendrons cette proclamation", peut on lire dans le document qui doit être rendu public vendredi 27 mai et que Le Monde s’est procuré en avance.
A Washington, sous les applaudissements des "congressmen", Netanyahou avait écarté tout retrait sur les lignes de 1967 et toute division de Jérusalem, deux paramètres communément considérés comme les conditions sine qua non à tout règlement du conflit au Proche-Orient.
Outre Avraham Burg, un ex-baron du parti travailliste, reconverti en pourfendeur des dérives du sionisme depuis qu’il a quitté la politique en 2004, la lettre a été paraphée par d’anciens hauts responsables de l’appareil d’Etat israélien comme Michaël Ben Yaïr, procureur général dans les années 90, par plusieurs sommités du monde de la recherche, comme les philosophes Yirmiyahou Yovel et Avishaï Margalit ainsi que par des vedettes de la scène culturelle, comme le romancier Nir Baram.
"LA PAIX PRISE EN OTAGE PAR LE ‘PROCESSUS DE PAIX’"
"La paix a été prise en otage par le ‘processus de paix’, écrivent les pétitionnaires. La continuation de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est (…) démontre que l’actuelle direction israélienne utilise le processus de paix comme une manœuvre de diversion plutôt qu’un moyen de résoudre le conflit ".
Le timing de la publication coïncide avec une tournée en Europe du président américain Barack Obama, durant laquelle il devrait s’efforcer de dissuader ses interlocuteurs de soutenir la stratégie onusienne de Mahmoud Abbas et de son Premier ministre Salam Fayyad. Si le président français Nicolas Sarkozy a laissé entendre dans un entretien à L’Express qu’il pourrait répondre favorablement à la demande palestinienne, Londres et surtout Berlin semblent moins disposés à le faire.
" Nous sommes réalistes, nous savons qu’aussi prestigieux soient-ils, nos signataires ne peuvent pas grand-chose face à la détermination diplomatique américaine, affirme Hillel Ben Sasson, l’un des initiateurs de la lettre ouverte, membre du comité de solidarité avec Sheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem-est, menacé par la colonisation juive. Mais nous voulons faire comprendre aux Européens, qu’après la visite désastreuse de Netanyahou à Washington, c’est à eux qu’il appartient de nous sauver de nos dirigeants. S’ils disent oui à l’Etat palestinien en septembre, nous avons une chance d’empêcher un nouveau bain de sang et de relancer les négociations de paix sur la base d’une plateforme décente".
A la fin du mois d’avril, à Tel Aviv, plusieurs dizaines d’artistes et d’intellectuels israéliens, dont le professeur de sciences politiques Zeev Sternhell, avaient déjà lancé un appel à la création d’un Etat palestinien, face au bâtiment même où l’Etat d’Israël avait été proclamé, en 1948.
Ces initiatives, qui tentent de ressusciter le camp de la paix, tombé dans le coma durant la seconde Intifada, ne semblent pas émouvoir l’opinion publique. Selon un sondage publié par le quotidien Haaretz, 47% des Israéliens estiment que le voyage de Netanyahou à Washington est un "succès" et seulement 10% le voient comme un "échec".
Source : Association France Palestine Solidarité, 28 avril 2011 - Bureau National
Le Fatah et le Hamas sont parvenus à un accord visant à mettre en place, notamment, un gouvernement d'union nationale et à organiser prochainement des élections législatives et présidentielles.
C'est une excellente nouvelle dont nous nous félicitons !
La division des deux principales forces politiques palestiniennes a été considérée par Israël comme constituant sa principale " victoire stratégique".
Cette division interpalestinienne était en effet totalement mortifère pour les Palestiniens.
Sous l'impulsion de Marwan Barghouti, depuis sa prison, un accord entre les deux parties, sur la base du document dit " des prisonniers", avait été trouvé en 2006. Il avait conduit à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui, entre autres, proposait la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 67 avec Jérusalem-Est comme capitale.
Ce gouvernement, pourtant clairement assis sur le droit international, a été aussitôt été l'objet d'un blocus de la part des Etats-Unis, de l'Union européenne et des attaques, inclus meurtrières, israéliennes. Il n'aura vécu que quelques semaines.
Cette perspective de réunification du mouvement palestinien confirme, comme l'AFPS l'a souligné depuis 2006, met en évidence la responsabilité de la communauté internationale dans sa division. Que cette évolution se produise dans un contexte où la reconnaissance de l'Etat de Palestine se généralise ne doit rien au hasard".
Le vent positif des " révolutions arabes" est à l'oeuvre derrière ce nouvel accord qui sera officiellement conclu demain au Caire. La jeunesse palestinienne a joué un grand rôle dans ce sens en réclamant haut et fort, par des initiatives diverses, qu'il soit mis un terme à cette division tragique qui était tout autant incompréhensible qu'insupportable. Les changements intervenus en Egypte ont également pesé.
Mais l'expérience le montre : la seule annonce d'un accord entre le Fatah et le Hamas ne garantit pas que celui-ci prenne réellement corps. C'est dire l'importance de la mobilisation des Palestiniens eux-mêmes pour rendre l'unité irréversible et les choix opérés par la communauté internationale.
Pour nous c'est clair : il faut donner toute sa chance à cet accord !
La France en particulier, doit s'en tenir aux propos de son ministre des Affaires étrangères qui déclarait récemment, en forme de critique sur la politique passée, qu'il fallait discuter avec tous au Proche-Orient.
Cette union interpalestinienne constitue une nouvelle chance pour la paix. Il faut la soutenir !
Source : Association France Palestine Solidarité, 03 avril 2011 - Bureau National
La Flottille de la Liberté 2 dont, avec "Un bateau français pour Gaza", nous sommes partie prenante, avec plus de 60 associations représentant la société civile de notre pays, inquiète le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Il vient en effet, sans la moindre gêne et avec sa morgue habituelle, de demander au secrétaire général de l'ONU d'intervenir pour empêcher sa réalisation. Ni plus, ni moins. Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste, qui refusent d'appliquer la moindre résolution de l'ONU, ont peur de cette initiative. Ils ont raison.
Cette flottille numéro deux, porteuse d'aide humanitaire, regroupant une quinzaine de bateaux d'une vingtaine de nationalités diverses, est une initiative pacifique. Elle vise à faire appliquer le droit international qui condamne le blocus de Gaza et qui appelle à des initiatives propices à lever ce siège et à apporter assistance aux Palestiniens de Gaza coupés du monde depuis plus de 5 ans (ainsi la résolution 1860 des Nations unies).
Devant l'inertie coupable de la " communauté internationale", les citoyennes et les citoyens ont pris le relais. Ils sont le droit international en action. La flottille qui est appuyée sur le droit et qui a le droit de naviguer dans les eaux internationales pour atteindre les eaux palestiniennes, doit pouvoir bénéficier instamment de la protection des autorités politiques concernées.
C'est pourquoi, en France, alors que le quai d'Orsay ne répond pas, actuellement, à la demande de protection que nous lui avons faite, alors qu'il semble accepter que des Français soient l'objet de rétorsions brutales et de la violence israélienne que laisse redouter cette initiative de Netanyahu, nous nous adressons solennellement au ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, que nous souhaitons rencontrer rapidement : allez-vous tolérer que la vie de Français soit mis en danger par un Etat qui foule aux pieds chaque jour le droit international ? Allez-vous restez sourd au message que porte cette flottille, à savoir " briser le siège de Gaza" ? Allez-vous prendre vos responsabilités afin que cette flottille puisse, sans courir le danger d'une attaque, aborder à Gaza qui est une terre palestinienne et non israélienne.
Ce qui est illégal, ce n'est pas la flottille, c'est le blocus de Gaza ! Il faut qu'il soit levé. Il faut que le droit international soit appliqué. Il faut apporter de l'aide humanitaire aux Gazaouis.
Plus que jamais, devant l'attitude de ceux qui ont peur de cette initiative qui lève enfin le voile sur le sort réservé à Gaza, contre le droit international, nous appelons les Groupes locaux de l'AFPS à poursuivre, dans l'union la plus large, la collecte des fonds nécessaire au départ de notre " bateau français pour Gaza".
Plus que jamais on peut vérifier que cette initiative, citoyenne et non violente, est utile et efficace. Nous ne céderons pas. C'est le blocus qui doit céder.
Ramallah, le 23 février 2011 - Claude Abou-Samra
Après Tunis, le Caire, Sanaa ... et bien d'autres villes arabes, Ramallah entre dans le mouvement.
Déjà lors d'une manifestation de soutien au peuple égyptien le 5 février on avait eu une répétition de ce qui s'est passé aujourd'hui : à midi rassemblement place al-Manara pour une manifestation unitaire avec un mot d'ordre qu'on avait déjà beaucoup entendu le 5 février :
"LE PEUPLE VEUT LA FIN DE LA DIVISION !"
Première - bonne - surprise : des dizaines de drapeaux palestiniens sans aucun autre drapeau de parti politique !
Deuxième - encore bonne - surprise : très bien organisé ! des jeunes distribuent des affiches avec les slogans -une première dans une manif en Palestine ... - et on entendra que ceux-là.
Sur les airs entendus place Tahrir ça scande à tue-tête : "Le peuple VEUT la fin de la division !", "Le peuple VEUT la fin de l'occupation !", "Pas d'élections, pas de gouvernement sans unité nationale !", "Unité, unité nationale !"
Des jeunes - sans étiquettes - distribuent un PROGRAMME POUR UNE SEMAINE POUR METTRE FIN A LA DIVISION, de dimanche 20 février au dimanche 27 février, chaque jour des actions publiques qui commenceront le dimanche 20 à 14h30 par une chaîne humaine du Conseil Législatif à la Muqataa et qui se terminera de la même manière le dimanche suivant.
Durant la semaine des conférences de presse, des sit-in avec concert de sifflets, des discussions dans les rues avec les jeunes sur l'impact des divisions, des activités artistiques - tags, dessins sur les murs et le vendredi appel à rejoindre les manifestations contre le mur dans les villages et à Sheikh Jarrah.
Pendant la manif ils distribuent aussi des auto-collants avec toujours le même slogan "le peuple veut la fin de la division" avec l'invitation de le porter sur soi, et le haut-parleur appelle tant Mahmoud Abbas qu'Ismaël Haniyeh à en finir avec la division ... Comme les autres ils finiront bien par entendre, non ?
Et pour en savoir plus il n'y a qu'une adresse : youth2015@gmail.com tout un symbole, non ?
Source : "Le Monde" - Rubrique Idées, 26 janvier 2011 - Nurit Peled-Elhanan
Cher Monsieur Hessel, chère Madame Shahid, chers participants, Je suis désolée de ne pouvoir assister à cette importante conférence. Mais je tiens à exprimer mon admiration à Monsieur Hessel, et à tous les participants et à vous assurer que je suis de tout cœur avec vous. J'ai lu l'éditorial du président du CRIF se félicitant de l'interdiction de notre conférence et remerciant des philosophes et écrivains hypocrites et ignorants, qui pérorent sous les ors des salons parisiens et pensent briller en étalant leur prose "politiquement correcte" tout en ignorant de manière étonnante la vie réelle des gens dans les Territoires palestiniens occupés et le caractère dictatorial du gouvernement israélien actuel. L'ignorance et l'hypocrisie de ces gens n'est pas une négligence, mais un crime, car ils encouragent la tendance fasciste qui menace de nous noyer tous, en Israël, en Palestine et en France.
En 2010, trente lois racistes visant les citoyens palestiniens d'Israël ont été proposées en Israël et, pour la plupart, approuvées. Elles séparent des familles. Elles permettent de confisquer des maisons et des terres, de refuser les traitements médicaux nécessaires à des invalides, de détruire les maisons des Bédouins, de discriminer des écoles quand elles sont druzes ou palestiniennes, d'incarcérer des enfants.
Bien plus, la justice, qui devrait de protéger les gens contre cette terreur, obéit aux lois racistes d'un régime d'apartheid. Comme en Afrique du Sud autrefois, toutes les discriminations anti-palestiniennes en Israël sont légales : nul n'est jamais puni pour les crimes perpétrés contre ces "non-citoyens".
En revanche, ce gouvernement où un Liebermann joue un rôle décisif considère comme un péché mortel la résistance non-violente à l'occupation, qui se développe dans les sociétés palestinienne et israélienne contre les crimes et la répression découlant de l'occupation.
Ces derniers temps, la police et l'armée israéliennes arrêtent des militants des droits humains lorsqu'ils sont juifs, comme Yonathan Polack, et les tuent s'ils sont palestiniens, tels Bassem Abu-Rahma et sa soeur Jawhar. Les organisations droits-de-l'hommistes en question sont désormais soumises à des enquêtes brutales et humiliantes par... les criminels contre l'Humanité qui nous gouvernent. De surcroît, la pauvreté touche plus l'Israélien que jamais, et ses principales victimes sont les citoyens arabes.
Et le monde se tait ... Et le CRIF soutient. Cet appui au gouvernement le plus extrémiste de l'histoire d'Israël, engendré par une peur irrationnelle à l'égard de tous les goyim (non-juifs) et aussi par la crainte réflexe de toute critique, nous met tous en danger : c'est la cause principale de la montée de l'antisémitisme en Europe. Ce sont ces Juifs-là, ces philosophes et écrivains ignorants et hypocrites qui alimentent la haine qui s'affirme contre les autres Juifs. D'autant qu'ils combattent la liberté de pensée en France et ailleurs, et prétendent interdire toute critique contre la politique criminelle et raciste d'Israël. Ainsi la fascisation nous menace vous et nous, ici et là-bas. Les Juifs français devraient comprendre que soutenir un régime fasciste et cruel n'est ni juif ni humain et se rappeler la leçon de Hillel : "Aimez votre prochain comme vous-mêmes, voilà à quoi se résume toute la Torah." Ici, à Jérusalem, notre prochain, c'est le Palestinien. La moitié de la population dominée par Israël est palestinienne.
C'est pourquoi soutenir Israël, c'est soutenir les citoyens d'Israël, juifs comme arabes. Soutenir Israël signifie soutenir des personnes comme Haneen Zoabi, qui lutte avec un courage et une ténacité admirables pour une vraie démocratie.
Lutter pour un Etat d'Israël démocratique, c'est inséparablement lutter pour une Palestine libre, C'est aussi militer pour les droits des "non-citoyens" d'Israël, c'est-à-dire les Palestiniens des Territoires occupés, traités comme des esclaves, concentrés et incarcérés dans des camps énormes au sein même de leur propre pays, privés de tous les droits humains et civils. Soutenir Israël, cela veut dire libérer Israël de son régime criminel, des accords illégaux, des colonies de larrons, boycotter leurs marchandises - produits de terres volées, de l'eau volée, et changer Israël en un pays où chacun peut vivre dans la dignité. Tels sont les principes de sa Déclaration d'Indépendance d'Israël que les juifs du CRIF ont oublié - à moins qu'ils ne l'aient jamais lue ? Moi, mon grand-père a signé cette Déclaration, et je ne peux donc pas l'oublier.
J'espère que ce message arrivera aux oreilles de ces Juifs français que rend sourds la propagande du régime raciste d'Israël, des oreilles bouchées par le terrorisme intellectuel du CRIF.
Nurit Peled-Elhanan, mère israélienne d'une victime d'attentat, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem, prix Sakharov du Parlement européen.
Source : Association France Palestine Solidarité, 10 mai 2010 - AFPS
C'est à l'unanimité que, ce lundi 10 mai 2010, réunie à Paris, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le " club des riches" qui regroupe les trente et un états les plus développés du monde, a accueilli Israël en son sein, et ceci sur la base de statistiques incluant la Cisjordanie et la plateau du Golan !
Cette décision contraire au droit international, intervient dans un contexte qui la rend encore plus scandaleuse. L'OCDE a ratifié l'adhésion d'un état qui, selon le rapport Goldstone, vient de commettre des " crimes de guerre, voire contre l'humanité", et dont de nombreux dirigeants américains comme européens dénoncent la politique d'occupation et de colonisation. Autrement dit, elle accorde une prime à un gouvernement qui sabote systématiquement tout effort de paix.
Il aurait suffi qu'un seul membre de l'OCDE s'y refuse pour qu'Israël ne soit pas accepté. C'est dire la responsabilité des trente et un états représentés, y compris ceux qui pourtant, en paroles, critiquent l'orientation de Tel-Aviv. C'est dire aussi la responsabilité de la France, dont le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est déjà très impliqué dans les tentatives répétées de " rehaussement" des liens de l'Union européenne avec Israël.
L'AFPS, qui a mobilisé massivement contre cette adhésion, appelle toutes les forces attachées à la justice à poursuivre cette bataille. Elle se prononce pour l'organisation d'une manifestation aussi large que possible, nationale et même européenne, le 27 mai prochain, devant le siège de l'OCDE, à l'occasion de la venue du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, qui prétendent fêter cette adhésion à Paris. Faisons leur entendre la voix du droit et de la paix ainsi qu'aux dirigeants des états membres de l'OCDE.
Source : Délégation Générale de Palestine en France, 23 avril 2010
Ahmad Sabbah a été déporté vers Gaza mercredi 21 avril après sa libération d'une prison israélienne.
"Je me considère comme le premier détenu déporté à Gaza, et je resterai sous cette tente au terminal d'Erez jusqu'à ce que je sois autorisé à rejoindre ma femme et ma famille à Tulkarem" a déclaré Sabbah jeudi.
Ahmad Sabah, un prisonnier palestinien de Cisjordanie ayant été libéré de la prison de Ketziot, après avoir purgé sa peine, a été mis directement dans un bus à destination de Gaza alors que son épouse, son fils et l'ensemble de sa famille l'attendaient depuis le matin au point de contrôle Tarqumiya en Cisjordanie. L'armée d'occupation israélienne lui interdit de regagner son foyer en Cisjordanie.
Ahmad Sabah, 39 ans, est né en Jordanie dans une famille de réfugiés du village de " Um une Chouf" près de Haïfa. En 1994, il rejoint la résistance dans la bande de Gaza et se fait faire sa carte d'identité palestinienne avec une adresse de Gaza. Environ un an plus tard il déménage en Cisjordanie, où il s'installe avec sa famille.
En 2001, il est arrêté par les forces d'occupation israélienne et est jugé coupable d'appartenance à une troupe du Fatah. Au cours des cinq premières années de prison de Sabah, sa famille n'a pas été autorisée à lui rendre visite. Ensuite sa femme, Hanane et son jeune fils Yazan ont été autorisés à lui rendre visite une fois tous les six mois. La dernière fois qu'ils se sont vus fut en Octobre 2009.
Depuis 1996, et en flagrante violation des Accords d'Oslo, Israël interdit de changer l'adresse de la carte d'identité des palestiniens ayant quitté la bande de Gaza pour la Cisjordanie et depuis fin 2000, Israël a classifié ces personnes comme étant des "étrangers illégaux" en Cisjordanie.
Source : Haaretz - version anglaise, 18 janvier 2010
- Akiva Eldar
(traduction : JPP pour la CCIPPP)
Qui a dit que nous étions enfermés dans notre bulle de Tel-Aviv ? Combien de petites nations entourées d'ennemis sont-elles allées mettre en place des hôpitaux de campagne à l'autre bout du monde ? Donnez-nous un tremblement de terre à Haïti, un tsunami en Thaïlande ou une attaque terroriste au Kenya, et le Bureau du porte-parole des Forces de défense israéliennes se met à triompher. On trouvera toujours un avion cargo pour embarquer des journalistes militaires qui écriront des articles sur nos sympathiques jeunes hommes du Commandement de l'arrière.
Tous font véritablement un travail merveilleux : les sauveteurs, qui cherchent des survivants ; les médecins, qui sauvent des vies ; et les journalistes aussi, qui, légitimement, font leurs éloges. Après avoir montré au monde la face de notre vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, la communauté internationale tout entière peut voir aujourd'hui le bon côté d'Israël.
Mais le fait de nous identifier ainsi de façon remarquable aux victimes de l'épouvantable tragédie dans la lointaine Haïti ne fait que mettre en relief notre indifférence aux souffrances sans fin de la population de Gaza. A seulement un peu plus d'une heure de voiture des bureaux des grands journaux d'Israël, un million et demi de personnes sont assiégées sur une île déserte depuis deux ans et demi. Qui se soucient que 80% des hommes, des femmes et des enfants qui vivent si près de nous sont tombés sous le seuil de pauvreté ? Combien d'Israéliens savent que la moitié des habitants de Gaza dépendent de l'humanitaire, que l'opération Plomb durci a fait des centaines d'amputés, que des eaux usées non traitées s'écoulent des rues vers la mer ?
Les lecteurs de la presse israélienne savent pour le bébé sauvé des décombres à Port-au-Prince. Peu ont entendu parler des tout petits qui dorment dans les ruines de leurs maisons familiales à Gaza. L'interdiction par les FDI aux journalistes de se rendre dans la bande de Gaza est une très bonne excuse pour nous mettre la tête dans le sable des plages de Tel-Aviv ; dans un bon jour, de sobres articles - rédigés par des organisations des droits de l'homme, comme B'Tselem, le centre juridique Gisha pour la liberté de déplacements et les Médecins pour les droits de l'homme d'Israël - sur la situation dans Gaza sont relégués dans les dernières pages des journaux. Pour se faire une idée de ce qu'est la vie dans la plus grande prison du monde, il nous faut renoncer à " Big Brother" et passer sur l'un des réseaux étrangers.
La catastrophe d'Haïti est une catastrophe naturelle ; celle de Gaza est l'oeuvre honteuse de l'homme. Notre oeuvre. Les FDI n'envoient pas d'avions cargos bourrés de médicaments et d'équipements médicaux dans Gaza. Les missiles que les avions de combat de l'armée de l'air israélienne y ont tirés, il y a un an, ont touché près de 60 000 maisons et usines, transformant 3 500 d'entre elles en tas de ruines. Depuis, 10 000 personnes y vivent sans eau courante, 40 000 sans électricité. 97% des établissements industriels de Gaza n'ont plus d'activités à cause des restrictions imposées par le gouvernement israélien sur l'importation des matières premières pour l'industrie. Bientôt, cela fera un an que la communauté internationale s'est engagée à faire don de 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza. L'interdiction par Israël de faire venir des matériaux de construction a fait perdre cet argent.
Quelques jours seulement avant que les médecins israéliens se précipitent pour aller sauver la vie des Haïtiens blessés, nos autorités au check-point d'Erez (nord de la bande de Gaza) empêchaient le passage de 17 personnes qui voulaient se rendre à l'hôpital de Ramallah pour une transplantation urgente de la cornée. Peut-être avaient-elles voté Hamas. Dans le même temps où des psychologues israéliens s'emploient à soigner des orphelins d'Haïti avec dévouement, les inspecteurs israéliens s'assurent que personne ne tente de camoufler une poupée, un carnet ou une tablette de chocolat dans un container de produits de première nécessité pour Gaza. Alors, que faire si la commission Goldstone demande qu'Israël lève le blocus sur la bande de Gaza et mette fin à la punition collective contre ses habitants ? Ce ne pourrait être que des gens qui haïssent Israël qui feraient rendre justice contre le pays qui fut le premier à installer un hôpital de campagne à Haïti.
Certes, les milices de Haïti ne tirent pas des roquettes sur Israël. Mais le siège de Gaza n'a pas empêché les Qassams de tomber. L'interdiction, depuis juin 2007, de faire venir de la coriandre, du vinaigre et du gingembre dans la bande de Gaza se voulait accélérer la libération de Gilad Shalit et faciliter la chute du régime Hamas. Comme chacun le sait, alors que la mission n'a pas vraiment réussi et en dépit des critiques internationales, Israël continue de garder les portes de Gaza verrouillées.
Même les images de nos excellents médecins à Haïti ne peuvent brouiller notre face hideuse dans la bande de Gaza.
Source : Le Monde, 31 décembre 2008 - Benjamin Barthe
Alors que les journalistes se voient interdits d'entrée à Gaza, signe sinistre qu'Israël entend poursuivre le massacre à huis clos, ils récoltent des témoignages à distance.
C'était samedi 27 décembre dans le centre-ville de Gaza, quelques minutes avant qu'un déluge d'acier ne s'abatte sur la tête de ses habitants. Khalil Shahin, employé du Centre
palestinien pour les droits de l'homme, quittait son domicile, dans le quartier de Tel Al-Hawwa, pour rejoindre son bureau. Contacté par téléphone depuis Jérusalem, il raconte
"le tremblement de terre" survenu aux alentours de 11 h 30 locales : Il y a eu une déflagration monstrueuse. J'ai vu l'un des miradors du complexe de la Sécurité préventive [un des
anciens services de sécurité du Fatah] voler en l'air et s'empaler 30 mètres plus loin dans la façade d'un immeuble
.
Dans la rue principale, les cris de panique de dizaines d'enfants qui venaient de sortir de l'école se mêlent aux hurlements des parents et aux gémissements des blessés éparpillés
sur le sol. Il y a alors eu une seconde frappe, poursuit Khalil Shahin, d'une voix blanche. Quatre bombes en trente secondes sur un immeuble qui abrite une association de défense
des prisonniers. Les treize étages qui étaient heureusement vides se sont effondrés comme un château de cartes
.
Depuis ce raid inaugural, les vagues de bombardements s'enchaînent comme dans un remake de "Choc et effroi", l'opération américaine de pilonnage de Bagdad, en ouverture de la seconde guerre du Golfe, en 2003. Pour le ministre de la défense israélien, Ehoud Barak, il s'agit de "changer les règles du jeu" qui prévalaient jusque-là dans le conflit avec le Hamas.
Au nombre de ces nouvelles normes figure l'interdiction faite aux journalistes étrangers de pénétrer dans la bande côtière palestinienne, pour des raisons "de sécurité", jugées peu plausibles. Contre cette mesure "intolérable", l'Association de la presse étrangère en Israël et dans les territoires occupés palestiniens a déposé un recours devant la Cour suprême israélienne, qui devrait être discuté mercredi 31 décembre. Dans l'attente de la décision des juges, Le Monde a choisi de récolter des témoignages par téléphone, auprès de sources connues, dont il a pu tester la fiabilité par le passé.
Ce n'est pas une attaque contre le Hamas, c'est une attaque contre le peuple de Gaza
, s'écrie Ola Salama, une employée de la Commission électorale centrale, résumant l'état
d'esprit général des habitants. Dans la nuit de dimanche à lundi, cette jeune mère de famille frissonnait sous deux couches de couvertures. Comme tous ses voisins, elle avait ouvert
en grand ses fenêtres afin d'éviter les projections de verre en cas d'explosion. Soudain, une vive lumière a envahi la chambre et tout s'est mis à voler autour de moi
,
raconte-t-elle.
L'Université islamique, située en face de son domicile, venait d'être touchée par une salve de missiles. Bien qu'il serve de pépinière au mouvement islamiste, cet établissement attire aussi le gratin des étudiants de Gaza, barbus ou non. L'état-major israélien affirme, sans fournir de preuve, que des armes y étaient entreposées. Il recourt à une argumentation similaire pour justifier la destruction d'une série de mosquées ainsi que d'une vaste villa qui hébergeait, dans les années d'Oslo, les invités de marque du régime palestinien.
L'armée bombarde tous azimuts, dit Ola Salama. Samedi, trois enfants qui jouaient en face de chez moi ont été tués par un missile qui a raté sa cible. Le même jour, huit
étudiants d'un centre de formation des Nations unies ont aussi été tués. Je déteste les islamistes, mais quand j'entends Abou Mazen [le président palestinien Mahmoud Abbas] accuser
le Hamas, je me mets à le détester lui aussi.
Selon Khalil Shahin, la majorité des victimes de l'opération "Plomb durci" sont des civils. Parmi eux, des dizaines de simples policiers, fauchés dans le bombardement de leur
cérémonie de remise des diplômes, samedi.En droit international, un policier est un civil
, souligne M. Shahin.
Pour les gens de Gaza, l'enjeu consiste désormais à tenir. A supporter les nuits glacées, le bruit de fond des drones et le fracas aliénant des explosions, qui s'ajoutent aux
coupures de courant, à la pénurie de gaz et au rationnement en pain, liés au blocus israélien.Il n'y a plus un seul centimètre carré où l'on se sent en sécurité, dit Samir Skaik,
le gérant d'un hôtel. C'est pire que les bombardements de Beyrouth à l'été 2006, et de Bagdad en 2003, car notre territoire en comparaison est minuscule
.
Une chose intrigue les Palestiniens, quand elle ne les ravit pas : la faiblesse des pertes d'Ezzedine Al-Kassam, la branche armée du Hamas.L'armée israélienne a anéanti la
totalité des édifices du Hamas, mais elle n'a pas véritablement entamé ses forces vives, dit Bilal Jadallah, un journaliste. On ne voit pas les combattants d'Al-Kassam dans les rues.
Ils se sont évanouis dans la nature. C'est ça le problème d'Israël.
Pour tenter de le résoudre, les stratèges de Tsahal pourraient choisir de déclencher une opération terrestre.
Source : Info-Palestine, novembre 2008 - Frank Barat
Noam Chomsky et Ilan Pappé sont deux intellectuels qui n’ont jamais hésité à nourrir de leurs vues la question israélo-palestinienne. Frank Barat les a interviewés et a croisé leurs réponses sur les derniers développements du conflit. La force de cet entretien, ce n’est pas tant l’analyse politique du conflit mais bien la volonté des deux auteurs de dégager des perspectives susceptibles de faire taire la guerre et d’en dégager un « champ du possible ».
Bien des gens se posent des questions sur le conflit israélo-palestinien sans pouvoir trouver de réponses. Ils entendent des choses très différentes et contradictoires et ont du mal à se faire un avis clair sur la situation.
C’est malheureusement aussi l’un des problèmes inhérent à ce conflit. Les contre-vérités, la manipulation des médias et la propagande des gouvernements posent un voile sur la réalité de la situation dans cette partie du monde empêchant ainsi les gens de s’impliquer et d’agir. J’ai donc voulu, en interviewant deux des auteurs les plus respectés et lus sur ce sujet - Noam Chomsky et Ilan Pappe - que chacun puisse se faire sa propre opinion sur des questions aussi variées que complexes.
J’ai envoyé les mêmes questions à Noam Chomsky et Ilan Pappe qui à aucun moment n’ont eu connaissance des réponses de l’autre. Ils en ont seulement pris connaissance au moment où les interviews ont été terminées.
Frank Barat est né en 1977 en France et réside depuis de nombreuses années au Royaume-Uni. Il milite au sein de différentes associations dont Palestine Solidarity Campaign London et Israeli Committee Against House Demolition UK. Également réalisateur d’un documentaire intitulé Nine Days in Palestine, il écrit régulièrement des articles pour Counterpunch.org, Zmag et The Palestine Chronicle.
Retrouvez la dernière vidéo de GAZA STORIES : "Gaza, la résilience des amputés".
Dans la ville de Rafah au sud de la bande de Gaza, des amputés, victimes des tirs israéliens lors des Grandes Marches du Retour, se retrouvent dans une salle de sport ...
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La 3ème session du "Tribunal Russell sur la Palestine" s'est tenue au Cap, en novembre dernier. Vous trouverez dans la vidéo ci-après l'intervention (en français) donnée à cette occasion par Marianne Blume, que l'on connait bien à Metz où elle est venue plus d'une fois, avec toujours beaucoup de succès.
Plus d'infos sur le site officiel du Tribunal Russell sur la Palestine
http://www.closedzone.com
Mars 2009
En novembre 1966, le philisophe Bertrand Russell créait, avec d'autre personnalités, dont Jean-Paul Sartre, un tribunal populaire pour dénoncer les crimes de guerre au Vietnam. Il exerça une influence déterminante pour réveiller l'opinion publique et contribua à la fin du conflit.
Aujourd'hui, 4 mars 2009, dans le même esprit, un groupe de personnalités soutiennent ou parrainent le lancement du "Tribunal Russell sur la Palestine". On y trouve Stéphane Hessel, Ken Loach, Paul Laverty, Leila Shahid, Jean Ziegler, Raji Surani, Pierre Galand, Ken Coates et Nurit Peled.
Tous réaffirment la primauté du droit international comme base de règlement du conflit israélo-palestinien ; ils veulent éveiller les consciences sur les crimes de guerre commis par l'Etat d'Israël et sur la responsabilité de la communauté internationale dans la perpétuation du déni du droit du peuple palestinien.
Plus d'infos sur le site officiel du Tribunal Russell sur la Palestine
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